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SÉPULTURES D'HOMMES ET DE FEMMES

DE L'AGE DE BRONZE,

par KR. BAHNSON,

traduit') par E. Beauvois.

Dans l'importante série de trouvailles funéraires de l'âge

de bronze, qui sont conservées au Musée des Antiquités du Nord, on peut distinguer deux principaux groupes dont l'un se rattache aux cercueils de chêne bien conservés, qui contiennent des squelettes d'hommes; l'autre ressemble pour le contenu à la sépulture féminine du Borum Eshøj. Le premier est caractérisé par l'epée et le celt décoré, qui sont souvent accompagnés de petits outils et objets de parure; le second groupe l'est par de grandes plaques de ceinture, ornées de spirales, par des colliers et un assortiment plus ou moins complet d'anneaux particuliers 2).

Il n'est pourtant pas possible, pour toutes les trouvailles funéraires, de distinguer les tombeaux d'hommes de ceux de femmes; cette distinction ne peut être faite avec certitude que pour les sépultures contenant des objets caractéristiques,

1) D'après le texte, révisé et abregé par l'auteur, d'un mémoire danois qui a paru dans Aarbøger for nordisk Oldkyndighed og Historie, ann. 1886, 2. sér., t. I, p. 251-299.

2) Sophus Müller, Broncealderens Perioder, dans Aarbøger, 1876, p. 281 et s.

comme c'est généralement le cas dans les grands tombeaux et les amas de pierre recouvrant des restes inhumés ou incinérés. Dans les tombes à urnes au contraire, qui composent la plus grande partie des trouvailles, le mobilier funéraire, consistant en petits objets peu caractéristiques ou propres aux deux sexes, ne peut être attribué à l'un plutôt qu'à l'autre. C'est pourquoi on ne parlera ici que des trouvailles faites dans les cercueils de chêne, les tombeaux de pierre, et les amas de pierrailles recouvrant des restes incinérés ou non, qui sont entrés au Musée des Antiquités du Nord dans les vingt dernières années et qui offrent des exemples bien caractérisés du mobilier funéraire spécial à chaque sexe. Même en se restreignant de la sorte, on ne saurait expliquer toutes les trouvailles intéressantes; quelques-unes ont déjà fait l'objet de publications et, pour l'île de Bornholm, le récent ouvrage du chambellan Vedel1) donne tous les renseignements désirables.

Tombeaux d'hommes. I. Les cercueils de chêne forment un groupe particulier, aussi bien en raison des rites. pratiqués qu'à cause des analogies entre les objets déposés. Les différences entre ce groupe de trouvailles et les autres sont pourtant plus frappantes pour nous qu'elles ne l'étaient originairement; elles tiennent en grande partie à ce que les objets sont mieux conservés dans ce genre de sépulture. Les cercueils de chêne par exemple sont les seuls qui ont renfermé des costumes complets; mais, dans plusieurs des autres trouvailles, il y a aussi des restes de vêtements de laine attestant que le cadavre a été enseveli dans ses habits. Les caveaux de pierre offriraient probablement aussi des objets de bois (gaînes d'épée sculptées, vases ornés de clous d'étain, boîtes en écorce) semblables à ceux qui accompagnent les cadavres inhumés dans les troncs de chêne fendus et évidés,

1) Bornholms Oldtidsminder og Oldsager, Copenhague 1886. Cfr. Mém. de la Soc. des Ant. du Nord, 1879, p. 61.

si la décomposition n'y avait été plus avancée que dans ceux-ci. Quant aux objets de métal, ils sont en général analogues dans toutes les trouvailles. Mais quoique l'on doive surtout attribuer à une meilleure conservation la physi-onomie particulière de ces trouvailles, il convient pourtant d'en former un groupe à part, tant à cause de l'intégralité et de l'uniformité de leur contenu qu'en raison du caractère des rites funéraires.

Une des plus intéressantes trouvailles de ce genre est celle du Borum Eshøj, près d'Aarhus (Jutland), où il y avait le cercueil d'un homme de 40 à 50 ans et celui d'un autre plus jeune; elle est décrite dans les Mém. de la Soc. des Ant. du Nord, 1877, p. 361.

tres.

