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Mais si je partage pleinement l'opinion d'Ed. de Cadalvène relativement à l'attribution qu'il fait de son numéro 2 à Érétrie, ainsi qu'aux conséquences qui, tout naturellement, s'en dégagent pour la restitution des diverses monnaies que je citais tout-à-l'heure, je ne suis plus, tant s'en faut, de son avis ni d'accord avec lui en ce qui concerne l'explication particulière de son numéro 1. J'ai vu cette pièce, j'en ai vu une autre exactement semblable que Mionnet a fait graver d'abord dans son recueil de Planches (xliv., No. 3) sous cette vague indication, pays incertain, que depuis il a encore décrite à Élyrus (loc. cit., No. 146); et, bien que Cadalvène se soit cru autorisé à affirmer que "l'identité de fabrique entre son numéro 2 et son numéro 1 est manifeste," je prendrai la liberté de contester cette appréciation. J'ai l'intime conviction que ce numéro 1, pas plus, du reste, que l'exemplaire de Mionnet, n'ont été frappés à Érétrie. Ils en portent bien le type, cela n'est pas douteux; mais la fabrique qui, en pareils cas, est et sera toujours le plus

de moyen module (drachme?) portant, d'un côté, une tête de Diane et, de l'autre, un bauf se grattant la tête avec le pied de derrière, médaille qu'il attribue, non à Gortyne ou à Élyrus mais à Praesus. Je me demande sur quoi-la médaille étant anépigraphe—l'antiquaire viennois a pu se fonder, ou quels sont les sérieux motifs qui ont pu le décider à choisir Praesus de préférence à toute autre ville de la même île. Quoiqu'il en soit, et bien que je n'aie pour juger du style de cette drachme que la très-faible et très-précaire ressource du dessin donné par l'auteur, je n'hésite pas à déclarer-dussé-je être traité de présomptueux ou même d'ignare-que la fabrique ne m'en paraît pas crétoise-quand, d'autre part, je considère que l'image de Diane est celle d'une des divinités qu'on voit le plus souvent figurées sur les monnaies d'Érétrie, que, de plus, cette image s'y trouve jointe à un type aujourd'hui reconnu pour appartenir à cette ville, tout cela me donne fortement lieu de penser que la drachme de M. de Prokesch a, très-probablement, été frappée à Érétrie.

sûr des critères-n'est plus, à beaucoup près, la même. Or, c'est là, selon moi, un point capital, auquel on n'a pas fait assez attention; autrement on aurait vu que ces médailles rappellent, par leur aspect d'ensemble et d'une manière tout-à-fait frappante, ce genre particulier de travail, ce mode primitif de procédés techniques qu'on trouve si fréquemment dans la région Thraco-Macédonienne, mais qu'on n'a point encore, que je sache, jusqu'à présent rencontrés dans l'Ile d'Eubée. Qu'on prenne la peine de comparer, pendant un instant, l'exemplaire de Cadalvène et l'exemplaire de Mionnet avec celui que je publie lequel porte, avec lui et en toutes lettres, la marque certaine de son origine-on ne tardera pas à se convaincre que, sauf l'absence d'inscription sur les deux premières, ces trois pièces sont identiques et qu'elles ne sauraient être sorties que du même atelier: d'où je suis amené à conclure que la médaille numéro 1 de Cadalvène, attribuée par lui à Érétrie, ainsi que la pièce de Mionnet donnée mal à propos à Élyrus, doivent être

restituées à notre Dicaea de Thrace.

Peut-être, à ce sujet, va-t-on me demander comment il a pu arriver qu'une ville de Thrace, telle que Dicaea, située à une distance géographique aussi éloignée de l'Ile d'Eubée, ait eu l'idée de copier servilement un type qui semble, jusqu'à ce jour, n'avoir été employé que par Érétrie ?

Notre réponse est très-simple et se résume en ceci :

La ville de Dicaea ayant été, suivant l'opinion la plus accréditée, peuplée primitivement par des Érétriens 3 chassés de Corcyre par le Corinthien Chersicrate et, très

'Il va sans dire que je n'entends parler ici que des faits dont la base est historique, et que je mets de côté la tradition fabuleuse qui, d'après Etienne de Byzance (loc. cit.), attribue la fondation de Dicaea au mythologique Dicneos fils de Neptune.

probablement, dans le même temps que Mendé, Potidée, Scioné, Aphytis et autres, il était naturel et tout à la fois conforme aux coutumes pratiquées en pareilles circonstances dans la plupart des colonies grecques, que les habitants de Dicaea-surtout au débût de leur établissement-préférassent de choisir, pour servir d'empreinte à leurs monnaies, un type qui rappelait directement celui de la mère-patrie et qui, par le fait seul de ce choix si flatteur pour l'orgueil de la métropole, avait en outre l'avantage de resserrer les liens qui devaient réciproquement les unir.

