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bien-fait, [110] & mon retour, par vostre deliurance. Les Onnontaeronnons, qui portoient les prefens, dont nous venons de parler, à Onnontio, c'est à dire à Monfieur le Gouuerneur, pour difpofer fon efprit à la paix, s'eftans embarquez à Montreal, auec ces deux Capitaines victorieux, & vaincu, voyans la medaille tournée, & la face des affaires bien changée, par le rencontre de cette armée Iroquoife, fe mirent du cofté des Hurons, & protefteret, tout haut, que fi on attaquoit leurs conducteurs, car c'estoient les Hurons qui les auoient embarqués, qu'ils exposeroient leur vie pour eux. Aronhieiarha Capitaine Iroquois leur dit, ne craignés point. Ie vous donne parole, que nous ferons receus fauorablement. Ils [111] auoient fait alte pendant ce difcours. Ils pouffent leurs canots vers l'Armée qui les ayant reconnus enuoie dix-huit grands canots au deuant deux. Ils fe virent inueftis de tous coftés en vn moment, ces canots venoient tous auec vn efprit de paix: iufques la, que celuy qui les commandoit, ayant parlé en peu de mots au Capitaine Iroquois captif, fon compatriote, enuoia du monde à terre, pour chercher les Hurons fuyards, & leur donner affurance de la vie, & de la paix. Aaoueaté Capitaine Huron, se voyãt au milieu de fes Ennemis, dont les témoignages de bienueillance, luy paroiffoient des marques de trahison: & leurs caresses, des indices de fa mort, ou pluftoft de mille morts, auant que de mourir: fe leue, & pour f'animer aux fouffrances, [112] chante d'vn ton tout martial, fes anciens proüeffes; Il rapporte le nombre d'Iroquois qu'il a tués, les cruautés qu'il a exercé sur eux, & celles dont il efpere, que fes neueux vengeront quelque iour, les tourmens qu'il va fouffrir.

than to render me contemptible to the extent of not honoring your benefaction [110] and my return, by setting you free."

The Onnontaeronnons who were bearing the presents which we have just mentioned, to Onnontio,that is, to Monsieur the Governor,-in order to incline his heart to peace, after embarking at Montreal with these two Captains, victor and vanquished, and seeing the tables turned and the aspect of affairs reversed by meeting with this Iroquois army, put themselves on the side of the Hurons, and stoutly maintained that, if any one attacked their escort, for it was the Hurons who had taken them into their boats,- they would risk their own lives for them. Aronhieiarha, the Iroquois Captain, said to them: Fear not; I give you my word that we shall be favorably received." They [111] had halted during this conversation, after which they urged their canoes toward the Army, which, after reconnoitering them, sent eighteen large canoes to meet them. They saw themselves surrounded on all sides in a very short time; but these canoes all came with peaceful intent,-so entirely so, that their commander, after holding a brief interview with the captive Iroquois Captain, his countryman, sent some men ashore to look for the runaway Hurons and give them assurance of life and peace. Seeing himself in the midst of his Enemies, whose testimonials of good will seemed to him signs of treachery, and their caresses signs of his death,- or, rather, of a thousand deaths before the final one,- Aaoueaté, the Huron Captain, arose and, in order to give himself courage for suffering, [112] sang, in a martial tone, his former deeds of prowess.

He related the number of Iroquois he had

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Tu n'es ny captif, ny en danger de mort, luy répondent les Iroquois, tu es au milieu de tes freres, & tu fçauras que le François, le Huron & l'Iroquois, quitte la chanfon de guerre, entonne vne chanfon de paix, qui commence auiourd'huy pour ne finir iamais.

