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IESVS, où le diable a esté, pour ainsi dire, adoré & recognu pour Dieu par tant de fiecles.

Ce mefme exercice fait que nous profitons beaucoup en l'vfage & cognoiffance de la langue, qui n'est pas vn petit fruict. Vniuerfellement parlant ils loüent & approuuent la Religion Chreftienne, & blafment leurs mefchantes couftumes; & quand fera-ce qu'ils les quitteront tout à fait? Quelques-vns nous difent, Penfez-vous [16] venir à bout de renuerfer le Pays, c'eft ainfi qu'ils appellent le changement de leur vie Payenne & Barbare, en vne vie ciuile & Chreftienne? Nous refpondons que nous ne fommes pas fi prefomptueux, mais que ce qui eft impoffible aux hommes, est non feulement poffible, mais facile à Dieu. Voicy encor vn autre indice de leur bonne volonté pour la Foy. Monfieur de Champlain & Monfieur le General du Pleffis Bochart, nous obligerent grandement l'annee paffee, exhortant les Hurons en plein confeil à embraffer la Religion Chreftienne, & leur disant que c'eftoit là l'vnique moyen non feulement d'estre vn iour veritablement heureux dans le Ciel, mais auffi de lier à l'auenir vne tres-eftroite amitié auec les François, lefquels en ce faifant viendroient volontiers en leur Pays, fe marieroient à leurs filles, leurs apprendroient diuers arts & mestiers, & les affisteroient contre leurs ennemis; & que s'ils vouloient amener quelques-vns de leurs enfans l'an prochain, qu'on les inftruiroit à Kébec, que nos Peres en auroient vn grand foin. Et pour autant que les Capitaines du pays n'eftoient pas là bas, ils leur dirent qu'ils tinffent confeil tous ensemble quand ils [17] feroient de retour touchant les poincts fufdits, & qu'ils me rendiffent les lettres dont il leur pleuft m'honorer, par lefquelles ces Meffieurs nous donnoient aduis de ce qui auoit

Some say to us: "Do you think [16] you are going to succeed in overturning the Country?" Thus do they style the change from their Pagan and Barbarous life to one that is civilized and Christian. We reply that we are not so presumptuous, but that what is impossible to man is not only possible but easy to God. Here is another indication of their good will toward the Faith. Monsieur de Champlain and Monsieur the General du Plessis Bochart rendered us great service last year, by exhorting the Hurons in full council to embrace the Christian Religion, and by telling them that it was the only means not only of being some day truly happy in Heaven, but also of cementing in the future a very close alliance with the French,-who, if this were done, would readily come into their Country, marry their daughters, teach them different arts and trades, and assist them against their enemies; and that, if they would bring some of their children next year, to be instructed at Kébec, our Fathers would take good care of them. And, inasmuch as the Captains of the country were not there, they asked them to hold a general council on their [17] return, concerning the points mentioned; also to give me the letters with which they were pleased to honor me, in which these Gentlemen informed us of what had been said, in order that we might be present at the Huron Council, and be able to avail ourselves of what they had done. In accordance with this, in the month of April last, having been invited to an Assembly or Council, where all the Old Men and Chiefs of the Nation of the Bear met to deliberate on their great feast of the dead, I took occasion to show them the letters of these Gentlemen, and asked them to decide, after careful delib

