Imágenes de páginas
PDF
EPUB

occupations de tout l'hyuer, & les mauuais bruits qui auoient couru par le pays, l'auoiet faict differer, ce voyage iufques en vn temps auquel la maladie estat diminuée de beaucoup, ils auroiet moins de fuiet d'auoir ombrage de nous & de craindre [198] que ne leur portaffions le mal: puis il les cõfola, & comme felon la couftume du païs, vne perfonne qui eft dans l'affliction ne s'eftime gueres confolée, fi vous ne luy donnez que des paroles, le Pere leur fit vn present de 400. grains de pourcellene, & de 2. petites haches. Vn des oncles de Louys de fainte Foy, nous auoit voulu faire croire que Louys n'eftoit pas mort, il y auoit plus de deux mois qu'il nous auoit dit en fecret, qu'il auoit apris de bonne part qu'il eftoit encor plein de vie, neantmoins la mere leur dit en ceste occafion, qu'elle n'en croioit rien: elle a depuis changé d'auis comme ie diray en fon lieu.

Le 31. au retour de Teanaoftaiaé, les Peres coucherent à Ekhiondaltsaan, qui eft vn bourg affez beau & affez peuplé; nostre hoste fit vne question au P. Superieur, que iamais aucun de nos Sauuages ne nous auoit faite, il luy demanda pour quel vsage il y auoit a l'entrée de noftre Chapelle de kebec, vn vase plein d'eau. Le P. leur dit qu'entre-autres vsages cét eau feruoit à chaffer les diables, ils demanderent fi cette eau leur pourroit feruir à mefme fin. Le P. Superieur leur respondit qu'ouy, moyennant qu'ils creuffent [199] en Dieu, & prift de là occafion de les inftruire fur la croiance d'vn Dieu, & fur la fin de l'homme. Ils firent retirer toute la ieuneffe, qui s'eftoit amaffée à la foule pour voir les Peres, & affemblerent les chefs du bourg pour conferer enfemble fur ce fuiet. Tous conclurent qu'il falloit

their expressions of sympathy for the loss they had sustained. The Father assured them, at the outset, that since the month of October he had intended to go and console them at the earliest opportunity; but that the sickness of our household, the occupations of the whole winter, and the evil reports that were current through the country, had caused him to defer this voyage until a time when, the sickness having greatly abated, they would have less reason to take umbrage at us, and to fear [198] that we might bring them the disease. Then he consoled them, and as, according to the custom of the country, a person who is in affliction hardly considers himself comforted if you give him nothing but words, the Father made them a present of 400 porcelain beads and 2 little hatchets.

One of the uncles of Louys de sainte Foy had tried to make us believe that Louys was not dead; more than two months before he had told us, secretly, that he had learned on good authority that he was still alive and well. Nevertheless, his mother told them on this occasion that she did not believe this at all; she has changed her mind since then, as I shall relate in the proper place.

On the 31st, on their way back from Teanaostaiae, the Fathers slept at Ekhiondaltsaan, a tolerably fine and populous village. Our host asked the Father Superior a question that none of our Savages had ever proposed to us; he asked him what was the use of a vase full of water at the entrance to our Chapel at kebec. The Father told him that, among other uses, this water served to drive away the devils; they asked if this water would serve the same purpose for them. The Father Superior said "yes," provided they would believe [199] in God; and he

auoir de l'eau benifte, neantmoins trouuans quelque difficulté à ce que le Pere leur difoit, que Dieu nous deffendoit de nous feruir de Arendioouané, ou forciers, en nos maladies, ils propofoient de s'affembler encor le lendemain matin auant noftre depart. Mais le Pere leur aiant fait entendre que Dieu ne defendoit pas l'vfage des remedes naturels que prefcriroient les Arendioouané, ils fe tindrent pleinement fatisfaits, & conclurent qu'il n'eftoit point befoin de s'affembler le lendemain, mais feulement de venir au pluftoft querir de l'eau benifte. Nous les attendons encore; il y a bien de l'apparence qu'ils ne s'en mettent plus gueres en peine, maintenant qu'ils ne font plus dans l'apprehenfion de la maladie, leur bourg en ayant esté preferué iufques à present.

