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et en effet elle est la seule possible et n'avait guère besoin d'être confirmée par la découverte des monnaies No. 2 à 4, dont les inscriptions TP et TPI excluent toute autre façon de lire. Cette certitude acquise, nous pouvons effacer presque toute notre liste, exceptés les noms des Trières et de Corinthe, et la proposition de M. Gardner, qui restent à discuter.

Arrivé à ce point, il est nécessaire d'anticiper le résultat de cet examen, et de poser la proposition, que les monnaies portant l'inscription TPIH ne forment point un seul groupe numismatique, mais qu'elles se divisent en deux classes bien distinctes, dont l'une, charactérisée par les types du pégase et du gorgonium et par les lettres ou A, appartient à Corinthe et à Leucas, et l'autre, comprenant les Nos. 5 à 7 et leurs variantes, à quelque localité de la Thrace ou de la Macédoine.

Pour être informés des lieux où l'on trouve le plus ordinairement les monnaies dont il s'agit, nous n'avons qu'à nous adresser aux écrits de Cadalvène et de Borrell. Le premier, en publiant l'une des monnaies avec le pégase (Rec., p. 176, pl. II., 25), nous dit: "qu'elles se trouvent souvent en Macédoine, à laquelle je pense qu'elles doivent appartenir." Et H. P. Borrell, en attribuant à Tirida en Thrace tant les pièces au pégase que celles à la protomé de cheval et à la tête d'Apollon (Num. Chron., III., p. 114), s'exprime au même sujet de la manière suivante: "These coins no doubt originated with some people, city, or chief of Thrace or Macedonia, the places from whence they are constantly brought; and twenty years' experience has sufficiently enabled me to establish this fact." A ces citations d'auteurs dignes de foi, il me reste toutefois à ajouter, que les pièces marquées du Koppa ou du Lambda proviennent le plus souvent de trouvailles composées de

monnaies de Corinthe et de l'Acarnanie.2 Ce fait, bien qu'il paraisse contredire les assurances de Cadalvène et de Borrell, n'empèche cependant point l'exactitude des dernières. Car on ne saurait s'étonner de ce que dans des pays situés au nord de l'Archipel, pays avec lesquels les Corinthiens avaient entretenu des relations de commerce et où même ils avaient établi des colonies (Potidée), on retrouve de temps à autre quelques pièces d'argent Corinthien, et il est plus que probable que ni Cadalvène ni Borrell n'avaient connu la provenance d'autres exemplaires de ces monnaies que celle des leurs. Aussi est-il tout naturel qu'ils avaient cru en avoir à faire à un groupe unique de monnaies, et n'avaient pu songer à la distinction de deux séries, telle que je viens de la proposer.

A.-La série aux types corinthiens.

Si même la provenance ordinaire des monnaies de cette série (Nos. 1 à 4) n'était pas constatée au point de nous contraindre à les retirer de la Macédoine et de la Thrace, nous ne serions pas moins obligés à les restituer à Corinthe ou à celles de ses colonies dont elles portent la marque; car à ces ateliers seuls reviennent les types combinés du gorgonium et du pégase accompagnés du Koppa, du Lambda, ou de quelqu'autre lettre ou monogramme. Depuis les publications de Mionnet et de ses contemporains on a découvert bon nombre de petites monnaies parfaitement semblables à nos Nos. 1 à 4, ou datant de la même époque que celles-ci, ou étant de fabrique un peu plus récente;

2 Déjà en 1848 le Comte de Prokesch-Osten nous informa d'avoir reçu du Peloponnèse plusieurs exemplaires de ces monnaies, et signalait à cette occasion cinq pièces avec le Koppa, et quatre pièces avec le Lambda (Archæol. Zeitung, 1848, Beilage 6, p. 84).

toutes ont été frappées à Corinthe, à Leucas, et à Anactorion, et ne se distinguent des pièces avec TP, TPI, et TPIH que par ce que ces inscriptions y manquent, ou se trouvent remplacées par d'autres lettres. Voici la description de quelques-unes de ces monnaies, à laquelle j'ajouterai celle d'un petit bronze inédit, faisant partie de la même série :— 8. R. 1. Gr. 0.55 (poids diminué par le nettoyage).

Obv.-Tête de Méduse de face, les cheveux hérissés; au
bas, les lettres E--Q.

Rev. Pégase, les ailes droites, volant à gauche dessous,
Q.-Ma collection.

9. R. 1. Gr. 0.69.

Obv.-Même tête de face, entourée de serpents; dessous, 3. Rev.-Même type; dessous, A.-Ma collection; gravée dans mon "Choix de Monnaies Grecques," pl. i.,

38. Cf. les variétés publiées par Millingen, Ancient Coins, pl. iv., 3; Leake, Num. Hell. Eur. Gr., p. 62; Postolacca, Cat. des Monnaies de Corcyre, de Leucas, etc., Nos. 645 à 647.

10. A. 1. Gr. 0.64.

Obv.-Même tête de face, les cheveux hérissés.

Rev. Pégase, les ailes arrondies, volant à gauche; dessous,
N. Musee de Berlin.

11. E. 2. Gr. 2.20.

Obv.-Même tête de face, tirant la langue.

