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professedly in defence of the Vaudois, but virtually in favour of all the reformed churches-is conducted with a candour honourable to the writer, and with the respect due to the exalted rank of the cardinal, though a prisoner at the time. That the letters are the production of a mind endued with great sagacity, and that they present an accurate and luminous train of reasoning, will be evident to the intelligent reader; who, if delighted to see that the moderator defends his cause- -or rather that of the christian church-without meanly resorting to the perplexing arts of sophistry; will be no less pleased to see that he rises occasionally from argument to oratory; and enforces his reasons in a strain of manly and dignified eloquence, formed upon a better model than the inflated style displayed by some of the most celebrated writers in the same language.

LETTRE Iere.

EMINENCE!

Vous n'avez pas été content de mes lettres sur les Vaudois; vous représentéz leur société comme un séminaire d'Hérétiques; tandis que ce peuple se vante d'avoir conservé le pur Evangile sans addition ni diminution, et que les Réformés sont obligés de le regarder dans l'ordre des causes secondes, comme le père de leur foi.

Pour pouvoir savoir ce qui en est, laquelle de ces deux prétentions est bien fondée, je crois devoir établir sept vérités de fait, ce qui étant fait, il ne pourra rester aucun doute à l'homme de bien qui cherche sincèrement la vérité, et qui est disposé à l'embrasser dès qu'elle lui est

connue.

1. La première est, que les Vaudois et les Albigeois ne sont pas deux societés, mais une même société sous deux noms différens.

2. La seconde est, que la foi des Vaudois et des Albigeois est la même que celle des Pro

testans.

B

3. La troisième est, que quoique la malice de leurs ennemis ait voulu les faire passer pour des Ariens et pour des Manichéens, ils ont été dans une actuelle et constante opposition avec ces hérétiques, ayant même combattu leur doctrine avec plus de succès que n'a fait votre église.

4. La quatrième est, que pour trouver leur origine, il faut non seulement aller au-delà de Pierre Valdo, mais encore remonter jusqu'aux premiers ages de l'Eglise Chrétienne.

5. La cinquième, que ce peuple n'a pas seulement fait une constante profession de la vérité, mais que de siècle en siècle il s'est opposé aux nouveautés que Rome a associées à la foi chrétienne.

6. La sixième, qu'aprés l'Eglise formée par Jésus Christ et ses disciples, jamais peuple chrétien ne fut plus remarquable par l'eclat de sa vertu et par la sainteté de ses mœurs.

7. La septième, c'est que depuis les tems apostoliques, on ne trouve point de société chrétienne, qui ait montré plus d'ardeur pour l'avancement du règne de Jésus Christ, et fait plus d'honneur à la vérité par de longues épreuves, un zèle soutenu, une fermeté à toute épreuve, une constance invincible dans les dangers et les afflictions.

C'est ce que je me propose de montrer acta ellement en peu de mots, et cela par le témoig

nage même de leurs ennemis et de leurs persécuteurs, afin qu'on ne puisse m'accuser de partialité.

1. Les Vaudois, ainsi appelés des vaux ou vallées ou ils habitaient, et les Albigeois, ainsi nommés de la ville d'Alby en Languedoc, ou ils se sont trouvés en grand nombre au tems des guerres qu'ils ont soutenues, et des affreux massacres, qu'on en a fait; les Vaudois et les Albigeois ne sont qu'un seul et même peuple sous deux dénominations différentes ; et par là j'entens, non qu'ils sont tous du même pays, et de la même nation, mais bien qu'ils ont tous la même foi et la même religion.

C'est de quoi les plus grands ennemis de ce peuple demeurent d'accord. Les Vaudois, dit Mariana,* sont les mêmes que les Albigeois, puisque la doctrine des uns et des autres contient àpeu-près les mêmes articles. Entre les Vaudois et les Albigeois, dit Gretser,† il y a de la différence à l'egard du nom mais non pas à l'egard de la chose. Et ailleurs, c'est une chose indubitable que les Tholosains et les Albigeois condamnés l'an 1177 et 1178, n'etaient autres que· des Vaudois. C'est ce que Nicolas Viguier avait reconnu avant eux, lorsqu'il dit dans son

* Mariana in præf. Luc. Tud.

+ Gretser epistol. script. contra Valdenses, cap. 1. + Id. in proleg.

Histoire Ecclésiastique sur l'an 1214, qu'on brula cette année şept Vaudois de Provence outre plusieurs autres, desquels cent ans auparavant etait sortie l'hérésie Albigeoise. Ce que d'autres ont exprimés en disant,* que les Vaudois sont de tems immémorial, et que d'eux sont venus les Albigeois. Fra. Paolo confond aussi ces deux peuples, lorsqu'il dit au commencement de son Histoire du Concile de Trente,† que le pape Leon X. voyait tout le monde chrétien soumis à son autorité, à l'exception des restes des Vaudois et des Albigeois qui s'etaient conservés entre les Alpes.

Les Vaudois étaient le tronc, dont les autres n'étaient que les branches. Car comme les vallées devaient être la retraite des fidèles eu temps de persécution, Dieu à voulu aussi qu' elles eussent l'honneur d'être les dépositaires du sacré dépôt de la vérité, et que le chandelier de sa parole y éclairât de siècle en siècle sans aucune interruption C'est là qu'on trouve avec étonnement un peuple d'apôtres, qui, à l'exemple de saint Paul, vont partout, s'exposent à tout, souffrent tout, sont contents de tout, pourvû que le règne de Jésus Christ soit établi.

Les Vaudois étaient dans un commerce continuel avec toutes les autres parties du monde * Johannes Crispinus et Campianus.

+ Fra. Paolo Sarpi, Hist. del Concilio Tridentino.

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