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caveaux. Mais cette interprétation ne peut-être confirmée, parceque les objets contenus dans les sépultures à urnes sont trop peu caractéristiques pour être attribuées à un sexe particulier.

L'observation des rites funéraires est encore trop incomplête; il n'y a de renseignements satisfaisants à cet égard que pour moins de la moit é des trouvailles, savoir: pour 60 des 140 tombeaux d'hommes, et pour 15 des 45 tombeaux de femmes. 35 d'entre eux contenaient un squelette d'hommes; 8 un squelette de femme, tandis que des ossements calcinés avaient été trouvés dans 25 sépultures d'hommes et 7 de femmes. Les rites de la crémation et ceux de l'inhumation étaient donc usités pour les deux sexes. Mais les chiffres cités ne nous permettent pas de décider si l'incinération était plus souvent employée pour les hommes que pour les femmes.

Il est possible aussi que la situation sociale des femmes ait été cause de la dispropotion signalée; si elle a été aussi infime dans le Nord, pendant l'âge de bronze, que chez la plupart des peuples primitifs, il était naturel que le mobilier funéraire des femmes fùt plus simple que celui des hommes. S'il ne consiste qu'en quelques objets simples et petits, comme c'est souvent le cas dans les sépultures à urne et que celles-ci n'aient pas eu de caractère monumental, on s'explique qu'elles n'aient pas attiré l'attention et que beaucoup d'entre elles aient échappé à l'observation. Nos notions. sur la vie privée dans l'antiquité sont encore si rares, que l'on ne peut en tirer de résultats généraux; c'est à de futures trouvailles qu'il faudra demander des éclairissements sur la situation respective des deux sexes pendant l'âge de bronze.

LES LONGUES NEFS DE L'ANCIENNE MARINE

SEPTENTRIONALE,

par N. E. TUXEN,

ancien directeur des constructions navales du Danemark.

Traduit par E. Beauvois.

I.

Les longues nefs furent pendant quatre cents ans, de

la fin du Xe jusqu'au XIVe siècle, les vrais navires de guerre des anciens Scandinaves; elles ne doivent pas être confondues avec les bâtiments dont les Vikings se servaient au IXe siècle et, en partie, un peu plus tard. Ceux ci ne devaient pas différer notablement des embarcations à voile avec lesquelles les Septentrionaux faisaient le commerce, non seulement dans la Baltique et la mer du Nord, mais aussi avec les Færæer et l'Islande, dès la dernière moitié du IXe siècle. Il semble que les longues nefs ne sont pas d'origine scandinave, mais doivent remonter aux luttes entre Septentrionaux et Anglo-Saxons, près des côtes d'Angleterre. Là en effet les deux peuples, étaient sans cesse aux prises, ce qui dut faire sentir le besoin de nouvelles armes et stimuler les inventeurs. Les Danois du

1) D'après un résumé manuscrit, fait par l'auteur, de son mémoire étendu, publié en danois dans Aarboger for nordisk Oldkyndighed og Historie. 1886. 2o série. t. I. p. 49-134, avec 2 planches et des figures dans le texte.

Northumberland, à ce que l'on rapporte, se servaient d'une sorte de navires appelés ask, qui paraissent faire la transition des anciennes embarcations à voile aux galères à rames. Pour combattre celles-ci, le roi Alfred le Grand fit construire, à la fin du IXe siècle, des bâtiments presque deux fois plus grands qu'elles et pourvus de soixantes rames ou plus. C'étaient donc de grands navires à rames et ce sont eux qui ont dû se perpétuer en Angleterre sous le nom de scegd, fréquemment cité dans les sagas sous la forme skeid; hypothèse d'autant plus vraisemblable que les récits des sagas ne mentionnent pas de longues nefs de grandes dimensions avant la fin du Xe siècle, où il est rapporté que le roi Olaf Tryggvason aussitôt après son arrivée d'Angleterre en Norvège fit construire un skeid de soixantes rames.

Quoique n'y ait pas de description complète de longues nefs septentrionales, on a des notions suffisantes pour s'en faire une idée générale et, en étudiant la question au point de vue scientifique, on arrivera à déterminer leurs dimensions avec une certaine précision.