Une autre sépulture d'homme, analogue aux précédentes, fut découverte dans la tumulus de Muldbjerg, aux environs de Ringkjøbing (Jutland), qui recouvrait deux moindres terChacun de ceux-ci contenait un tombeau central, et entre eux avait été postérieurement ménagée une troisième sépulture sous un amas de terre d'environ huit pieds de hauteur. Au fond du plus septentrional de ces deux petits tertres, reposait sur des pierres de grandeur moyenne un cercueil double, orienté du NO. au SE. Le cercueil intérieur était fait d'un tronc de chêne fendu et évidé, dont une moitié formait la partie inférieure, tandis que l'autre servait de couvercle; il était garanti de la pression de la terre par un autre cercueil massif fait d'un tronc de chêne creusé. Dans le cercueil intérieur on avait ménagé un vide d'environ 2m de longueur et percé au fond deux trous dedestinés sans doute à l'écoulement des matières liquides. Il contenait un squelette masculin couché sur une peau de loup qui l'enveloppait en partie. La forte tête, tournée vers le SE., était couverte d'une de ces bonnets hémisphériques, en laine tissée avec des fils fins à l'extérieur, comme on en a souvent trouvé dans les cercueils de chêne. Le cadavre était vêtu jusqu'aux genoux d'un jupon, fait de plusieurs

pièces de laine grossièrement tissées et cousues ensemble, qui avait été serré sur le ventre par une courroie bouclée au moyen d'un gros bouton double en corne. Les jambes étaient nues; les pieds au contraire entourés de deux bandes du même tissu que celui du jupon. Sur tout le corps était étendu un grand manteau d'un épais tissu de laine, qui semble avoir été généralement en usage dans l'âge de bronze et avoir été en contact avec la peau sur la partie supérieure du corps. Le cadavre était en outre couvert d'une grande pièce oblongue d'étoffe épaisse, qui paraît avoir été une sorte de plaid. Au manteau étaient fixées deux fibules de bronze (p. 266, fig. 12) et, sur le côté droit de la poitrine, reposait une épée avec fourreau, fait de deux éclisses ornées de doubles lignes creusées sur les côtés (p. 259, fig. 2), tandis que deux tutuli gisaient près du dos.

Au fond du tertre méridional était un amas de grosses pierres, au milieu duquel s'étendait en longueur, dans la direction du NO. ou SE., une dépression causée sans doute par la complète décomposition d'un cercueil de bois. Il ne restait pas trace du cadavre, et il n'y avait dans le tombeau qu'une dague avec poignée de bronze; encore celle-ci était-elle si fragile que sa partie inférieure, une mince bande d'or qui l'entourait au milieu, et le bouton ovale d'en haut, qui était doublé d'une mince plaque d'or ornée de spirales, purent seuls être conservés.

Comme on l'a dit, une troisième sépulture avait été postérieurement placée entre les deux petits tertres. Le cadavre y était également enfermé dans un cercueil de bois, couvert d'un amas de pierres; il était tombé en poussière; mais à peu près dans l'endroit où devait se trouver la poitrine, on recueillit la partie inférieure d'une poignée de dague en bronze, et un peu plus bas, vers la ceinture, des fragments d'un petit tutulus « orné de spirales.

Une trouvaille analogue fut faite dans un tumulus de Barde, situé à peu de distance de Ringkjøbing (Jutland);

A la base de celui-ci était placé au centre un cercueil de chêne fendu et creusé dont le couvercle, s'appliquant exactement sur la partie inférieure, était percé d'un large trou par lequel il était entré tant de terre et d'eau, que l'état primitif n'était plus reconnaissable; les vêtements ainsi que les ossements étaient décomposés. Du cadavre il ne restait plus qu'une partie de la cervelle; et des vêtements que quelques traces d'un tissu de laine. Près du côté droit était un grand vase de bois, rond, orné de clous d'étain, et analogue pour la forme et la décoration à d'autres également trouvés dans des cercueils de chêne; il contenait une petite coupe de bois sans ornements. Près de là il y avait une pince de bronze; le manche en bois d'une alêne; deux poignées en bois, percées de trous de pointe; deux morceaux de silex arqués qui sont taillés des deux côtés, et un de ces instruments de silex émoussés qui sont assez fréquents dans les tombeaux de l'âge de bronze et qui servaient peut-être de pierre à feu. A la hauteur de la ceinture on recueillit un crochet de ceinturon et près de là une mince bande d'or décorée. A gauche du cadavre il y avait un fourreau d'épée, en bois et avec une large cannelure médiane dans le sens de la longeur; vers le milieu du cercueil le fond ovale d'une boîte en bois; et dans le coin NO., un bâton grossièrement taillé à manche recourbé.

Il est à remarquer que le fourreau était sans épée, ce dont on n'avait pas encore d'exemple. Le trou pratiqué dans le couvercle pourrait donner à croire que le sépulture aurait été violée anciennement et l'arme enlevée. Mais cette supposition est contredite par deux faits: d'abord, la stratification du tumulus est intacte, d'où il résulte qu'il n'y a pas eu de fouille antérieure par le haut; ensuite la présence de la bande d'or, qui n'aurait pas été laissée sur place, si l'on avait pillé le cercueil. Ce n'est pas non plus l'humidité qui a rongé l'épée, puisque la pince de bronze beaucoup plus mince est intacte. Si la lame d'épée était

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