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[77] CHAPITRE VII.

L'AUTRE PARTIE DES HURONS VA DEMEURER À ONONTAGÉ.

L

ES Iroquois Superieurs que nous appellons Onnontagherōnons ont voulu auoir part au debris des Hurons de Quebec, auffi bien que les Iroquois d'en bas. Tous deux pour venir à bout de leur deffein ont pris la mefme route, & fe font feruis de mefmes machines, employans la force, où l'adresse leur manquoit. Il y auoit trois ans que l'Onontageronon follicitoit le Huron à prendre fon parti, & à se retirer dans fon pays pour ne faire qu'vn peuple auec luy. L'année 1655. il defcendit pour ce deffein iusqu'à Quebec, fit au Huron en presence des François & des Sauuages de tres-beaux prefens qui furent acceptez de bon cœur, & promit d'aller faire fa demeure pour toufiours dans le bourg d'Onõtaghé, pourueu qu'il y menaft auffi les Robes-Noires. Les Peres [78] y allerent en effect: Mais le Huron gagné par les prefens & les menaces de l'Agnieronnon se donna à luy, manquãt à la promeffe qu'il auoit faite à l'Onontageronon. Ce traict de fineffe & de politique barbare de l'Agnieronon qui auoit ainsi couru fur le marché de fon voifin, & l'imprudence du Huron à fe donner à deux Maiftres fit naiftre de la ialoufie dans l'efprit de l'Onontageronon, & luy fit prendre refolution d'empefcher qu'on ne luy rauift des mains ce qu'il penfoit defia tenir: & tout enfemble vn defir de

[77] CHAPTER VII.

ANOTHER PORTION OF THE HURONS GO TO DWELL AT ONONTAGÉ.

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HE Upper Iroquois, whom we call Onnontagheronnons, wished to have, as well as the lower Iroquois, a share in the remnant of the Hurons. of Quebec. To carry out their ends, both took the same way, and made use of the same devices, employing force where address failed them. For three years the Onontageronon had urged the Huron to side with him, and to retire to his country, in order to form but one people with him. In the year 1655, he came down to Quebec for that purpose, and gave the Huron, in the presence of the French and the Savages, very fine presents, which were heartily accepted. The Huron promised to go and take up his residence forever in the village of Onontaghé, provided he could also bring the Black Gowns there. The Fathers [78] did, in fact, go there. But the Huron, yielding to the presents and threats of the Agnieronnon, gave himself up to him, thereby breaking the promise which he had given to the Onontageronon. This stroke of cunning and of barbarian policy on the part of the Agnieronon, who had thus outbidden his neighbor, and the impru dence of the Huron in giving himself to two Masters, aroused jealousy in the mind of the Onontageronon, and made him resolve to prevent that which he thought he already possessed from being snatched

se vanger du Huron qu'il croyoit l'auoir trompé. Ce deffein fit partir d'Onnontaghé cent guerriers refolus d'enleuer de Quebec les Hurons ou de gré ou de force. Ils parurent fur nos frontieres au commencement du Printemps. Ils rodoient de tous coftez pour faire quelque mauuais coup. Mais comme chacun fe tenoit fur fes gardes; ne pouuans venir à bout de leur deffein, apres dix iours de peine & de fatigue, quelques-vns de la trouppe preffez par la faim, se jetterent dans le fort de Sillery, & demanderent à parler [79] à Ondefonк, c'est à dire au Pere le Moyne & aux Hurons pour tenir confeil auec eux d'vne affaire d'importance. Le Pere leur fait entendre que les Hurons font à Quebec, que c'est le lieu du Confeil, qu'il y faut aller pour traiter d'affaire; qu'au refte il les menera en affeurance, leur promettant qu'ils y feront veus de bon œil. Ils y vont, auec ce fauf-conduit, & fans differer au lendemain, le Confeil s'affemble, où ces Meffieurs faifant d'abord leurs excufes, de ce qu'ils eftoient venus querir les Hurons leurs freres à main armée, dirent que la nouuelle qu'ils auoient apprise l'Hyuer dernier, que le Huron s'eftoit dédit & auoit changé de penfée, les auoit obligez de fe comporter de la forte. Mais qu'ayant appris depuis de la bouche d'Ondefonk la fauffeté de ce bruit, ils eftoient tous prefts de mettre les armes bas, & de fe comporter en freres auec les Hurons. Ondefonk repliquant à l'Onontageronon au nom d'Onontio luy dit. On doit te louer mon frere, de ce que tu parois icy fans armes, & auec vn esprit de paix; mais [80] tu deuois eftre parti de ton pays dans cet equipage & dans cette difpofition; tu as cru trop legerement les faux rapports qu'on t'a fait du Huron, cette

