& ferme, felon que le païs le peut permettre, Madame la Ducheffe d'Aiguillon qui a jetté les fondemens de ce grand ouurage, peut dés cette année goufter les fruicts de fes liberalités. Car les hommes qui trauaillent icy pour fon deffein, rendent cét hyuer quelque affiftance à de pauures Sauuages delaiffés, Dieu les toucha tellement, qu'en verité ie fouhaitterois vne semblable mort à celle qu'il a donnée à deux de ces Barbares, deuenus enfans de Dieu dans le fang de Iefus-Chrift. En troifiefme lieu, nous nous efforçons de commencer des Seminaires de Hurons, d'Algonquins, & de Montagnets. Nous en auons maintenant de ces trois fortes à Kebec, i'en diray deux mots cy apres. En quatriefme lieu, nous tachons d'arrester les Sauuages errans. Ie confeffe qu'il faut des chaines d'or pour ce deffein, mais leurs ames font plus precieufes que l'or & que les perles, c'est bien gagner au chãge que de les prendre à cet appas. Vne perfonne de grande vertu a commencé de leur tendre ce piege. Ayant gagé quelques hommes pour ayder ces pauures Barbares à fe baftir, & à cultiuer la terre. Il a pris du premier coup à cette diuine attrappe deux familles, compofées d'enuiron vingt perfonnes; ie me trompe, il en a pris dauantage: car bien qu'on n'ait encor logé que ces deux familles, il y en a beaucoup d'autres gagnées par ce miracle de charité. C'eft vne benediction de voir ces pauures Sauuages deuenus enfãs de Dieu, les vns en effet par le fainct Baptême, [4] les autres par defir & par bonne volonté, nous en parlerons plus amplement en fon lieu. Voyla les quatre batteries qui détruiront l'empire de Sathan, & qui arboreront le drapeau de Iefus Madame the Duchesse d'Aiguillon," who laid the foundations of this great work, can after this year enjoy the fruits of her liberality. For the men who are working here to carry out her plan, having given assistance this winter to some poor forlorn Savages, God so touched them that in truth I would desire a death similar to that which he has granted to two of these Barbarians, who became children of God in the blood of Jesus Christ. A In the third place, we are endeavoring to begin Huron, Algonquin, and Montagnais Seminaries. We have them now at Kebec, of these three kinds; I will say a few words about them, hereafter. [In the fourth place, we are trying to fix the wandering Savages. I confess that golden chains are needed for this purpose; but their souls are more precious than gold and pearls, and it is an advantageous exchange to win them by this allurement. person of great virtue has begun to lay this snare for them, having hired some men to aid these poor Barbarians to build for themselves, and to cultivate the land.12 At the first setting of this divine trap, he caught two families, composed of about twenty persons. I am mistaken,- he caught more; for although only these two families have yet been lodged, there are many others that have been gained by this miracle of charity. It is a blessing to see these poor Savages become children of God,-some, indeed, by means of holy Baptism, [4] the others through desire and good will; we will speak of these more fully, in the proper place.] Behold the four batteries which shall destroy the empire of Satan, and shall unfurl the banner of Jesus Christ in these regions. It is the hands and the Chrift en ces quartiers. Ce font les mains & les cœurs de quelques perfonnes cheries de Dieu qui font ioüer ces machines par leurs bien-faits & par leurs prieres. Les Chapitres fuiuans leur vont donner sujet de croire que leurs oraisons font agreables à Dieu, puis qu'il se plaist à les exaucer & par confequent ie les coniure de nous côtinuer ce grand fecours. le confeffe ingenuëment ma pusillanimité, ie ne m'attendois pas le refte de mes iours de voir de si puiffans effets de la grace en des ames fi barbares. Iufques icy quelque Sauuages approuuoient le Baptefme en leurs enfans, & en leurs malades: maintenant ceux qui font en fanté, & qui demeurent vne partie de l'année proche de nos habitations, l'honorent & le pourchaffent auec affection pour eux-mesCe changement a efté fi foudain & fi fenfible, que ceux qui n'esperoient quafi rien de ces peuples errans, on efté contrains de confeffer que le Dieu du Ciel eftoit auffi bien le Dieu des Barbares, que le Dieu des François. Ie ne parle point des Sauuages de Tadouffac; ce font les moins difpofez de tous, mais de ceux qui fe retirent ordinairemêt à Kebec, ou aux trois Riuieres. Nous en auons baptifé plus de cet-cinquãte cette année, fans compter ceux qui ont efté faits Chreftiens aux Hurons. Ie ne rapporteray pas tout ce qui s'eft paffé de remarquable en ces Baptefmes; i'en diray peu, & ce peu r'assemblé, approchera peut-eftre plus pres de la lõgueur que ie ne defirerois. Entrons en difcours. mes. hearts of a few persons, cherished by God, that put these engines in motion by their benefactions and their prayers. The following Chapters will give them reason to believe that their prayers are acceptable to God, since he is pleased to hearken to them; and hence I conjure them to continue to us this great help. I frankly confess my faint-heartedness; I did not expect during the remainder of my days to see so powerful effects of grace in these so barbarous souls. Until now, some of the Savages approved Baptism in their children and in their sick people; now those who are in health, and who remain a part of the year near our settlements, honor it, and eagerly and gladly seek it for themselves. This change has been so sudden and so evident, that those who expected almost nothing from these wandering tribes have been obliged to confess that the God of Heaven was as truly the God of the Barbarians as the God of the French. I am not speaking of the Savages of Tadoussac,—they show the least inclination of all,— but of those who usually withdraw to Kebec or to the three Rivers. We have baptized more than a hundred and fifty of these, this year, without counting those who have become Christians among the Hurons. I will not report all the remarkable incidents of these Baptisms,-I will say little of them; and this little, all together, will approach nearer to tediousness, perhaps, than I would desire. Let us begin the relation. [5] CHAPITRE II. DU BAPTESME D'VN SAUUAGE, & DE QUELQUES-VNS DE SA FAMILLE. , ESCRIUY l'an paffé les entretiens que nous auions eu auec vne escoüade de Montagnets & d'Algonquins qui s'eftoient campés proche de nous pendant l'hyuer, pource que la graine de l'Euangile ne germa pas fi toft que quelques vns attendoient, cela leur fit dire que c'estoit peine perduë de prefcher des Sauuages, veu mefme que celuy qui tranchoit du Capitaine parmy eux, nommé Makheabichtichiou, n'auoit pas correfpondu à l'efperance qu'on auoit eu de luy: C'est chose estrange, qu'on voudroit en vn moment introduire le Chriftianisme dans l'infidelité, la politeffe dans la Barbarie, & il a fallu des fiecles pour établir noftre creance dans l'Europe parmy des nations fedentaires & policées! Or ie puis dire que cette graine facrée qu'on ietta cét hyuer dans leurs cœurs, a rapporté au centuple. Premieremet ce Capitaine Makheabichtichiou n'est point dans le defefpoir de fon falut, ie croy qu'il a la foy, quoy qu'il en foit, de la charité, il y a bien de la difference entre croire, & obeïr à Dieu. Nous eftant venu voir ce Printemps, il n'ofoit entrer dans noftre maison, ie le tancay vertement, il m'escouta patiemment, puis il me repliqua: Si tu fçauois le regret qui me rõge le cœur, tu me porterois compaffion au lieu de me tancer, ie penfois que tu m'interroge |