& tres-raifonnables, & ceux là doiuent estre moins qu'hommes qui y trouuent à redire; car nos Hurons qui n'ont encor que la lumiere naturelle, les ont trouué fi beaux, & fi conformes à la raifon, qu'apres en auoir ouy l'explication, ils difoient par admiration ca chia attɣain aa arrih8aa, certes voila des affaires d'importance, & dignes d'eftre propofées dans des confeils; ils difent la verité, ils ne difent rien hors de propos, nous n'auons iamais entendu de tels difcours. Entre autres chofes qui leur ont fait auoüer la verité d'vn Dieu, Createur, Gouuerneur & Conferuateur de toutes choses, fut l'exemple que ie leur apportay de l'enfant cõçeu dans le ventre de la mere. Car qui est-ce, disois-ie, finõ Dieu, qui organise le corps de cet enfant, qui d'vne mefme matiere [9] forme le cœur, le foye, le poulmon, bref vne infinie varieté de membres fi neceffaires, & tous fi bien proportionnez & ioints les vns auec les autres: ce n'eft pas le pere, car ces merueilles s'accompliffent en fon absence, & quelquesfois apres fa mort. Ce n'eft non plus la mere, car elle ne fçait ce qui fe paffe dedans fon ventre: que fi c'est le pere ou la mere qui forment ce corps à discretion, pourquoy n'engendrent-ils vn fils ou vne fille quand ils veulent? pourquoy ne produifent-ils des enfans beaux, grands, forts & adroits. Et fi les parens donnent l'ame à leurs enfans? pourquoy ne leur departent-ils à tous de grands efprits, vne heureuse memoire, & toutes fortes de belles & loüables qualitez, veu qu'il n'y a perfonne qui ne defirast auoir de tels enfans, s'il eftoit en fon pouuoir? A cela nos Hurons s'eftonnent, & n'ayant que refpondre, ils cõfeffent que nous difons la verité, & qu'en effet il y a vn Dieu, que d'orefnauant ils le veulent recognoistre, are very just and reasonable, and they must be less than men who find therein anything to censure. Our Hurons, who have as yet only the light of nature, have found them so noble, so agreeable to reason, that after having heard the explanation of them they would say, in admiration, ca chia attwain aa arrihwaa, "Certainly these are important matters, and worthy of being discussed in our councils; they speak the truth, they say nothing but what is to the purpose; we have never heard such discourse." Among other things which made them acknowledge the truth of one God, Creator, Governor, and Preserver of all things, was the illustration I employed of the child conceived in its mother's womb. "Who," said I, "but God forms the body of this child; who out of one and the same material [9] forms the heart, the liver, the lungs,-in short, an infinite variety of members, all necessary, all well-proportioned, and joined one to another? Not the father, for these wonders take place in his absence, and sometimes after his death. Nor is it the mother, for she does not know what takes place in her womb. If it be the father or the mother that forms this body at discretion, why is not a son or a daughter begotten at will? Why do they not produce children, handsome, tall, strong, and active? And, if parents give the soul to their children, why do they not impart to all of them great minds, a retentive memory, and all sorts of noble and praiseworthy qualities, seeing that there is no one who would not desire to have such children if this were in his power?" To all this the Hurons, full of wonder, make no reply. They confess that we speak the truth, and that indeed there is a God; they declare that henceforth they will recognize, le feruir & honorer, defirans d'eftre promptement inftruits, de forte qu'ils demandent que nous leur faffions tous les iours le Catechifme: mais come i'ay defia dit, leur[s] occupations & diuertiffemens ne le permettent pas. [10] Outre cela, la conformité de tous les poincts de la Doctrine Chreftienne leur plaist merueilleufement; car, difent-ils, vous parlez conformément, & toufiours confecutiuement à ce que nous auez dit; vous n'extrauaguez point; vous ne dites rie hors de propos, mais nous autres nous parlõs à l'étourdy, fans sçauoir ce que nous disons. C'est le propre de la fauffeté de s'ebaraffer dans vne infinité de contradictions. Le mal eft, qu'ils font fi attachez à leurs vieilles couftumes, que cognoifsat la beauté de la