Rev.-Protomé de Pégase à gauche, les ailes recoquillées; dessous, Q.-Ma collection.

Il est clair que ces monnaies, et celles qui portent l'inscription TPIH, étaient sorties des mêmes ateliers, et cela constaté, il ne s'agit plus que de l'explication de cette inscription.

En comparant, entre elles, toutes les variétés connues des plus petites fractions de la drachme corinthienne,3

3 A côté du statère corinthien de gr. 8.60 et de sa moitié de gr. 4.20 (cette dernière aux types de Bellerophon et de la Chimère), les villes de Corinthe, de Leucas, et d'autres, avaient

savoir les dioboles, les trihémiobolies, les oboles, et les hémiobolies, qui ont été frappées d'après le même système monétaire à Corinthe, à Leucas, et à Anactorion, et dont les types respectifs étaient partout les mêmes, on trouvera que des inscriptions telles que q—A, A—P, E—Q, E—Y, etc., ne figurent que sur des pièces émises à Corinthe, et jamais sur celles de Leucas, et que par-contre les caractères ou ne se rencontrent que sur les dernières, et point sur celles de Corinthe. Ces marques se rapportent donc probablement aux monétaires. Il en est autrement des légendes TPIH ou TP, et AIO ou AIQ,4 qu'on doit être

frappé, d'après un système particulier, des drachmes et des fractions de drachmes du poids suivant :

Gr. 2-91: drachme (Obv.-Tête de femme ou d'Apollon; Rev. -Pégase.)

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1.94: tétrobolon (mêmes types.)

1:45: triobolon (Obv.-Même tête; Rev.-Protomé de

Pégase.)

,, 0.97: diobolon (Obr.-Pégase; Rer.-Pégase; ou Obv.-Tête de Pegase; Rev.-A.)

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0-73: trihémiobolion (Obr.-Gorgonium; Rev.-Pegase.) ,, 0:48: obolos (Obv.-Trident; Rev.-Pégase, ou Obv.-; Rev.-Pégase.)

0.36: tritémorion (?)

0-24: hémiobolion (Obv.-Trident; Rev.-Tête de Pégase.) Il est inutile du faire remarquer, que quelques rares exemplaires peuvent dépasser ces poids de quelques centigrammes; et que la majeure partie des pièces pèsent moins que le poids normal. Cf. Mommsen, Röm. Münzwesen, p. 60 et 62, traduction Blacas, i. p. 80 et 83; Hultsch. Métrologie, p. 259.

4 Voyez la vignette marquée de No. 12, et combinée avec le revers du No. 3 (gr. 0·90 à 0·82.) A mon avis, il ne peut plus avoir de doute, que la dernière lettre d'une prétendue légende AIOM n'avait jamais été vue sur la pièce publiée par Sestini (Mus. Fontana, ii., Pl. V. 5.) Quant à ce qui concerne le charactère ▲, représenté comme type sur le revers des dioboles qui portent au droit le buste de Pégase accosté d'un Koppa ou d'un Lambda, il est très-probable qu'il indique l'initiale du mot Διώβολον. Cadalvène (Recueil, p. 153) a décrit une pièce semblable avec AI au revers, ce qui parait confirmer la con

étonné de retrouver sur des trihémiobolies et des dioboles, frappées, tant à Corinthe qu'à Leucas, et que peut-être retrouvera-t-on encore sur des pièces d'Anactorion. Cette circonstance, et le fait que ces monnaies, à en juger d'après leur fabrique avec et sans le carré creux, les ailes du pégase tantôt arrondies, tantôt droites, et de l'apparition simultanée de l'Omicron et de l'Omega dans Aɩ. . . avaient été frappées pendant une période d'assez longue durée, prouvent à l'évidence que ni TPIH ni AI ne désignaient des magistrats. Par conséquent il n'y a rien de mieux à faire que d'admettre pour cette classe de monnaies l'explication que nous devons à M. Percy Gardner, c'est-à-dire, de complèter les deux légendes par TPIHμιωβόλιον et ΔΙΩβολον, deux denominations qui conviennent en effet fort bien au système et au poids des pièces respectives.5

Par-contre il n'en est nullement ainsi des lettres AI inscrites sur quelques drachmes de Corinthe du système attique, lettres auxquelles M. Gardner (1.c., p. 165, pl. vi. 1) essayait également de revendiquer le sens d'un indice de valeur, tandis qu'elles ne désignent en vérité qu'un magistrat; car les mêmes lettres jointes aux mêmes symboles, comme par exemple AI et la pomme de

jecture. C'est à tort que j'avais rejeté cette idée dans ma note sur les monnaies faussement attribuées à Délion (Num. Zeitschr. Wien, 1871, p. 331 à 333); j'avais été alors sous l'impression des différences de taille et de poids, qui peuvent s'expliquer par diverses circonstances, et je n'avais point songé à ce que ▲, considéré comme indice de valeur, pouvait signifier autre chose que le chiffre quatre.

Un diobolon avec AIO, et un trihémiobolion avec TPI, tous les deux de ma collection, dépassent le poids normal de gr. 0.97 et 0.73, en pesant gr. 1.01 et 0.75, tandis que d'autres exemplaires s'écartent le plus ordinairement du poids normal dans le sens opposé, selon l'état de leur conservation.

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