En 1880, on eut la bonne fortune de découvrir en Norvège, dans un tertre à Gokstad, près de la côte occidentale du golfe de Christiania, une ancienne embarcation fort bien conservée. Elle avait servi à la sépulture d'un chef inhumé, à ce que l'on peut supposer, vers l'an 900. Tout en n'étant qu'un petit bâtiment en comparaison de ceux qui furent construits postérieurement, c'est néanmoins l'une des pièces les plus importantes pour éclairer la question; c'est pourquoi il faut en donner une brève description d'après N. Nicolaysen1), sous la direction duquel il fut exhumé. C'était un grand bateau, ayant seize avirons de chaque bord

1) Langskibet fra Gokstad.

The Viking-ship from Gokstad. Christiania, 1882, in 4o, avec 1 carte, 10 gravures dans le texte et 13 pl.; en danois et en anglais.

et en outre pourvu de mât et voilure.

Les deux bouts sont

quille a 0m 31 de

en pointe et presque semblables; la hauteur; l'étrave est recourbée ainsi que l'étambot. Le platbord, qui est horizontal vers le milieu, se relève fortement aux extrémités; le dessous de la quille présente également une courbure, fort légère de Om 13, de sorte que ses bouts sont plus hauts que la partie moyenne; sa longeur est de 17m 78; la distance de l'étrave à l'étambot est de 22m 76;

la plus grande largeur de 5m 07 et la profondeur de 1m 75. Avec un équipage de 40 hommes, le tirant d'eau doit avoir été, au milieu, d'environ 1m 12, et le déplacement de 30 tonneaux. En donnant à la quille beaucoup moins de longueur qu'il n'y en a entre l'étrave et l'étambot, et en la faisant convexe vers le bas, on a eu pour objet de faciliter les manoeuvres du bâtiment tout en conservant une largueur suffisante en haut pour les avirons, tandis que le plus grand tirant d'eau au milieu augmentait le port du

bâtiment. Le bordage est en planches de chêne disposées à clin et fixées entre elles avec des clous de fer. Les couples, éloignées mutuellement de Om 94, sont chacune d'une seule pièce, mais ne montent qu'à peu près jusqu'à la ligne de flottaison, où est placé un bau. Ces baux supportent le pont composé de courtes planches, allant seulement de bau en bau.

Le bordage du fond n'est pas cloué aux couples, mais lié avec elles au moyen de cordes, qui passent dans des trous percés dans le mentonnet intérieur des madriers. La partie qui dépasse le plancher s'élève à Om 94; elle est d'une construction légère et se termine par un fort platbord pourvu d'un listel percé de trous, auquel on attachait le bas de la tente. Du mât il ne restait que la partie inférieure mesurant environ 3m de hauteur et ayant 0m 31 de diamètre; il n'était pas placé juste au milieu, mais un peu en avant, reposant sur une forte poutre de chêne, qui portait sur quatre des couples. A la hauteur des baux il passait dans une poutrelle de chêne reposant sur six d'entre eux. Celle-ci était échancrée de manière à ce que le mât pût être incliné à l'arrière, pour diminuer la résistance lorsque l'on ramait contre le vent, l'extrémité inférieure du mât étant taillée de façon à ce que l'on pût l'abaisser sans faire sortir le pied de l'emplanture (Pl. V, fig. 3). On trouva les restes d'une vergue, qui servait sans doute à porter une voile carrée; des fragments d'avirons, dont le plus grand avait 5m 80 et pouvait être manoeuvré par un seul homme. Ils étaient de sapin et généralement de même forme que ceux d'aujourd'hui, mais plus légers. Pendant la nage, ils ne reposaient pas sur le plat-bord, mais passaient par des trous pratiqués dans le quatorzième madrier du bordage, à environ 0m 55 au-dessus du plancher et à 0m 47 au-dessus de l'eau. Grâce à cette disposition, ils se trouvaient à la hauteur que l'on jugeait convenable, et le plat-bord pouvait être placé à telle distance au-dessus du plancher qu'il était nécessaire pour d'autres causes. Les trous pour

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