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tentement, que ie crois qu'elle fera capable de faire vn grand bien en fon pays, fi noftre Seigneur luy donne vne longue vie. Nous efperons qu'elle Communiera à Pasques, eu efgard à fa deuotion. Il y a des millions de Chreftiens, qui ont receu noftre Seigneur, qui n'en fçauent pas tant qu'elle. Ie vous enuoie vne pale de calice, dont elle a fait la dentelle de point couppé, fi elle n'euft point efte malade, nous l'eussions renduë ou remenée plus fçauante, elle dit qu'elle veut eftre Religieufe, & qu'elle ne veut point retourner en Canadas, qu'auec nos fœurs. Ce font les paroles de la mere Superieure, qui deuoit renuoier l'année prochaine cette pauure petite; mais le fieur Hebout, qui luy a ferui de pere, la voiãt fi côtente, la laiffe volontiers, iusques à la venuë des Religieuses. Cette pauure enfant m'a escrit trois mots, que ie coucherai volontiers icy. Mon R. P. La Paix de noftre Seigneur. Ie fuis fort côtente d'eftre en France, pour les faueurs que i'y ay receu, & que ie preteēds y receuoir, me voiât à la veille de ma premiere Communion, ce qui me donne une telle allegreffe, que ie n'ay point de paroles pour l'expliquer, ie prend l'affeurance de supplier en toute humilité [38] V. R. d'en remercier la Diuine Majefté, ie vous enuoie le premier ouurage que i'ay fait, i'ay efperance d'eftre plus fçauante, & de repaffer quand & nos Meres en Canada, pour rendre le deuoir d'hofpitalité à celles de ma nation, fi Dieu m'en fait la grace. Et plus bas elle s'excufe, fi elle efcrit fort mal, ne pouuant pas encor former fes lettres, Dieu veille refpandre fa faincte benediction fur ces pauures enfans. Mais parlons des deux autres; Ie les auois prefentées à Madame de Combalet, comme à celle dont la grandeur ne dedaigne point la baffeffe de ces pauures creatures. Cette Dame aiant pris refolution de les faire baptifer, les fit conduire en l'E

she shows so much satisfaction therein that I believe she will be capable of doing great good in her own country, if our Lord gives her a long life. We hope she will take Communion at Easter, considering how devoted she is. There are millions of Christians who have received our Lord, who do not know as much as she does. I send you a chalice pall, the point lace edging of which was made by her. If she had not been sick, we would have returned her or brought her back better taught; she says she desires to be a Nun, and that she does not wish to return to Canadas except with our sisters. These are the words of the mother Superior, who was to send back this poor little child next year; but sieur Hebout, who has been as a father to her, seeing her so contented, is willing to leave her until the coming of the Nuns. This poor child has written me a few words, which I shall be glad to set down here. My Reverend Father, the Peace of our Lord. I am very glad to be in France, for the favors I have received here and expect to receive, seeing myself on the eve of my first Communion; this gives me so much joy that I have no words to express it. I take the liberty to beg, in all humility, [38] that Your Reverence will thank the Divine Majesty for it. I send you the first work I have done. I hope to have more learning and to cross over to Canada when our Mothers do, to render the debt of hospitality to the women of my nation, if God grants me the grace to do so. And farther down she excuses herself if she writes very badly, not yet being able to form the letters. May God bestow his holy blessing upon these poor children. But let us speak of the other two. I had presented them to Madame de Combalet, as to one whose greatness does not disdain the littleness of these poor creatures. This Lady, having decided to have them baptized,

glife des Carmelites, où elles quitterent le nom de Barbares, pour entrer dans la liberté des enfans de Dieu. La mere Magdelene de fainct Iofeph me defcrit leur baptefme en peu de mots. Vous apprendrez (dit-elle) la benediction que Dieu a donné au baptefme des deux petites Sauuages, tant pour la celebrité de l'action, que pour la grande deuotion qu'vn grand peuple, qui fe trouua dans noftre Eglife, y tefmoigna. La plus grande fut tenuë fur les fonds, par Madame la Princesse de Condé, qui la nomma Marguerite Therefe, le parrain fut Monfieur le Chancelier. La feconde fut tenuë par Madame de Combalet [39] & nommée Marie Magdelene, le parrain a efté Monfieur des Noiers, Secretaire d'Eftat, nous eufmes en noftre Eglife pour Predicateur Monfieur l'Euefque de fainct Papoul, vn des plus eftimez Predicateurs de noftre temps, & tres-fainct homme, lequel aiant ce beau fuiet de la vocation des Gentils, parce que c'eftoit le iour des Rois, il n'oublia pas de recommander l'action de nos deux petites Canadoifes, & de louer la charité de ceux qui trauaillent à acquerir ces ames au fils de Dieu. Et plus bas elle adiouste: Ie vous diray encor, que Marguerite Therefe, qui nous eft restée des deux petites Sauuages, l'autre eftant trefpaffée, eft la plus iolie qu'il eft possible, elle paroift fort bonne enfant, & auoir bien de l'efprit, elle fait de petites queftions, comme eft de fçauoir, fi nous reffufciterons, fi nous verrons Dieu, fi nos corps feront glorieux, fur le fainct Sacrement; fi c'eft Dieu qui y eft caché fous les efpeces facramenteles: & ainfi plufeurs autres chofes, qu'elle demande fur cela. l'espere que Dieu la benira, & en aura foin.

