Imágenes de páginas
PDF
EPUB

[17] CHAPT. II.

DES RELIGIEUSES NOUUELLEMENT ARIUÉES EN
NOUUELLE FRANCE, & DE LEUR EMPLOY.

C'A

LA

A donc efté cette Année que Madame la Ducheffe d'Aiguillon a dreffé & fondé vne maifon à Dieu en ce nouueau monde, pendant que Dieu luy en prepare vn autre dans les Cieux.: Et il s'eft trouué vne Amazone qui a conduit & estably des Vrfulines en ces derniers confins du monde. Et c'eft chofe bien remarquable, qu'en mefme temps que Dieu touchoit à Paris le cœur de madame la Ducheffe d'Aiguillon, & luy infpiroit de bastir vn HostelDieu pour nos Sauuages qui mouroient dans les bois abandonnez de tout fecours, & qu'elle iettoit les yeux pour [18] ce deffein fur les Religieuses Hospitalieres de Dieppe, il fufcitoit en vn autre endroit de la France vne honeste & vertueufe Dame, & l'inspiroit d'entreprendre le Seminaire des petites filles des Sauuages, & d'en donner le gouuernement aux Vrfulines; & a tellemět difposé les affaires, que fans que l'vne fçeut rien du deffein de l'autre, il s'eft trouué accomply en mefme temps, afin que ces bonnes Religieufes euffent la confolation de trauerfer enfemble l'Ocean, & que les Sauuages receuffent en mefme temps ce double feruice également neceffaire. Ie ferois tort au defir raisõnable de plufieurs, fi ie ne difois icy vn mot de la conduite de cette hōnefte Dame dans toute fon entreprise, elle eft natiue d'Alençon, & fe nomme Magdelaine de

[17] CHAPTER II.

OF THE NUNS RECENTLY ARRIVED IN NEW FRANCE, AND OF THEIR OCCUPATION.

T was in this Year that Madame the Duchess d'Ai

[ocr errors]

2

guillon erected and endowed a house in honor of God in this new world, while God is preparing another dwelling for her in Heaven. And there was found an Amazon, who has led the Ursulines, and established them on these outer confines of the world. It is indeed a remarkable fact that, at the very moment when God touched the heart of madame the Duchess d'Aiguillon in Paris, and inspired her with the idea of building a Hostel-Dieu1 for our Savages who were dying in the forests, abandoned and without any assistance, and while she was thinking [18] of the Hospital Nuns of Dieppe for carrying out her project,— he raised up, in another part of France, a modest and virtuous Lady, and inspired her to undertake the Seminary for the little daughters of the Savages, and to confide its management to the Ursulines. And he so arranged affairs that, without the one knowing anything of the other's design, all was accomplished at the same time, so that these good Nuns might have the consolation of crossing the Ocean together, and that the Savages might benefit, at the same moment, by this double and equally necessary service. I would offend the reasonable desires of many, if I did not say here a word respecting the conduct of that virtuous Lady

Chauuigny, fille de feu Monfieur de Chauuigny, seigneur de Vaubegon, & Prefidet des Eleuz en l'Election d'Alençon: Dés fon bas aage elle fit tout fon poffible pour entrer en Religion, & comẽcoit deflors à practiquer les œuures de pieté & charité Chreftienne; Mais monfieur fon pere l'obligea de fe marier à vn honnefte Gentil-homme nomé Monfieur de la Pelterie, qui la laiffa veufue cinq ans & demy apres le mariage, & fans enfans, [19] n'ayant eu d'elle qu'vne fille, qui mourut incontinēt apres le Baptefme: Si toft qu'elle se veit veufue, elle commença par la lecture des Relations que nous enuoyons tous les ans à penser à bon efcient aux moyens de contribuer à l'inftruction des petites filles Sauuages, & fit faire à cette intention quantité de prieres: car ayant refolu de fe facrifier entierement elle mefme, & tout ce qu'elle pouuoit legitimement de fon bien à la diuine Maiesté, elle defiroit fçauoir de Dieu s'il auroit agreable que ce fut à la Nouuelle France; comme elle eftoit en ce doute, la prouidence de Dieu fe feruit d'vne forte maladie qui la mit fi bas en peu de temps, que les Medecins defefperans de sa santé, l'abandonnerent: comme elle se veit en cét eftat, elle fe fentit fortement inspirée de faire vœu, de confacrer fes moyens & fa personne à la Nouuelle France fans en rien communiquer à perfonne. Vn peu apres le Medecin arriuant, la trouua en bien meilleur eftat, & fans fçauoir ce qu'elle venoit de faire, ny chofe aucune de fon deffein, luy dit; Madame, vostre maladie est allée en Canada, il parloit mieux qu'il ne croyoit, & fit rire le malade, qui fut extremémet aise de voir [20] par cét effect si extraordinaire que Dieu acceptoit fon facrifice: Eftant donc reuenuë en pleine fanté, elle ne fit plus que pen