Le 1. iour d'Auril eftant arriuez à Andiataé ils vifiterent quelques malades, entre autres [200] vn ieune enfant de 13. ans Voftre Reuerence aura de la confolation d'entendre quelques particularitez de fon baptesme, que nous auons tout fujet d'attribuer aux merites de S. Iofeph. Les Peres le trouueret en tel eftat que fes parents n'attendoient plus que l'heure qu'il expiraft, tout ce qu'ils peuret faire pour lors, fut de luy faire aualler vn peu d'eau fucrée, & de demander à Dieu fon ame, ils firent vn vœu à Dieu de quelques Meffes en l'honneur de S. Iofeph. Il y auoit encor quelques autres malades dans le bourg; le P. Superieur les alla voir, & laiffa le Pere Garnier aupres de cét enfant, afin que s'il reuenoit à soy il peuft en eftre auerty incontinent, cependant le Pere Garnier ne laiffa pas de dire quelque bon mot aux parents, & leur parler du Paradis & de l'Enfer. Ils fembloient du commencement auoir quelque inclina

took occasion therefrom to instruct them upon the belief in one God, and upon the end of man. They ordered the withdrawal of all the youth, who had collected in a crowd to see the Fathers, and assembled the chief men of the village to confer together upon this subject. All decided that they must have some holy water; but, finding some obstacles in what the Father said, that God forbids us to resort to Arendioouané, or sorcerers, in our sicknesses, they proposed to assemble again the next morning, before our departure. But the Father, having made them understand that God did not forbid the use of natural remedies which the Arendioouané might prescribe, they were entirely satisfied, and concluded it was not necessary to assemble the next day, but only to come and get some holy water as soon as possible. We are waiting for them yet; it is quite probable that they do not concern themselves much further about it, now that they are no longer in apprehension of the disease, their village having been preserved up to the present.

On the 1st day of April, having arrived at Andiataé, they visited some sick people, among others [200] a child of 13 years. Your Reverence will have the consolation of hearing some particulars of his baptism, which we have every reason to attribute to the merits of St. Joseph. The Fathers found him in such a condition that his relatives were only waiting for the hour of his death; all they could do then was to make him swallow a little sweetened water, and to ask his soul of God; they made a vow to God of some Masses in honor of St. Joseph. There were still some other sick people in the village; the Father Superior went to see them and left Father

tion, que cét enfant allast apres la mort où eftoiet fes parents deffunts, neantmoins, le P. Superieur estant retourné fur le foir, & leur ayant demandé leur auis, ils dirent qu'ils defiroient que leur fils allast où il faifoit le meilleur, & leur aiant refpondu que c'estoit au ciel où il faifoit le meilleur, ils dirent qu'ils defiroient donc qu'il y allaft. Or de peur de perdre l'occafion [201] de mettre au Ciel l'ame de ce pauure malade le P. Superieur laiffa coucher aupres de luy le P. Garnier. Il s'entretint vne partie de la nuict auec les parents, & fur tout auec vn fameux forcier, fur la verité d'vn Dieu, & quelques autres bõs difcours, le malade paffa la nuict affez doucemẽt, & la nature mefme fit quelques efforts, de forte que le iugement luy reuint, au grand contentement du pere & de la mere, qui à cette occafion difoient meruelle d'vn peu de fucre qu'on luy auoit doné; le P. Garnier ne perdit point de temps, mais fi toft qu'il le vist tant foit peu à foy, il se mist à l'inftruire, pour le baptifer, il n'acheua pas neantmoins, voyant qu'il y auoit bien de l'apparence, qu'allant auertir le Pere Superieur ils le trouueroit encor en bo iugement. Le Pere vient, l'inftruit, & en vn mot le fait baptifer par le P. Garnier. Il fut nommé Iofeph en recognoiffance de la faueur qu'ils auoient receu de ce S. Patriarche; qui nous tefmoigne toufiours que c'est à bonne raifon que nous l'auons pris pour noftre patron & noftre Pere.

Le 2. iour d'Auril ils trouuerent auffi à Offoffané, vne ieune femme à l'extremité, elle auoit encor affez de iugement; mais il ne leur fut pas poffible de luy perfuader le baptefme, [202] nonobftant toutes les confideratios qu'on luy peuft reprefenter du Paradis

« AnteriorContinuar »