Vous eftes des perfides, repart le Capitaine Huron, vostre cœur eft enuenimé, vostre esprit est remply de fourbes, fi vous parlés de paix, ce n'est que pour vser d'vne [113] trahifon plus funefte, & pour nous & pour les François. Ie ne connoy que trop vos rufes. Contentés vous maintenant, de manger la tefte des Hurons: mais fçachés que vous ne tenés pas encor les autres membres. Mes gens ont encor des pieds, & des mains; des iambes & des bras: cela dit, il tend le col pour estre coupé: mais voyant que perfonne ne mettoit la main au coufteau, bruslés moy donc, leur dit-il, n'epargnés point vos fupplices: auffi bien fuis-ie mort. Mon corps eft déja deuenu infenfible, ny vos feux, ny vos cruautés n'eftonnent point mon cœur, i'ayme mieux mourir auiourdhuy, que de vous eftre redeuable d'vne vie, que vous ne me donnés, qu'à deffein de me l'ofter par vne trahison funefte.

Tu parles trop rudement à tes [114] Amis, répondent les Iroquois, noftre cœur s'accorde auec nos paroles.

Ie vous connoy bien, repart Aoueaté, vostre esprit eft garny de fept doublures, quand on en a tiré vne, il en reste encor fix. Dites-moy de grace, fi cette trahifon que vous machinez fi adroitement, eft la derniere de vos malices? Vous vous eftes oubliez des

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killed, the cruelties he had perpetrated upon them, and those with which he hoped his nephews would some day avenge the torments he was himself about to endure.

Thou art neither a captive nor in danger of death," the Iroquois answered him; "thou art in the midst of thy brothers; and thou must know that the Frenchman, the Huron, and the Iroquois are dropping the war-song and are beginning a song of peace, which begins to-day, to last forever."

You are faithless rogues," rejoined the Huron Captain; “ your hearts are full of venom, and your minds of knavishness; if you talk of peace, it is only to employ a [113] treachery more baleful both for us and for the French. I know your wiles only too well. Content yourselves now with eating the head of the Hurons; but know that you do not yet hold the other members. My people still have feet and hands, legs and arms.” Saying this, he offered his throat for them to cut; but seeing that not a man put his hand to his knife, “ Burn me, then," he said to them; “ do not spare your tortures,- all the more, as I am a dead man. My body has already become insensible; and neither your fires nor your cruelties will shock my courage.

I would rather die to-day than be indebted to you for a life which you give me only with the intention of depriving me of it by some dire treachery.”

“ Thou speakest too harshly to thy (114) Friends," returned the Iroquois; "our hearts are in accord with our words."

I know you well,” rejoined Aoueaté; “your minds are furnished with seven linings, and when one of them is taken away, there are still six remain

paroles mutuelles, que s'eftoient données nos Anceftres, lors qu'ils prirent les armes les vns contre les autres. Que fi vne simple femme, se mettoit en deuoir de découurir la Su[e]rie, d'arracher les bastons qui la fouftiennent, que les victorieux poferoient les armes, & prendroient les vaincus à mercy. Vous auez violé cette loy: car non feulement vne femme; mais le grand Capitaine des François, a [115] découuert cette Suerie funeste, où se prennent les conclufions de la guerre; il a par fes presens, arraché les baftons qui la fouftiennent, taschant de gagner les Nations que vous appuyez, & vous méprisans sa bonté, vous auez foulé aux pieds les ordres, & la parole de vos Anceftres. Ils en rougiffent de hõte au pays des Ames, voyans que vous violez, auec vne perfidie infupportable, les loix de la nature, le droit des Gens, & toute la focieté humaine.

Cét homme preffa ce point fi fortement, que le Capitaine Iroquois, fut cõtraint d'auoüer qu'ils auoient tort, & que dorefnauant les chofes pafferoient d'vn autre air.

Le Hu

Ils furent long-temps dans cette conteste. ron ne pouuant croire ce qu'il voyoit; & les Iroquois [116] ne pouuant luy perfuader, que c'estoit vrayemēt tout de bon, qu'ils auoient des pensées de la paix.

Quoy qu'il en foit, les Iroquois, non feulement ne firent aucun mal aux Hurons, mais ils ne parlerent plus que de festins, & de réjoüiffance, tant la face des affaires fe vit changée en vn moment.

Enfin, apres quelques entretiens d'amitié, vn Capitaine Iroquois s'addreffant au Capitaine Huron, & le congediant auec honneur, luy dit, Mon Frere,

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