throughout her undertaking. She is a native of Alençon; her name is Magdelaine de Chauvigny; she is the daughter of the late Monsieur de Chauvigny, seigneur of Vaubegon, and President of the Elected in the Election of Alençon. From her infancy, she did all in her power to enter the Religious life, and commenced even then the practice of works of piety and Christian charity. But her father obliged her to marry an honorable Gentleman, named Monsieur de la Pelterie, who, five and a half years after their marriage, left her a childless widow, [19] having had by her only one daughter, who died immediately after Baptism. As soon as she became a widow, she began, through the perusal of the Relations that we send over every year, earnestly to consider means of contributing to the education of the little Savage girls. With that intention, she caused many prayers to be said; for,-having resolved to sacrifice herself entirely, with all of her fortune that she could legally surrender, to the divine Majesty, she desired to learn from God whether it would be agreeable to him that she should do so in New France. While she was in doubt, God's providence employed a violent illness which, in a short time, brought her so low that the Physicians despaired of her recovery, and gave her up. Seeing herself in this condition, she felt strongly inspired to vow that she would devote her wealth and her person to New France, without communicating aught of this to any one. Shortly after, the Physician came, and found her condition greatly improved; and without knowing what she had done, or having any inkling of her design-he said to her: "Madame, your disease has gone to Canada." He spoke

Mais Mr fon Pere,

fer à l'execution de fon deffein. qui viuoit encore, la preffoit cependant de se remarier, iufques-là qu'il la menaça à bon efcient de la desheriter fi elle ne luy obeyffoit: comme elle veit que fon Pere parloit à bon efcient, & qu'à faute d'vfer de quelque cõdefcendance elle fe mettoit en danger de ruiner tout fon pieux deffein; elle prit refolution de feindre qu'elle vouloit fe remarier, & par ce moyen fe remit en la bonne grace de fon Pere, qui fur ces entrefaictes paffa de cette vie à l'autre. Lors fans differer, ayant partagé fon bien auec sa fœur, elle vint à Paris en Ianuier, & là ayant conferé de fon entreprise auec plufieurs faints & doctes perfonnages qui l'approuuerent, s'en alla à Tours, où il y auoit vne Vrfuline de fa cognoiffance fort vertueufe & tres-zelée, qui depuis long-temps foûpiroit apres la Nouuelle France. Il n'eft pas croyable comme elle fut bien receuë de Monfeigneur l'Illuftriffime & Reuerendiffime Archeuefque de Tours qu'elle alla falüer, & luy declara naïfuement tout fon [21] deffein. Ce venerable Prelat tres-affectionné au falut des Ames, admirant le courage & la vertu de cette Dame, & luy ayant fait paroistre les grandes affections qu'il auoit pour les miffions de la Nouuelle France, luy promit tout le fecours & l'affiftance qui dépendoit de luy? Les Vrfulines d'autre part la receurent à bras ouuerts, & paffant par deffus mille difficultez, luy accorderent la Religieufe qu'elle demandoit, & pour compagne luy donerent vne autre Religieufe pleine de courage & de vertu, fille de Monfieur de Sauoniere, Seigneur de la Troche & de Sainct Germain en Anjou, qui ayant de premier abord refifté à ce choix qu'on auoit fait de fa fille pour ce deffein, y dōna par

« AnteriorContinuar »