efté dit, afin que nous affiftaffions au Confeil des Hurons, & fçeuffions nous preualoir de ce qu'ils auoient fait. Conformement à cela au mois d'Auril dernier ayant efté inuité à vne Affemblee ou Confeil, où eftoient tous les Anciens & les Chefs de la Nation des Ours, pour deliberer fur leur grande feste des morts, ie pris l'occafion de leur reprefenter la lettre de ces Meffieurs, & demander qu'ils deliberaffent meurement ce qu'ils defiroient y refpondre. Ie leur dis que tous les hommes ayant l'ame immortelle alloient finalement apres cefte vie en l'vn de ces deux lieux, fçauoir en Paradis ou en Enfer, & ce pour vn iamais: mais que ces lieux eftoiet grandement differents, car le Paradis eftoit vn lieu remply de toutes fortes de biens, & exempt de toutes fortes de maux; & l'Enfer eftoit vn eftat deftitué de tout bien, & remply de toutes fortes de maux, que c'eftoit vne fournaise tres-ardente au milieu de laquelle les damnez feroient à iamais tourmentez & brulez fans estre confommez, [18] qu'ils auifaffent maintenant auquel de ces deux lieux ils defiroient vn iour aller pour vn iamais, & ce pendant qu'ils eftoit encor en vie; car pour tous les defunts pour qui ils auoient fait, & alloient faire la fefte, que c'eftoit vne affaire decidee, que tous ayat ignoré Dieu, & outrepaffé fes comandemens, auoiet fuiuy le che min de l'Enfer, où ils eftoient maintenant tourmentez de fupplices qui ne fe peuuent imaginer, & qu'il n'y auoit plus de remede. Que pour eux s'ils vouloient aller au Ciel nous leur enfeignerions le chemin; & pour autant que toutes les affaires d'importans fe font icy par prefens, & que la Pourcelaine qui tient lieu d'or & d'argent en ce Pays, est toute puissante, ie prefentay en cefte Affemblee vn collier de douze cens grains de Pourcelaine, leur difant, que c'estoit

eration, what they wished to answer thereto. I told them that every man, as possessing an immortal soul, would at last, after this life, go to one or the other of two places, Paradise or Hell, and that forever; but that these places were widely different, since Paradise is a place abounding in blessings of all kinds, and free from all manner of ills; Hell, a place where no blessing comes, and where ills of all kinds abound; that it is a fiery furnace, in the midst of which the damned would be forever tormented, and burned without ever being consumed; [18] that they must now consider to which of these two places they preferred to go some day, forever, and to do this while they were still in this life, because the matter was decided so far as it concerned all the dead for whom they had made or were going to make feasts; that all those who had slighted God and broken his commandments had followed the path to Hell, where they now were tormented by punishments that could not be imagined, and for which there was no remedy. I told them that, if they wished to go to Heaven, we would teach them the way; and, inasmuch as all affairs of importance are managed here by presents, and as the Porcelain that takes the place of gold and silver in this Country is all-powerful, I presented in this Assembly a collar of twelve hundred beads of Porcelain, telling them that it was given to smooth the difficulties of the road to Paradise. It is customary to employ such terms, when they make presents to succeed in some difficult enterprise. Then all, in turn expressing their opinions, said that they dreaded these glowing fires of Hell, and that they preferred the road to Heaven. There was, nevertheless, one who either seriously, or more probably [19] in

là pour applanir les difficultez du chemin de Paradis; ce font les termes dont ils ont couftume de fe feruir quand ils font quelques prefens pour venir à bout de quelque difficile entreprise. Alors tous opinans à leur tour, dirent qu'ils redoutoient ces feux ardens de l'Enfer, & qu'ils aymoient mieux prendre le chemin du Ciel: il y en eut neãtmoins vn lequel ou ferieusement, ou plutoft [19] en gauffant dit, que cela alloit bien que tous vouluffent aller au Ciel, & estre bien-heureux, pour luy qu'il n'importoit pas quand il feroit brulé dedans l'Enfer. Ie repartis que Dieu nous donnoit à tous l'option de l'vn & de l'autre, mais qu'il ne fçauoit pas quel eftoit le feu d'Enfer, & que i'efperois qu'il changeroit de refolution quand il en feroit mieux informé.

Voila la difpofition qu'ont les Hurons, & notamment la Nation des Ours à receuoir le Christianisme, à quoy feruira grandement que nous auons desia baptifé beaucoup d'enfans; car, difent-ils, nous ne voulons pas abandonner nos enfans, nous defirons aller au Ciel auec eux. Tu peux iuger, difent ils, combien nous agreons tes difcours, puis que nous-nous y trouuons volontiers, & fans mot dire, & que nous permettõs que nos enfans foient baptifez. Il ne faut pas que ie m'oublie à cefte occasion de tefmoigner la satisfaction que nous donne Louys de faincte Foy; il eft vray qu'il nous a autant edifiez & contentez dans le deuoir de Chreftien, qu'il y auoit manqué par le paffé. A ce mois de Septembre il eut vn defir de retourner pour hyuerner chez nous à Kébec, afin d'y rapprendre paisiblement [20] les bons enfeignemens qu'il auoit eu autrefois de nos Peres en France, & fe remettre parfaictement dans le train de la vertu & pieté Chreftienne. Nous approuuions fort ce deffein,

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