Ah! que ie dirois volontiers à cette enfant: helas ma fille qui vous a tiré de la baffeffe pour vous loger dans l'affection des grands, qu'auez vous donné à

had them taken to the Church of the Carmelites, where they gave up the names of Barbarians, to enter into the freedom of the children of God. Mother Magdelene of saint Joseph describes their baptism to me in a few words: You will hear (she says) about the blessing God has granted us in the baptism of two little Savages, not only on account of the celebrity of the act, but for the great devotion shown by the distinguished people who were in our Church. The taller one was held over the font by Madame the Princess de Condé, who named her Marguerite Therese; the godfather was Monsieur the Chancellor. The second was held by Madame de Combalet, [39] and named Marie Magdelene; the godfather was Monsieur des Noiers, Secretary of State. We had in our Church, as Preacher, Monsieur the Bishop of saint Papoul, one of the most estimable Preachers of our time, and a very holy man; he having taken that beautiful topic, the vocation of the Gentiles, because it was Epiphany, did not forget to commend the act of our two little Canadians, and to praise the charity of those who are striving to obtain these souls for the son of God. And, further on, she adds: I will tell you also that Marguerite Therese, the one remaining to us of the two little Savages, the other having died, is as pretty as she can be. She seems to be a very good child, and to have much intelligence. She asks little questions, such as whether we shall be resurrected, if we shall see God, if our bodies will be glorified, in regard to the holy Sacrament, if God is concealed there under the sacramental elements; and likewise many other things which she asks, regarding such matters. I hope God will bless her and take her under his care.

Ah! would that I could say to this child, "Alas, my daughter, who has drawn you from your lowly estate to place you in the affection of nobles? What

Dieu pour fortir de vostre esclauage, & pour estre enroolée au nombre de fes enfans, vous [40] souuient-il des resistances, que vous me faisiez, quand vostre pere vous aiant mis entre mes mains, vous en vouliez eschapper à toute force, pour courir apres vostre malheur! vous ne croiez pas ce que vos compatriotes ne sçauroient encor se persuader, que nous defirions vous procurer le plus grand de tous les biens, priez pour eux maintenant, & vous disposez de les venir secourir. Ie vois tous les iours vos compagnes mal vestuës, logées fous des efcorces, quasi toufiours affamées, & vous eftes en l'abondance, beniffez celuy qui vous a fait ces biens, & le coniurez d'auoir compassion de vostre pauure & miserable nation. Pour tous ces grands personnages que ie viens de nommer, lefquels ont cooperé à vostre baptefme, ie ne leur puis dire autre chose finon, Benedicti vos à Domino, qu'ils font les benis de Dieu. Ce n'est pas ma fille pour la nobleffe de vostre extraction, qu'ils vous ont tenus fur les fonds, qu'ils prennent la peine de vous inftruire, qu'ils vous honorent de leur affection, mais ces ames font des ames d'eflite, qui fçauent la grandeur & le prix du fang de Iefus-Christ, qu'ils vous veulent appliquer, pour l'amour qu'ils luy portent: recognoiffez ces faueurs, abbaiffez vous deuant eux, & bien d'auantage [41] deuant Dieu, prenant ces belles paroles pour voftre deuife, Mifericordias Domini in æternum cantabo, le chanterai à tout iamais les mifericordes de mon Dieu. C'eft affez fur ce point, i'ay creu que ces deux enfans nez en nostre nouuelle France, deuoient auoir place entre ceux, que Dieu a pris pour ses enfans en leur pays.

Le 20. de Ianuier nous baptifames le petit fils d'vn

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