from him; at the same time, it inspired him with a desire for revenge upon the Huron, by whom he thought that he had been deceived. With this design, one hundred warriors set out from Onnontaghé, resolved to remove the Hurons from Quebec, either with their consent or by force. They made their appearance on our frontiers at the beginning of Spring. They prowled about in every direction to strike some evil blow; but, as all were on their guard, they could not accomplish their design. After enduring toil and fatigue for ten days, some of the band, pressed by hunger, entered the fort at Sillery, and asked to speak [79] to Ondesonk- that is, to Father le Moyne-and to the Hurons, to hold a council with them on a matter of importance. The Father explained to them that the Hurons were at Quebec, that that was the place of Council, and that they must go there if they wished to transact any business; that, moreover, he would take them there in safety, promising them that they would be favorably received. They went there with that safeconduct, without delaying till the following day. The Council met, at which they first excused themselves for having come for the Hurons, their brothers, with arms in their hands; the news which they had heard last Winter, that the Huron had retracted his word and had changed his mind, had compelled them to take these measures. But, having since learned from the mouth of Ondesonk that this rumor was false, they were quite prepared to lay down their arms, and to behave as brothers toward the Hurons. Ondesonk replied to the Onontageronon in the name of Onontio, and said to him: "Thou art to be praised, my brother, for appearing

creance precipitée t'a fait prendre les armes trop toft, il falloit t'informer auparauant des François qui font auec toy, qui t'euffent fait connoiftre par les Lettres qu'ils reçoiuent, la fauffeté de la nouuelle qui court dans ton pays. Que puis-ie penfer quand ie te voy la hache à la main, fans aucune Lettre de nos François, paffer en cachette pardeuant nos habitations, finon que nous ayant mal-traité au pays haut, tu viens auffi pour nous mal-traiter icy bas? As tu mis en oubly ce beau prefent que ie te fis en ton pays il y a trois ans, qui te difoit que le Huron, l'Algonquin, & le François n'eftoient plus qu'vne teste, & que qui frappoit l'vn, bleffoit l'autre. Le Pere finiffant ces reproches, luy donna vn beau collier de Porcelaine pour les luy faire receuoir plus paisiblement, & pour affermir la promeffe qu'il auoit faite de ne penfer plus à la guerre.

En effet l'Onnontagheronnon prenant [81] en bonne part ce qu'on luy auoit dit en ami, & fe fiant fur ce qu'on l'auoït affeuré que le Huron n'auoit point changé de pensée; il ne luy dit que deux mots par deux prefens qu'il luy fit dans l'affemblée du lendemain. Mon frere, luy dit-il, puis que tu as refolu de venir auec moy, il ne faut pas que ie t'inuite dauantage. Ie lie cette corde à ton Canot pour t'ayder à le tirer: Ie fçay bien que Onontio ne te retiendra pas: voilà vn collier pour luy faire ouurir les bras & te laiffer aller. A cela le Huron n'eut que des remercimens à faire; tu me confoles mon frere, de ce que tu as pitié de moy, de nos femmes, & de nos enfans. Ne te fasche pas neantmoins fi ie ne m'embarque point auiourd'huy dans ton Canot: c'eft vn Canot de guerre qui me fait peur; le coufteau que tu

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