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[183] Pēdāt noftre feiour d'Offofanë le P S. & le P. C. G. firet vn petit voiage qui n'est pas a obmettre. Le 5. de ce mois ils baptiferêt 2, malades à Anonnatea & le lẽdemain 6. aux Bissiriniẽs (qui hiuernoiẽt à 1. quart de lieüe) I petit enfãt tout fraischemẽt nay. Par vne prouidẽce de Dieu biẽ particuliere, ils auoient efté iufques là dés le iour precedent, & auoient visité toutes les cabanes: mais nayant rien trouué qui fust capable de les y arrester plus [184] long-temps, ils en estoient partis à deffein de retourner dés le foir à la maison, à vn quart de lieuë de la ils s'estoient apperceus qu'vn chien qui les auoit fuiuis ne paroifsoit, vn chien n'eft pas peu de chofe en ce pays, & cettuy-cy fait beaucoup en ce rencontre, neantmoins ils ne s'en eftoient pas mis autrement en peine, fçachant bien que ce n'eftoit pas la premiere fois qu'il eftoit retourné tout feul; eftant aupres d'Aneatea [Anonatea] la neige commenca à tomber si espaiffe qu'ils auoient affez de peine à se conduire, de forte qu'il leur fallut contre leur deffein paffer la nuict en cette bourgade. Le lendemain matin par vne prouidence particuliere de Dieu, le chien ne fe trouuant point ils fe refolurent de l'aller chercher iufques aux Biffiriniens, ils ne furent pas pluftoft au village qu'on les auertit qu'vne femme eftoit accouchée la nuict, mais que fon enfant eftoit mort, c'estoit affez dire pour ne s'en remuer pas dauantage, neantmoins Dieu qui auoit deffein de fauuer cette petite ame, les inspira d'aller voir la mere, ils trouueret cette femme bien malade, & l'enfant encor auec vn peu de vie, le P. Garnier le baptifa fans que fes parents s'en apperceuffent, il auoit à ce deffein par preuoyance trempe son mouchoir dans l'eau [185] auant que d'entrer dans la cabane, peut estre si on

[183] During our sojourn at Ossosanë, the Father Superior and Father Charles Garnier made a little trip which is not to be overlooked. On the 5th of this month, they baptized 2 sick persons at Anonnatea; and the next day, the 6th, with the Bissiriniens (who were wintering a quarter of a league from there),1 a little newborn child. By a very special providence of God, they had gone as far as this place the day before, and had visited all the cabins, but, finding nothing sufficient to detain them there [184] longer, they had departed, intending to return in the evening to their home. At a quarter of a league from there, they perceived that a dog which was following them had disappeared. A dog is no small thing in this country, and this one performed an important part in this case. However, they did not trouble themselves any further about it, knowing well that this was not the first time that it had returned all alone. Being near Aneatea [Anonatea], the snow began to fall so thickly that they had considerable difficulty in finding their way, so that, contrary to their intention, they were obliged to pass the night in that village. The next morning, through a special providence of God, the dog not being found, they resolved to go in quest of it as far as the Bissiriniens. They were hardly in the village before they were informed that a woman had been delivered of a child during the night, but that her child was dead. This was enough to cause them to give no more heed to the matter; but God, who intended to save this little soul, inspired them to go and see the mother. They found this woman very sick, and the child still barely alive. Father Garnier baptized it without the knowledge of its parents,— having, for this purpose,

euft confulté là deffus la mere elle n'en eust pas esté d'auis, les Algonquins ne font encor gueres capables du fainct baptefme, peu de temps apres ce petit Ange s'enuola au Ciel.

Le 20. nous apprismes d'Anons [Aënons] vne nouuelle opinion touchant la maladie qu'il couroit vn bruit quelle estoit venuë des Agniehenon qui l'auoient apportée des Andastoerhonon qui eft vne nation vers la Virginie. Ces peuples dit on en auoient esté infectez par Ataentsic, qu'ils tiennent estre la mere de celuy qui à fait la terre, qu'elle auoit passé par toutes les cabanes de deux bourgs, & qu'au fecond on luy auoit demandé, mais en fin pourquoy eft-ce que tu nous fais mourir, & qu'elle auoit fait cette response, d'autant que mon petit fils Iouskeha eft fasché contre les hommes, ils ne font que fe faire la guerre & s'entretuër les vns les autres, il eft maintenant refolu en punition de cette inhumanité, de les faire tous mourir. Vostre R. me permettra s'il luy plaift de retrencher d'orefnauant femblables contes auffi bien on me preffe de tous coftez, & on me menace tous les iours qu'on va mettre incontinant les canots à l'eau i'iray iufques ou ie pourray, & escriray [186] iusques au iour de l'ébarquement, fi ie n'arriue au terme, quelque autre s'il luy plaist, luy mandera le reste l'année prochaine.

