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de Dieu, & representé le contraire de ce que nous enfeignons dans les actions & les œuures de quelques perfonnes. Mais Dieu difpofant les affaires au poinct que nous les voyons, femble auoir inspiré à Meffieurs de la Compagnie de la Nouuelle France de fi bonnes pensées & refolutions là deffus, & Monfieur le Cheualier de Montmagny noftre Gouuerneur y apporte vn fi bon ordre, que nous efperons que cette pierre d'achoppement ne fe trouuera plus en noftre chemin. Et en effect ceux qui font icy de present, non seulement meinent vne vie irreprochable, mais en outre viuent & fe comportent de la forte, que nous auons tout fuiet de croire que Dieu en leur confideration, [54] a donné vne particuliere benediction a cét ouurage, auquel ils s'eftudient felon leur pouuoir & industrie, de prendre vne bonne part.

Ie mets au rang des caufes de l'aduancement de ce mefme ouurage, les difcours & comportemens de Iofeph Chihɣatenhɣa, ce bon Neophyte, duquel nous auons desia plusieurs fois parlé, qui semble auoir esté ce leuain de l'Euangile, qui a faict leuer toute la masse de cette nouuelle Eglise des Hurons, non feulement en ce bourg, mais encore par tout ailleurs où nous auons trauaillé à faire des Chreftiens, soit en celuy de Teanauftayé où nous auons vne Residence, foit aux Miffions; s'eftant trouué par tout aux meilleures occafions, pour faire profeffion publique, & rendre cõpte de sa foy & de sa conuerfion. En quoy il s'eft comporté par tout auec vne satisfaction pleine & entiere de fes compatriotes, qui ne fe laffent iamais de l'entendre. Vous vous rebutez, mes Freres, (leur dit-il quelquefois) fur ce que les affaires de vostre falut que vous propofent les François, font chofes nouuelles, & leurs propres couftumes qui renuer

actions and deeds of certain persons, the opposite of what we were teaching. But God, in bringing affairs to the condition in which we see them, seems to have inspired the Gentlemen of the Company of New France with so good ideas and resolutions thereupon, and Monsieur the Chevalier de Montmagny, our Governor, has brought about so good order, that we hope this stumbling-block will no longer be found in our way. And, in fact, those who are here at present not only lead irreproachable lives, but besides live and behave in such a way that we have every reason to believe that God upon their account [54] has given a special blessing to this work, in which they strive, according to their power and skill, to take a worthy part.

I place among the causes for the advancement of this same work the speeches and behavior of Joseph Chihwatenhwa, the good Neophyte of whom we have already spoken several times, who seems to have been the leaven of the Gospel that has made the whole lump of this new Church of the Hurons rise,— not only in this village, but also everywhere else where we have striven to make Christians, either in the town of Teanaustayé where we have a Residence, or in the Missions,-he having been everywhere present on the most suitable occasions, to make a public profession and to render an account of his faith and his conversion. In this he conducted himself everywhere to the full and entire satisfaction of his compatriots, who were never tired of hearing him. "You are disheartened, my Brothers" (he sometimes said to them), "because the matters of your salvation that the French propose to you are new things, and customs of their own which overthrow ours. You tell

fent les noftres. Vous leur dites, que chaque païs [55] a fes façons de faire: que comme vous ne les preffez pas de prendre les noftres, auffi vous eftonnez-vous de ce qu'ils nous preffent de prendre en cela les leur, & de recognoiftre auec eux le mefme Createur du Ciel & de la Terre, & le Seigneur vniuerfel de toutes choses. Ie vous demande, quand au commencement vous veiftes de leurs haches & chaudieres, apres auoir recognu qu'elles eftoient incomparablement meilleures & plus commodes que nos haches de pierre, & que nos vaiffeaux, de bois & de terre, auez vous pour cela reietté leurs haches & chaudieres, parce que c'eftoit chofe nouuelle à vostre païs, & la couftume de France de s'en feruir, & non pas la vostre. Que s'ils nous preffent de croire ce qu'ils croyoient, & de viure conformement à ceste creance, nous leur en auons beaucoup d'obligation: car en effet fi ce qu'ils difent est vray, comme il est, nous fommes les plus miferables gens du monde, fi nous ne faifons ce qu'ils nous disent.

