Imágenes de páginas
PDF
EPUB

de nous perdre, ou d'y perir. Noftre perte cauferoit celle d'vn nombre innombrable d'ames; la fienne feroit reuiure tout ce païs, & y feroit regner la paix, dont la France goufte à prefent les douceurs, & defquelles elle peut nous faire part si elle veut. Qu'elle dife feulement ie le veux; & auec ce mot elle ouure le Ciel à vne infinité de Sauuages, [24] elle donne la vie à cette colonie, elle fe conferue fa nouuelle France, & s'aquiert vne gloire digne d'vn Roiaume tres-Chreftien, qui porte des Fils aifnez de l'Eglife, & des heritiers du grand S. Loüis; heritiers, dis-ie, non feulement de fa pieté, mais encore de fes conqueftes; puisque s'il a autrefois planté les fleurs de Lis dans le fein du Croiffant, ce ne fera pas auiourd'huy vne conqueste moins glorieuse, d'vne terre d'infidelle, en faire vne terre Sainte, & retirer la terre Sainte des mains des infideles: encore vne fois, que la France veüille deftruire l'Iroquois, il fera deftruit; Car qu'est-ce que cet Iroquois, qui fait tant parler de luy? deux Regimens de braues Soldats l'auroit bien-toft terraffé? La plufpart de nos Gens, plus accouftumez à manier [25] la houë que l'épée, n'ont pas la refolution du Soldat. Il y a quelque temps que Monfieur noftre Gouuerneur donnant la chaffe à cet ennemi dans des chalouppes, fe voiant proche du lieu où il s'étoit retiré, commanda qu'on mist pied à terre; perfonne ne branfla: il fe iette le premier à l'eau iufques au ventre, tout le monde le fuiuit. De bons Soldats auroient deuancé leur Capitaine: nous efperons qu'on nous en enuoira, & de bons, puifque la Paix donne lieu d'en choisir.

France is now tasting, and can share with us if she will. Let her only say, "I will;" and with the word she opens Heaven to a host of Savages, [24] gives life to this colony, preserves her new France, and acquires a glory worthy of a most Christian Kingdom, which bears elder Sons of the Church and heirs of the great St. Louis,- heirs are these not only of his piety, but also of his conquests; since, if in times past he planted the Lilies in the bosom of the Crescent, it will at the present day be a no less glorious conquest to make a Holy land of one that is infidel, and to rescue the Holy land from the possession of the infidels. Once more, let France determine to destroy the Iroquois, and he will be destroyed. For what is this Iroquois who causes himself to be talked about so much? Two Regiments of brave Soldiers would very soon overthrow him. Most of our Men, more used to handling [25] the hoe than the sword, have not the Soldier's determination. Some time ago, when Monsieur our Governor was pursuing these enemies in shallops, and found himself near the spot whither they had retreated, he gave orders to disembark. No one stirred; he was the first to leap into the water, up to his waist, and then all the rest followed him. Good Soldiers would have preceded their Captain; and we hope that such will be sent us, now that Peace makes. it possible to select them.

CHAPITRE II.

DE L'ESTAT DU PAÏS DES IROQUOIS, & DE LEURS

C

CRUAUTEZ.

E qu'vn Poëte a dit de la fortune, que fon ieu le plus [26] ordinaire, est de brifer des fceptres, mettre bas des couronnes, & en tournant fa rouë faire monter les vns fur le trofne par les mefmes degrez par lefquels elle precipite les autres, Ludum infolentem ludere pertinax; & ce que l'Hiftoire nous apprend du renuerfement des Eftats, du débris des Republiques, & des reuolutions, qui ont fait û fouuent changer de face à l'Empire des Grecs, des Perfes, des Romains & des autres nations, peut trouuer place icy, fi parua licet componere magnis.

Cette aueugle inconftante ne laiffe pas de prendre fes diuertiffemens dans des cabanes de Sauuages, & parmi des forests, auffi bien que dans les palais des Rois, & au milieu des grandes Monarchies; elle fçait ioüer fon ieu par tout, & par tout elle fait de fes [27] coups, bien plus illuftres de vrai, quand ils tombent fur l'or & fur l'efcarlate, que quand ils ne frappent que fur des Eftats de bois, & ne ruinent que des villes d'écorce; mais aprés tout elle eft egalement fafcheufe aux vns & aux autres.

Des cinq peuples qui composent toute la nation Iroquoife, ceux que nous appellons les Agnieronnons, ont tant efté de fois au haut & au bas de la rouë en moins de foixante ans, que nous trouuons

CHAPTER II.

OF THE CONDITION OF THE COUNTRY OF THE IROQUOIS, AND OF THEIR CRUELTIES.

WHA

WHAT a Poet has said of fortune,- that her most customary game [26] is to break scepters, abase crowned heads, and, in rolling her wheel, raise some to the throne by the same movement whereby she casts others down, Ludum insolentem ludere pertinax,—and what History teaches us of the overthrow of States, of the downfall of Republics, and of the revolutions that have so often changed the face of the Empires of the Greeks, Persians, Romans, and other nations, may be applied here, si parva licet componere magnis.

This blind and fickle dame does not refrain from taking her diversion in Savages' cabins and amid forests, as well as in Kings' palaces and in the midst of great Monarchies. She can play her game everywhere, and everywhere she deals her [27] blows, which in truth are more remarkable when they fall on gold and scarlet than when they strike only States of wood and destroy only towns of bark. But, after all, she causes equal vexation to both classes.

Of the five tribes constituting the entire Iroquois nation, that which we call the Agnieronnons has been so many times at both the top and the bottom of the wheel, within less than sixty years, that we find in history few examples of similar revolutions. Insolent in disposition, and truly warlike, they have

dans les hiftoires peu d'exemples de pareilles reuolutions. Comme ils font infolens de leur naturel, & vraiement belliqueux, ils ont eu à démesler auec tous leurs voifins; auec les Abnaquiois, qu'ils ont vers l'Orient; auec les Andaftogehronnons vers le midy, peuple qui habite les coftes de la [28] Virginie; auec les Hurons au Couchant, & auec toutes les Nations Algonkines éparfes dans toutes les parties du Nord. Nous ne pouuons pas remonter bien haut dans la recherche de ce qui s'eft paffé parmi eux, puifqu'ils n'ont point d'autres Bibliotheques que la memoire des vieillards, & peut-eftre n'y treuuerions-nous rien qui meritaft le iour. Ce que nous apprenons donc de ces liures viuans, eft que vers la fin du dernier fiecle, les Agnieronnons ont esté reduits si bas par les Algonkins, qu'il n'en paroiffoit presque plus fur la terre; que neantmoins ce peu qui reftoit, comme vn germe genereux auoit tellement pouffé en peu d'années, qu'il auoit reduit reciproquement les Algonquins aux mefmes termes que luy; mais [29] cet estat n'a pas duré long-temps, car les Andaftogehronnons leur firent fi bonne guerre pendant dix années, qu'ils furent renuerfez pour la feconde fois, & la nation en fut prefque efteinte, du moins tellement humiliée, que le nom feulement d'Algonkin les faifoit fremir, & fon ombre fembloit les poursuiure iufques dans leurs foiers.

C'eftoit au temps que les Hollandois s'emparerent de ces coftes-là, & qu'ils prirent goust au castor de ces peuples, il y a quelques trente ans: & pour les gagner dauantage, ils leur fournirent des armes à feu, auec lefquelles il leur fut aifé de vaincre leurs vainqueurs, qu'ils mettoient en fuite, & qu'ils rempliffoient

« AnteriorContinuar »