Depuis enuiron le 20. de Feuvrier iufques à la femaine de la Passiõ nostre principal employ fut l'estude de la langue. Le P. S. nous auoit deja cõposé quelque difcours qui nous auoient grãdemẽt façõné dans l'instructio des Sauuages; & pedant le Caresme il nous a expliqué quelques Catechifmes que Louys de ste. Foy nous auoit tourné l'an paffé fur les mistere

had the foresight to dip his handkerchief in water [185] before entering the cabin. Perhaps if the mother had been consulted thereupon, she would not have been favorable to it; the Algonquins are as yet hardly fit for holy baptism. Shortly afterwards, this little Angel flew away to Heaven.

On the 20th, we learned from Anons [Aënons] a new opinion concerning the malady,—that a report was current that it had come from the Agniehenon, who had brought it from the Andastoerhonon, a nation in the direction of Virginia. These tribes, it is said, had been infected therewith by Ataentsic, whom they hold to be the mother of him who made the earth; that she had passed through all the cabins of two villages, and that at the second they had asked her, "Now, after all, why is it that thou makest us die?" and that she had made this answer, "Because my grandson, Iouskeha, is angry at men,-they do nothing but make war and kill one another; he has now resolved, as a punishment for this inhumanity, to make them all die." Your Reverence will permit me, if you please, to shorten, from now on, stories of this kind, especially as they crowd me upon all sides, and warn me every day that they are going to launch the canoes immediately. I shall go as far as I can, and shall write [186] up to the day of the embarkation. If I do not reach the end, some one else, if you please, will acquaint you with the rest next

year.

From about the 20th of February up to Passion week, our chief occupation was the study of the language. The Father Superior had already composed some discourses for us, which had accustomed us, in great measure, to the instruction of the Savages;

de la vie, mort & paffion de N. S. qui nous ont encor grandemet aydé nõmement en ce point. Nous auiõs deffein de trauailler cette année au Dictionnaire. mais Dieu nous à mis dans la neceffité de nous contêter de

ce que nous auiõs; on na pas laiffé par fa ste. grace de faire vn grand progrez en la langue, de forteq; maintenãt s'il eft queftio de faire quelques petites courses pour visiter & inftruire quelque Sauuage, le P. S. trouue des persones toutes difposées a partir, & ny en a pas vn de nous autres qui ne se tienne heureux d'al[1]er cooperer au falut de quelque ame Nous auõs bien fuiet de remercier cette infinie bonté qui nous donne vne fi grande affectio pour cette lãgue barbare, apres nos exercices de deuotion nous n'auos point de [187] plus grande confolatio que de vaquer à cette eftude, ce font nos entreties les plus ordinaires, & nous recueillõs tous les mots de la bouche des Sauuages come autat de pierres precieuses pour nous en feruir par apres a faire éclatter à leurs yeux la beauté de nos s. myfteres. Depuis peu le P. S. a trouué de belles ouuertures pour diftinguer les cõiugaisons des verbes, en quoy confifte tout le fecret de la langue, car la plus part des mots se coniuguent, tãt plus on ira en auãt, on ira touiours decouurant nouueau pays.

Le 2. iour de Mars vne vieille fême mourùt en noftre bourgade, le P. S. lauoit baptisée quelques iours auparauant. Le lendemain il baptisa à Annonatea vn ieune enfant de 9. à 10 ans, la maladie y continuoit toùiours & n'en eft pas encore partie.

Le 7. on trouua vn ieune home roide mort étĕdu fur la neige à vne portée de moufquet de noftre cabanne, le P. S. & F. Petitpré allãt du matin à Ouĕrio

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