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qui fait partie de la collection de Ramusio, par les traductions anglaises que Hakluyt a insérées dans son recueil qui a paru en 1582, 1589, 1598-1600, et, indépendamment des diverses reproductions postérieures qu'il est inutile d'énumérer, par l'édition de Raphaël du Petit-Val, qui l'imprima à Rouen, en 1598. La rareté excessive de ce petit volume, dont il n'existe actuellement qu'un exemplaire conservé à la Bibliothèque impériale, le prix élevé des recueils de Ramusio et de Hakluyt, et l'incorrection des textes publiés en dehors de ceux-ci, toutes ces conditions réunies imposaient au nouvel éditeur le devoir de compléter son œuvre et de doter l'histoire de nos découvertes dans l'Amérique du Nord de ce précieux document. Il s'est acquitté de sa tâche de

manière à satisfaire aux exigences des bibliophiles les plus difficiles.

La nouvelle édition n'a pas seulement le mérite de reproduire avec une minutieuse exactitude l'édition de 1598, elle s'est enrichie de plusieurs additions qui en augmentent singulièrement la valeur. Ce sont d'abord deux cartes tirées de l'ouvrage de Ramusio, qui donnent une idée de la manière dont on comprenait la cartographie à cette époque. L'une d'elles représente un village de sauvages et la manière dont on le fortifiait; elle offre, sous ce rapport, un intérêt tout particulier, et l'on en chercherait vainement l'équivalent ailleurs. Le glossaire mis par Ramusio à la suite du Voyage est le même que celui que donne Hakluyt, qui, sans doute, s'est contenté de le traduire; mais il diffère essentiellement

de celui que Raphaël du Petit-Val a mis à la suite de l'Epistre; cette différence a suggéré l'idée de les rapprocher et de vérifier si, selon l'opinion commune, la relation française n'était que la traduction du texte italien de Ramusio; cette supposition s'appuyait d'ailleurs sur l'assertion de l'imprimeur rouennais, qui annonçait positivement le fait de la traduction sans indiquer de quelle langue il l'avait tirée. Une collation attentive des trois versions italienne, anglaise et française a démontré jusqu'à l'évidence que les trois éditeurs avaient puisé à une source différente, et qu'en offrant la plus grande analogie, chacun des textes présentait des dissemblances qui ne pouvaient être attribuées à un traducteur; ce qui renforce singulièrement cette opinion, c'est que le hasard vient à

l'instant même de faire découvrir une quatrième rédaction manuscrite, plus ancienne que les autres, qui avait échappé jusqu'à ce jour aux recherches les plus actives; peut-être un jour fera-t-elle l'objet d'une nouvelle publication avec d'autres pièces qui sont venues se joindre à cette heureuse trouvaille.

Enfin, ce qui donne le plus grand prix à la réimpression actuelle, ce sont les documents nouveaux que l'on a pu recueillir sur Jaques Cartier. Après la savante et substantielle notice que la plume élégante de M. d'Avezac a placée en tête du second Voyage, il eût été difficile de rien ajouter, si une heureuse circonstance n'avait mis à la disposition de l'éditeur une série de pièces du plus haut intérêt; il en doit la communication à l'obligeance de M. Alfred Ramé,

de Rennes, dont le nom suffit pour en garantir l'authenticité. Elles nous font connaître les circonstances au milieu desquelles s'effectuèrent les diverses navigations du pilote malouin, les luttes qu'il eut à soutenir contre ses concitoyens, jaloux de contrecarrer ses projets dans un esprit de basse jalousie ou de mercantile avidité, les difficultés qu'il lui fallut surmonter malgré la protection du roi, les chicanes qu'il eut à subir à son retour et qui poursuivirent ses héritiers longtemps encore après sa mort. Lettres patentes, commissions royales, rôles d'équipages, autorisations diverses de princes et de hauts fonctionnaires, arbitrages, apurements de comptes, procédure au grand conseil: telle est, en peu de mots, la nomenclature de ces pièces; et s'il est affligeant de les voir nous montrer une fois

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