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Divers monuments fournissent la preuve que ces couleurs se trouvent constamment dans les armoiries de Lüneburg jusqu'à une date reculée du moyen âge. On les voit par exemple dans les Sachsenspiegel, manuscrit orné de miniatures, du commencement du XVe siècle et conservé à la bibliothèque de Lüneburg; et aussi dans la Chronique sus-mentionnée, écrite au siècle précédent par Ernst von Kirchberg. Dans le premier, le champ est parsemé de

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DANORSULAVOR. FRAGT

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fig. 16. Contre-scel de Christopher II.

cœurs, de gueules qui dans l'autre sont représentés comme des boules. Il n'y a donc aucune raison de douter que ces emblèmes ne fnssent ainsi peints dans l'écu, que Otto l'Enfant modela sur celui de son oncle; si l'on joint ce témoignage à celui que donnent les émaux de l'écu contemporain des ducs de Sudjutland, on pourra avec certitude. conclure de leur concordance que, dès le règne de Valdemar le Victorieux, et même de son frère Knud VI (1182-1202),

les armoiries royales portaient des léopards d'azur en champ d'or parsemé de cœurs de gueules. On a voulu soutenir que les fleurs (flores) de nénuphar ou cœurs de gueules faisaient allusion aux îles vertes du Danemark et l'azur des léopards aux courants maritimes qui protégent naturellement le Danemark'). Mais il est certain que cette hypothèse est inadmissible au point de vue héraldique, pour le temps en question; ce sont de tout autres motifs qui ont dicté le choix des emblèmes et des émaux. Une circonstance plus importante à cet égard c'est que, dès ce temps reculé, les armoiries royales d'Angleterre ont trois léopards d'or en champ de gueules, et qu'il y a trois léopards de sable (ou de gueules) en champ d'or dans le blason de la dynastie impériale d'alors. Pour le nombre des lions ou des léopards le roi de Danemark ne pouvait rester en arrière de ses voisins; il était naturel qu'il prît un champ d'or pour son écu, mais, en considération des princes du voisinage, il adopta l'azur pour l'émail de ses lions. La feuille de nénuphar, tantôt avec pédoncule tantôt en forme de cœur, fut de bonne heure employée à la décoration des fonds, notamment dans les tissus.

Le second quartier du pavillon de l'église de la Vierge porte les trois couronnes d'or de la Suède en champ d'azur, qui figurent encore dans les armoiries royales du Danemark; elles y furent maintenues à la suite de la sanglante guerre de sept ans au XVIe siècle (1563-1570).

On sait avec certitude qu'elles figuraient dans le blason royal de la Suède sous le règne du prédécesseur de la reine Marguerite, Albert de Meklenburg, qui les portait à la fois sur son écu, comme on le voit par son sceau, et sur sa bannière, dont une image enluminée se trouve dans la Chronique rimée de Ernst von Kirchberg. Sur la feuille de titre de ce manuscrit sont représentés le roi Albert et

1) Aarboger for nordisk Oldkyndighed og Hist. 1879. p. 54-55.

son père, le duc Albert de Meklenburg, assis sur un trône l'un à côté de l'autre. Le duc tient de la main gauche une triple bannière avec les armoiries des villes de Meklenburg, Rostock et Schwerin; de la droite il saisit, au dessous de la main de son fils couronné, la hampe de l'étendard d'azur à trois couronnes d'or que soutient le roi de Suède (voy. pl. III).

Les

En 1439, les trois couronnes de Suède sont mentionnées par des Suédois comme correspondant au Danebrog, c'est à dire comme bannière nationale. On a prétendu qu'elles remontaient fort haut et que le roi Albert les avait empruntées à l'ancienne bannière pour les mettre sur son écu; mais les preuves de leur antiquité ne sont pas bien solides. Le sceau du roi Magnus Ladulås († 1290) (fig. 17) est bien placé entre trois couronnes, mais il est vraisemblable que celles-ci sont uniquement des motifs d'ornementation. dimensions sont passablement grandes et elles ont dù couper le liston portant la devise, qui manque dans tous les exemplaires dessinés jusqu'ici, mais le graveur a eu une tendance à exagérer la grandeur des couronnes. C'est également le cas pour celle qui orne la tête du roi, sur la face du sceau; contre l'habitude, elle fait saillie sur la liston. Si ces couronnes avaient eu une signification symbolique, et servi d'emblèmes nationaux, elles auraient été certainement reproduites dans le sceau des rois postérieurs. Nous voyons en effet avec combien de fixité le Danebrog, une fois admis dans le sceau des rois de Danemark, y a été maintenu. L'ancien sceau du roi de Danemark Erik Menved, contemporain de Magnus Ladulås, a bien aussi deux couronnes pour orner et remplir l'espace vide. Rien de plus naturel que de choisir la couronne pour décorer un sceau royal. Le contre-scel a de chaque côté une aigle héraldique éployée. On pourrait croire que celle-ci faisait allusion à la mère d'Erik Menved, princesse de la maison de Brandeburg, et les deux couronnes, au titre de Rex Danorum Sclauorumque

(si l'on pouvait ainsi faire abstraction de l'image du roi), mais jusqu'à ce que cette hypothèse soit corroborée par d'autres exemples de ce temps, il faut attacher plus d'importance aux figures accessoires gravées sur les sceaux royaux qu'aux lions et aux dragons placés comme décors, pour

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fig. 17. Contre-scel de Magnus Ladulås, roi de Suêde.

remplir la place autour des écus aussi bien des nobles que des cités.

On a en outre signalé la présence des trois couronnes sur une série de monnaies suédoises que l'on croyait appartenir au XIIe siècle. Mais des recherches ultérieures ont montré que ces médailles ne peuvent remonter plus haut

que vers le milieu du XIVe siècle1). Elles ne sont done pas sensiblement plus anciennes que les témoignages certains que l'on possédait déjà sur l'emploi des trois couronnes dans les armoiries du roi Albert. Si ces monnaies ont été frappées sous le roi Magnus Smek (1319--1365) et si ce monarque les a prises pour armoiries, on pourrait supposer que les trois couronnes représentaient les pays Suédois, les Gothies et la Skanie; mais le nombre des couronnes était aussi le même alors qu'elles servaient uniquement à la décoration; on le sait notamment par une médaille danoise du temps des guerres civiles (1290-1340), nouvellement découverte, sur laquelle les trois couronnes sont placées

exactement comme sur les monnaies suédoises; et les

monnaies de cette période

fig. 18. Médaille danoise de la période des guerres civiles.

fournissent généralement d'abondantes varietés de cette triple marque.

Ce n'est pas en vertu d'une très ancienne tradition

que les trois couronnes ont été placées dans le blason royal de Suède au temps d'Albert. On peut l'induire de ce que la reine Marguerite et le roi Erik avaient aussi un écu portant exclusivement les trois couronnes (cfr. fig. 12). Si cet emblème avait été fort ancien et spécialement suédois, on ne l'aurait pas reproduit identiquement dans le blason de l'Union comme symbole de la domination sur les trois royaumes scandinaves. On peut bien aussi affirmer à propos d'armoiries royales ou nationales ayant les trois couronnes pour emblème, que leur caractère héraldique ne remonte

1) Hans Hildebrand, dans Vitterhets Akademiens Mánadsblad, II, p. 119. Le même auteur a plus tard (1883) traité » des trois couronnes de Suède dans Antikvarisk Tidskrift för Sverige. VII. p. 1 et s.

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