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INTRODUCTION

La réimpression du Voyage de Jaques Cartier au Canada, en 1535 et 1536, que M. Tross a donnée en 1863, devait nécessairement être suivie de la première relation de cet habile navigateur. On la connaissait depuis 1556, par la version italienne

qui fait partie de la collection de Ramusio, par les traductions anglaises que Hakluyt a insérées dans son recueil qui a paru en 1582, 1589, 1598-1600, et, indépendamment des diverses reproductions postérieures qu'il est inutile d'énumérer, par l'édition de Raphaël du Petit-Val, qui l'imprima à Rouen, en 1598. La rareté excessive de ce petit volume, dont il n'existe actuellement qu'un exemplaire conservé à la Bibliothèque impériale, le prix élevé des recueils de Ramusio et de Hakluyt, et l'incorrection des textes publiés en dehors de ceux-ci, toutes ces conditions réunies imposaient au nouvel éditeur le devoir de compléter son œuvre et de doter l'histoire de nos découvertes dans l'Amérique du Nord de ce précieux document. Il s'est acquitté de sa tâche de

manière à satisfaire aux exigences des bibliophiles les plus difficiles.

La nouvelle édition n'a pas seulement le mérite de reproduire avec une minutieuse exactitude l'édition de 1598, elle s'est enrichie de plusieurs additions qui en augmentent singulièrement la valeur. Ce sont d'abord deux cartes tirées de l'ouvrage de Ramusio, qui donnent une idée de la manière dont on comprenait la cartographie à cette époque. L'une d'elles représente un village de sauvages et la manière dont on le fortifiait; elle offre, sous ce rapport, un intérêt tout particulier, et l'on en chercherait vainement l'équivalent ailleurs. Le glossaire mis par Ramusio à la suite du Voyage est le même que celui que donne Hakluyt, qui, sans doute, s'est contenté de le traduire; mais il diffère essentiellement

de celui que Raphaël du Petit-Val a mis à la suite de l'Epistre; cette différence a suggéré l'idée de les rapprocher et de vérifier si, selon l'opinion commune, la relation française n'était que la traduction du texte italien de Ramusio; cette supposition s'appuyait d'ailleurs sur l'assertion de l'imprimeur rouennais, qui annonçait positivement le fait de la traduction sans indiquer de quelle langue il l'avait tirée. Une collation attentive des trois versions italienne, anglaise et française a démontré jusqu'à l'évidence que les trois éditeurs avaient puisé à une source différente, et qu'en offrant la plus grande analogie, chacun des textes présentait des dissemblances qui ne pouvaient être attribuées à un traducteur; ce qui renforce singulièrement cette opinion, c'est que le hasard vient à

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