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initiales d'un nom de ville que nous ne retrouvons plus dans les débris de la littérature ancienne.

Quant à ce qui concerne le type du cheval, de la présence duquel on a voulu inférer que la série B appartienne à Maronée, il ne justifie aucunement, par lui seul, cette dernière attribution. La protomé de cheval est un de ces types monétaires qu'on rencontre partout: dans le nord de la Grèce il se trouve non seulement sur les monnaies de Maronée, mais encore sur celles de la Béotie, de la Thessalie, d'Olynthos, de Sparadocus, d'Audoléon, des rois macédoniens; on le connait aussi de la numismatique de Panticapée, d'Atarnée, de Cymé, de Colophon, de Termessus, de la Phénicie, de Carthage, etc. Il est clair qu'à côté de tous ces ateliers il en avait pu exister encore d'autres, tels que Trie . . ., que nous ne connaissons plus, et qui s'étaient servis du même type pour leur monnayage. En outre on peut citer bien des monnaies qui ne diffèrent les unes des autres que par la légende, comme par exemple, celles des Orresciens, de Lété et d'Æané, avec le centaure, enlevant une femme; de la Chalcidicé et de la Botticé, de Mégare, de Mytilène, de Colophon, de Halicarnasse, avec la tête d'Apollon et la lyre; de Parium et d'Antandros, avec une tête de femme et une chèvre; de Scotussa, de Pheræ, et de Méthydrion, avec la protomé de cheval et un grain de blé. Pourquoi donc n'admetterait-on pas aussi des monnaies de Maronée et de Trie... frappées aux mêmes types? Et comment, si encore il existait un brin de probabilité que les dernières eussent pu avoir été frappées à Maronée, comment expliquerait-on la légende TPIH, légende qui est invariablement la même sur toutes les variétés connues des Nos. 5 à 7, et qui jamais ne se rencontre accompagnée de quelqu'autre marque d'atelier? Il n'est pas permis de considérer ce Tpin... comme un

nom de magistrat ou de chef de tribu, et il n'est pas possible d'y voir un indice de valeur; par conséquent on est forcé à revenir toujours à l'explication qui est résulté de toutes les considérations antérieuses, c'est-à-dire, à rapporter la légende TPIH au nom d'une ville inconnue.

Pour se rendre compte de l'impossibilité d'une interprétation de TPIH par Тpinμoßóλiov—jusqu'à présent je n'en ai démontré que le manque absolu de nécessité— il importe d'envisager la question du poids et du système monétaire des pièces de la série B. M. Gardner s'est permis d'en traiter d'une façon trop exclusive, en passant sous silence le poids du No. 5,12 et en faisant supposer, sans autre raison que par hypothèse, que le poids minime des pièces à la tête d'Apollon devait s'expliquer par une dégradation de l'étalon à une époque récente. C'est cependant M. Gardner lui-même qui, manifestement à son insu, contredit clairement ce qu'il tenait à prouver par la dernière supposition; car il constate la ressemblance "frappante" de ces monnaies avec celles de la Chalcidicé. Or, tout le monde sait que l'émission des dernières n'avait durée que jusque vers le milieu du quatrième siècle avant J.-C., époque jusqu'à laquelle de fortes diminutions de poids (jusqu'à la moitié du poids normal dans notre cas) n'étaient point à l'ordre du jour. La ressemblance de fabrique et de style, qui frappe en effet, en comparant les Nos. 6 et 7 avec les petites monnaies d'argent de la Chalcidicé, d'Amphipolis, de Thasos, et d'autres ateliers monétaires de la même contrée, est donc précisément ce qui constitue la base

12 C'est probablement dans le but d'assimiler cette monnaie à celles de la série A, que M. Gardner a décrit comme une protomé de pégase, ce qui indubitablement n'est que la partie antérieure d'un simple cheval.

la plus sûre pour la définition de la valeur des premières. Ainsi nous connaissons des monnaies d'argent de la Chalcidicé du poids de gr. 0·32 (tête d'Apollon, Rev., XAAKI, trépied, 2 exemplaires), d'Eion? de gr. 0.36 et 0.35 (H et deux cygnes, Rev., carré creux, 2 ex.), d'Amphipolis, de gr. 0-47 à 0-42 (tête d'Apollon, Rev., AMø1, dauphin, 9 ex., et 1 ex. isolé de gr. 0:55, ayant sans doute du surpoids), de Thasos de gr. 0·47 à 0·35 (tête de Silène, Rev., ☺AZI, deux dauphins, 10 ex., et tête de femme ou d'Apollon, Rev., AXI et un dauphin, 2 ex.), de Mésembria, de gr. 0.32 (casque, Rev., META, 1 ex.), etc.

