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femblables que les Iroquois ont veu & entendu souuent feroient capables d'amollir leurs cœurs, & de les difpofer à la Foy, s'ils n'eftoient plus durs que les rochers: Nous efperons neantmoins que la continuation des foins qu'on a de leur falut, aura fon effet en temps & lieu: Et que la grace diftillant fur ces cœurs de pierre, y fera enfin l'impreffion que nous souhaitons, puifque comme dit le Poëte, gutta cauat lapidem.

heard, would be sufficient to soften their hearts and to incline them to the Faith, were they not harder than stones. We hope, nevertheless, that the continual efforts which are made for their salvation will have their effect in due time, and at the proper place; and that grace, falling drop by drop on those hearts of stone, will finally produce the impression that we desire; for, as the Poet says, gutta cavat lapidem.

CHAPITRE IX.

DE LA RESIDENCE DE SAINCT IOSEPH, EN L'ANCE DE

L

SILLERY.

A Foy & la Religion ayant pris leur naissance en la Croix, il eft impoffible de les bien pres

cher, & de les bien eftablir, que par la Croix. C'est ce qui ne nous a pas manqué, depuis plus de trente ans, que nous trauaillons [93] en cette extremité du monde, pour amener des peuples à IESVSCHRIST, & luy dreffer vne nouuelle Eglife. L'eau a quelquesfois englouti par des naufrages quelques-vns de nos braues Neophytes; l'air a causé de temps en temps, par fa corruption des epidimies, qui ont enleué vne partie de ces peuples. Les guerres ont exterminé quantité de bourgades, & confommé des Nations toutes entieres. Les ennemis de la Foy ont tué & massacré, brûlé & mangé les peres & les enfans, ie veux dire, les Predicateurs de l'Euangile, & ceux qui l'auoient receuë.

Si bien que ce n'est pas fans raison, qu'on a quelquesfois appellé ce pays-cy, le pays des Croix. Dieu nous en a enuoié cette année de precieufes; qu'il en foit beny à iamais. Ie n'en toucheray qu'vne en paffant, pour venir à la confolation que nous ont donné quelques bons Neophytes. Le 13. de Iuin de cette année 1657. le feu s'eftant jetté dans vn bucher, fans qu'on ayt pû fçauoir comment, on vit en peu de temps en la refidence de faint Iofeph, nostre

CHAPTER IX.

OF THE RESIDENCE OF SAINT JOSEPH AT THE COVE OF

A

SILLERY.

S Faith and Religion have sprung from the Cross, it is impossible to preach them well and to establish them properly otherwise than by the Cross. It has not failed us for over thirty years in which we have been working [93] at this end of the world, to bring nations to JESUS CHRIST, and to erect a new Church to him. The waters have at times swallowed up some of our worthy Neophytes in shipwrecks; the tainted air has from time to time caused epidemics, which have carried off a portion of these peoples; wars have exterminated a number of villages, and wiped out entire Nations; the enemies of the Faith have killed and massacred, have burned and eaten the fathers and the children, I mean, the Preachers of the Gospel, and those who had received it.

Such were these trials that, not without reason, this country has sometimes been called "the land of Crosses." God has sent us this year some precious ones; may he be forever praised for it. I will allude only to one in passing, in order to speak of the consolation given us by some good Neophytes. On the 13th of June of this year, 1657, fire burst out in a pile of wood, without our being able to find out how it originated; we saw in a short time, at the residence of saint Joseph, our house [94] and that of a good

maison [94] & celle d'vn bon fauuage Chreftien toutes en flammes, & pour comble de noftré infortune, le feu les pouffa fi violemment, & fi promptement vers l'Eglife, dans laquelle vne bonne partie de ces peuples a pris naiffance en IESVS-CHRIST, qu'il fut impoffible de la fauuer. Son Maistre Autel enrichi d'or, & de ce beau rouge de corail, qui frappoit fi doucement les yeux de ces bons Neophytes, & qui leur donnoit des tendreffes pour leur Aïamihimikiouap, c'est à dire pour leur maifon de prieres, fut prefque en vn moment reduit en cendres.

Cette Eglife eftoit dediée à Dieu fous le nom de S. Michel, fuiuant le defir de celuy qui auoit donné vne bonne partie des deniers pour la bastir. C'estoit la premiere de tout le pays erigée pour les nouueaux Chreftiens. On la pouuoit appeller la Matrice de tout le Chriftianifme de ce nouueau monde, pour ce que les Montagnais & les Algonquins s'eftans conuertis en ce lieu, donnerent enuie à toutes les autres Nations, qui depuis ont receu IESVS-CHRIST, d'écouter fa parole, à l'exemple [95] de leurs Compatriotes. C'eftoit l'azyle & le refuge des François voifins qui deplorent cét incendie autant que nos bons Neophytes. Et les vns & les autres nous preffent de releuer ces ruines: mais nous n'auons pas les bras affez forts fans vn fecours plus grand que celuy qu'ils nous pourroient donner pour reftablir de nous mefmes vne perte fi notable.

Le braue Neophyte, de qui la maifon & tout le petit bagage fut deuoré par ces flammes, estant interrogé fi ce defastre ne l'auoit pas beaucoup touché, refpondit fainctement: Si la Foy ne m'auoit appris que celuy qui a tout fait, eft le Maiftre de fes

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