verité ils fe contentent de l'approuuer fans l'embraffer. Leur répõfe ordinaire eft, oniondech8ten, la couftume de nostre païs eft telle. Nous auons combattu cefte excufe, & la leur auons oftée de la bouche, mais non encores du cœur; noftre Seigneur le fera quand il luy plaira. C'est ainsi que nous agiffons auec les Anciens; car pour autant que les femmes & les enfans nous caufoient beaucoup de trouble, nous auons trouué ceste inuention, qui nous reüffit affez bien: le P. Antoine Daniel, & les autres Peres vont tous les iours par toutes les Cabanes enfeigner aux enfans, foit baptisez ou non, la doctrine Chreftienne, fçauoir eft le figne de la Croix, [11] le Pater, l'Aue, le Credo, les Commandemens de Dieu, l'Oraifon à l'Ange Gardien, & autres briefues prieres; le tout en leur langue, pource que ces Peuples ont vne ineptitude naturelle d'en apprendre vne autre. Les Dimanches nous affemblons toute cefte ieu serve, and honor him; and, desiring to be promptly instructed, they ask us to teach them the Catechism every day; but, as I have said, their occupations and amusements do not permit that. [10] Moreover, the harmony of all points of Christian Doctrine pleases them wonderfully; "For," they say, "you always speak connectedly, and consistently with what you have said; you never wander off, you never speak save to the purpose; we, on the contrary, speak heedlessly, not knowing what we say.' It is a characteristic of falsehood to embarrass itself in a multitude of contradictions. The evil is, they are so attached to their old customs that, knowing the beauty of truth, they are content to approve it without embracing it. Their usual reply is, oniondechouten, "Such is the custom of our country." We have fought this excuse and have taken it from their mouths, but not yet from their hearts; our Lord will do that when it shall please him. Thus, then, we deal with the Old Men. As the women and children caused us much trouble, we have hit upon this plan, which succeeds fairly well. Father Antoine Daniel and the other Fathers go every day through the Cabins, teaching the children, whether baptized or not, Christian doctrine,-namely, the sign of the Cross, [11] the Pater, the Ave, the Credo, the Commandments of God, the Prayer to the Guardian Angel, and other brief prayers, all in their own tongue, because these Peoples have a natural. inaptitude for learning any other. On Sundays, we assemble all these young people twice in our Cabin, which serves as a Chapel. In the morning we get them to assist at Mass, even neffe par deux fois dãs noftre Cabane qui nous fert de Chappelle. Le matin nous les faifons affifter à la Meffe iufques à l'offertoire; deuant laquelle nous faifons folemnellement l'eau beniste, puis ie leur fais dire à tous ensemble apres moy le Pater, l'Aue, & autres prieres qu'ils fçauent. L'aprefdinée ie leur propofe quelque petite demande du Catechifme, & leur fais rendre compte de ce qu'ils ont appris pendant la femaine, donnant à chacun quelque petit prix selon fon merite. Cefte methode coniointe auec ces petites recompenfes a des effects incroyables: car premierement cela a allumé parmy tous les enfans vn fi grand desir d'apprendre, qu'il n'y en a point du tout, pourueu qu'ils fçachent tant foit peu beguayer, qui ne vueillent eftre inftruits, & comme ils font quafi tous d'vn affez bon efprit, c'est auec vn grand progrez; car mesme ils [12] s'inftruisent les vns les autres. Ie ne fçaurois dire le contentement & la confolation que nous donne ceste petite ieuneffe, quand nous confiderons leurs Peres plongez encor dans leurs fuperftitions, quoy qu'ils recognoiffent fuffisamment la verité. Il nous vient en penfée de craindre que Dieu irrité par leurs pechez ne les ayt rebutez encor pour vn temps; car pour les enfans fans doute il leur tend les bras, & les attire à foy; l'ardeur qu'ils tefmoignent à apprendre ce qui regarde le deuoir d'vn Chreftien nous empefche d'en douter; les plus petits se viennent ietter entre nos bras quand nous allons par les Cabanes, & ne fe font point prier pour dire & estre inftruits. Le P. Daniel a trouué l'inuention d'appaifer vn petit enfant, quand il le trouue pleurant entre les bras de fa mere; qui eft de luy faire faire le figne |