Les poids des monnaies de Trailon varient de gr. 0·42 à 0·38, ceux de Trie . . . de gr. 0·46 à 0.36.13 Toutes ces monnaies, frappées à peu près à la même époque, représentent des fractions du statère ou tétradrachme du systéme gréco-asiatique, dont les pièces d'émission thrace et macédonienne pèsent le plus généralement gr. 14:50 (Chalcidicé, Amphipolis, Acanthus, Maroneia, Philippe II.), et n'excèdent ce chiffre que par exception jusqu'à gr. 15, et au-delà (Abdère, Thasos). En prenant ainsi pour base le poids de gr. 14:50, on obtient une drachme de gr. 3.63 et un trihémiobolion de gr. 0.91. De l'autre côté nous avons trouvé que les petites fractions de drachme, pour lesquelles nous avons à chercher la dénomination de valeur, pèsent de gr. 0.47 à 0·32, et celles de Trailon et de Trie... en particulier, de gr. 0·46 à 0·36. En tenant compte de l'état de conservation plus ou moins satisfaisant, et de la taille plus ou moins exacte de ces pièces, on arrive facile

13 Cf. les poids des Nos. 5 à 7. Les Nos. 19, 20, et 21 du Cabinet de Munich (Streber, 1.c.), pèsent gr. 0:42-0-45, et 0.36; d'autres exemplaires (Borrell) gr. 0·46 à 0-39; une pièce de belle conservation, du Cab. de Berlin, gr. 0.47.

0.45.

ment à en fixer le poids normal par le chiffre de gr. Ce poids représentant la valeur exacte d'un tritémorion du système gréco-asiatique, soit donc la moitié d'un trihémiobolion, il est évident que le TPIH des pièces de la série B ne peut pas être pris pour un indice de valeur. Nous obtiendrions le même résultat en appliquant nos calculs à tout autre système monétaire grec; et comme il est inutile de prouver en détail cette assertion, il nous suffira de dire, que par exemple d'après le système corinthien, dont la drachme est une des plus faibles, nos pièces représenteraient tout au plus des oboles, et non pas des trihémiobolies. Tout bien examiné, les monnaies de la série B ne peuvent done appartenir ni à Corinthe, ni à Maronée; elles forment un groupe à part et ont été frappées par une ville de la Thrace ou de la Chalcidicé, dont aucune tradition et aucun monument ne nous ont transmis le nom complet, et dont la numismatique seule nous a conservé un faible souvenir. Tout ce qui tend à dépasser ce résultat, sera à taxer de simple conjecture, tant que de nouvelles découvertes ne nous auront pas procuré des renseignements plus positifs. Et dans ce sens, faute de mieux, je propose finalement le classement des monnaies Nos. 5 à 7 à une localité du nom de Trieros (?).

Il est hautement à regretter, qu'à l'égard des lieux de provenance de ces monnaies nous ne possédions pas des informations de la précision de celles, que nous devons à Cousinéry par rapport aux monnaies de Trailon, et qu'ainsi nous nous trouvions hors d'état de signaler la position approximative de l'atelier auquel on doit l'émission des premières. Dans ces circonstances ma proposition du nom de "Trieros " ne peut avoir, à vrai dire, qu'un but de convenance, celui de donner une désinence

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Τριη

au mot Tpiŋ..., sans préjuger la question d'aucune façon Elle peut se fonder aussi, si l'on veut, sur la supposition, que les noms des Tpiñpes et des Tpñpes étaient identiques, 14 d'où il s'ensuivrait que le pays nommé Tpйpos (Et. de Byz.) s'écrivait aussi Tpiñpos. D'après un passage de Strabon, I. 59-assez peu clair, il est vrai-il résulterait qu'une tribu des Trières se fût établie autour du lac Bistonis, entre Maronée et Abdère, et que plusieurs de leur villes eussent été englouties par les eaux de ce lac: l'une des villes submergées, ou le territoire occupé par les Trières avant la catastrophe rapportée par Strabon, aurait pu porter le nom de Τριήρος. Mais avec tout cela nous n'arriverons jamais à la solution définitive de la question, et au lieu de poursuivre quelques indices incertains et de m'épuiser en de vains raisonnements sur les conjectures en résultant, il me parait plus opportun d'arrêter ici les recherches sur l'origine des monnaies portant l'inscription TPIH, et de répéter, qu'elles forment deux séries bien distinctes, dont l'une revient aux ateliers de Corinthe et de Leucas, et l'autre à une ville inconnue, située quelque part entre la Chalcidicé et Maronée, et appelée peut-être autrefois Trieros.

WINTERTHUR, Janvier, 1873.

F. IMHOOF-BLUMER.

14 Cette opinion n'est point nouvelle et est exprimée dans une note de Meinecke dans son édition d'Etienne de Byzance: "Tpiñpes non diversi a Treribus." Cf. Millingen, Sylloge, p. 41.

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