À la vérité, quelques auteurs modernes, notamment R. Rochette (Col. Gr., tom. iii. p. 401) et, à sa suite, Édouard de Cadalvène (loc. cit.) interprétant, d'une manière un peu trop large, un passage d'Hérodote (i. 168), ont émis la conjecture que, peut-être, la ville de Dicaea avait été fondée par Timésias de Clazomène après qu'il fut chassé d'Abdère par les Thraces; mais rien, à mon avis, dans ce passage, n'autorise à en tirer une pareille induction : à moins, cependant, qu'on ne veuille supposer que Timésias, profitant, pour se relever, de la présence des colons Érétriens dans ces parages, se serait joint à leur entreprise et aurait confondu ses intérêts avec les leurs. Quoiqu'il en soit de cette combinaison très-hypothétique, je l'accorde, mais non pas absolument improbable, l'opinion de ceux qui font honneur de la fondation de Dicaea aux Érétriens, outre qu'elle me semble, de beaucoup, la meilleure et la plus vraie, se trouve, en quelque sorte, notablement confirmée par l'apparition inattendue des trois médailles que je viens de discuter et qui portent, toutes les trois, un type commun avec Erétrie.

Les exemples, d'ailleurs, de ce genre d'imitation typique sont loin d'être rares. Il nous suffira de citer celui que nous fournit, comme tout exprès, la voisine immédiate

de Dicaea, Abdère, laquelle ville d'Abdère a si bien et si exactement copié les emblêmes adoptés par sa métropole, Téos, qu'aujourd'hui encore les antiquaires sont parfois divisés et se trouvent souvent sérieusement embarrassés quand il s'agit de déterminer leurs monnaies respectives.*

Je ne dirai rien du didrachme, à la tête d'Hercule, que je publie ici sous le numéro 2; comme ce didrachme n'est, en somme, qu'une variété anépigraphe de celui que possède le British Museum, et qui a été expliqué en son lieu, il ne réclame, par conséquent, aucune observation nouvelle.

FERDINAND BOмPOIS,

Membre honoraire de la Société Numismatique de Londres, Membre correspondant de l'Institut Archéologique de Rome, &c., &c.

MARZY, Novembre, 1874.

À cette occasion, je ferai observer qu'il existe de très-rares octadrachmes (pour mon compte, je crois que ce sont plutôt des hexadrachmes du système olympique) au type du griffon et avec le carré creux au revers, octadrachmes ou hexadrachmes, selon qu'on voudra les appeler, qu'on persiste encore, dans quelques grandes collections publiques (et quand je dis cela, c'est que je l'ai vu), à attribuer à la ville de Téos, bien qu'en realité tout porte à penser qu'ils ne sauraient appartenir qu'à Abdere. Le genre du travail, la forme très-caractéristique du carré creux, et principalement l'épaisseur et la coupe ou poids monétaire de ces médaillons, poids qu'on ne trouve jamais dans l'Ionie mais presque exclusivement dans la Thrace et dans la Macédoine, tous ces détails matériels prouvent d'une manière, je crois, incontestable, la vérité de ce que j'avance. Cette opinion, du reste, était aussi celle d'un docte antiquaire, feu M. J. Brandis, dont le monde savant a su, depuis longtemps, apprécier les travaux. (Voy. son livre intitulé "Das MünzMass- und Gewichtswesen in Vorderasien," p. 517, ou il a relevé le poids de quatre de ces médaillons. En voici les pesées: 29-50, 29-47, 29-20, 28-96). J'en possède moi-même un exemplaire superbe, provenant de la collection Dupré: il pèse 29-48; qu'on me dise si l'on a, une seule fois, constaté des poids de cette force dans l'Ionie!

XIV.

JEWISH NUMISMATICS.

BEING A SUPPLEMENT TO THE "HISTORY OF JEWISH COINAGE AND MONEY IN THE OLD AND NEW TESTAMENTS," PUBLISHED IN 1864.

INTRODUCTION.

TEN years have nearly elapsed since the publication of my work on the "Jewish Coinage," and it seems now a fitting opportunity to examine the various questions which have arisen in connection with this subject during this period. Many numismatists, both foreign and English, have during the past decade contributed to the literature of Jewish coins, and till within a few years the interest in this portion of ancient coins appeared to have revived. Of those numismatists who made this branch their particular study, two are dead-the Abbé Cavedoni and Professor Levy, thus reducing the already limited number of students of Biblical coins.

I propose in this series of papers to lay before English readers the latest views and opinions that have been advanced; and while even now agreeing with M. le Comte de Vogue that "le dernier mot n'a pas encore été dit sur la numismatique Judaïque," I am still in hopes that the researches of students since the year 1864 will in any case take their place as important and valuable contributions to the history of Jewish numismatics.

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