Ie n'aurois iamais faict, fi ie me voulois eftendre plus au long fur tous les difcours, ou plustost fur toutes les faillies de l'efprit de Dieu, qui femble parler fouuent par la [56] bouche de ce bon Neophyte. Ie dis faillies de l'efprit de Dieu, car nous ne fçauons que penser autre chofe, le voyant quelquefois fe mettre à benir Dieu, & le loüer tout en la mesme façon & maniere, que firent autrefois les enfans dãs la fournaise, fans que iamais il ait eu cognoiffance de ce que la faincte Escriture nous en apprend.

Ie ne me trouuerois pas moins empefché, fi i'auois entrepris de declarer tous les actes de vertu remarquables, & tous les bons exemples qu'il a continué de faire paroistre depuis le temps de la derniere Rela

them that every country [55] has its own ways of doing things; that, as you do not urge them to adopt ours, so you are surprised at their urging us to adopt theirs in this matter, and to acknowledge with them the same Creator of Heaven and of Earth, and the universal Lord of all things. I ask you, when at first you saw their hatchets and kettles, after having discovered that they were incomparably better and more convenient than our stone hatchets and our wooden and earthen vessels, did you reject their hatchets and kettles, because they were new things in your country, and because it was the custom of France to use them and not yours? Now if they urge us to believe what they believe, and to live conformably to this belief, we are under great obligations to them; for indeed, if what they say is true, as it is, we are the most miserable people in the world if we do not do as they tell us.'

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I would never finish if I were to dwell at length upon all the discourses, or rather upon all the flashes of the spirit of God, which often seems to speak through the [56] mouth of this good Neophyte. I say" flashes of the spirit of God," for we cannot think of anything else when we see him sometimes beginning to bless God and to praise him in the same fashion and manner as did in olden time the children in the furnace, without his ever having learned what the holy Scriptures teach us thereof.

I would not find myself less embarrassed if I had undertaken to declare all the acts of remarkable virtue and all the good examples he has continued to manifest since the time of the last Relation, whether in health or in sickness, in prosperity or in adversity. When it was a question of going after those poor

tion, foit en fanté, foit en maladie, foit dans la profperité, foit dans l'aduerfité.

Quand il fut queftion d'aller querir ces pauures eftrangers dont nous auons parlé cy-deffus, il ne fe contenta pas d'aller à my chemin comme plusieurs autres; mais il fit le voyage entier, & prist tant de peine & de foin à les affifter, par des motifs verita[b]lement Chreftiens, qu'eftant icy de retour, il en tomba malade d'vne fiévre qui luy dura 40 iours, pendant lefquels on le tint par plufieurs fois pour defefperé. Il pleût toutefois à Dieu donner benediction aux remedes & aux charitez [57] dont nous l'affistâmes, en forte qu'au bout des 40 iours il se trouua entierement hors de danger. Au plus fort de fon mal, eftant furpris de refuerie, fes difcours & extrauagance n'estoient que des chofes de Dieu & de la Foy: il fe leuoit quelquesfois tout nud, & fe tenant aupres du feu: Qu'ils viennent, qu'ils viennent, difoit-il, qu'ils me bruslent, & qu'ils voyent fi c'est tout de bon que ie croy, où fi c'eft feulement du bout des levres.

Depuis ce temps, ceste bonne Ame nous a semblé de plus en plus fe remplir du S. Esprit, & entrer dans fe fentier des Saints, dont il a donné plusieurs autres preuues, tant aux attaques contre la chasteté, & la Religion, qu'aux exercices de charité & de misericorde.

Ie ne fçay à quoy ie dois attribuer, ce qui luy arriua l'Efté passé, lors qu'estant à la pesche, il pleut par tout le païs, & fpecialement tout à l'entour du lieu où il eftoit, ce qui caufa vn grand degast de poisfon, & cependant il ne plût iamais à l'endroit où il fe trouua auec ceux de fa cõpagnie, & fit fa pesche fort

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