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parens, honorans fon courage, l'affurerent qu'ils ne s'éloigneroient pas de la maison de priere.

Les faints Peres, parlans de la chafteté, la font paffer, pour vne vertu descenduë des Cieux: pour vne beauté, inconnuë à la nature: & pour l'vne des plus belles filles, ou des plus beaux fruits de la grace. Ce fruit commence à paroiftre, dans les vergers de ces nouuelles Eglifes. I'apprends qu'vn ieune Huron, âgé d'enuiron trente ans, fortement follicité, depuis [161] quatre ans, de fe marier: a toûjours refifté. Enfin, comme fes proches, le preffoient extraordinairement, par des confiderations puiffantes: il alla trouuer l'vn des Peres, qui ont foin de cette Eglife, & luy dit ce peu de paroles. Mon Pere, on me dit tous les iours, marie toy; quelle est ta pensée? determine moy. Le Pere luy repartit, qu'il n'eftoit pas defendu de fe marier: qu'il le pouuoit faire. Oüy, mais repart le ieune homme, lequel des deux eft plus agreable à Dieu; de se marier, ou de ne se pas marier? Le Pere luy répondit, que ceux qui renonçoient aux plaisirs de la terre, pour mieux feruir IESVS-CHRIST, luy eftoient plus agreable. C'est affez, replique ce bon Neophyte, il ne faut plus me parler de mariage. [162] Adieu mon Pere, ie n'auois que ce mot à te dire.

Le Pere, qui nous a fait part de cét entretien, adjoufte, qu'ayant, certain iour, rencontré vne vefue affez ieune, venant du trauail: luy dit, la voyant fort mal vestuë, marchant pieds nuds, à cause de sa pauureté. Ieanne, (c'est le nom qu'elle a receuë au Baptefme) la peine que tu prends, pour nourrir tes pauures enfans, me fait croire, que tu ferois bien foulagée, fi tu prenois quelque bon mary, qui te

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maidens if you forsake me.' Her parents respected her courage, and assured her that they would not go away from the house of prayer.

“The holy Fathers, in speaking of chastity, affirm it to be a virtue descended from Heaven, a beauty unknown to nature, and one of the fairest daughters, or one of the finest fruits, of heavenly grace. This fruit is beginning to appear in the orchards of these new Churches. I learn that a young Huron, who is about thirty years old, and has been for the past four years strongly urged [161] to marry, has always resisted. At length, when his relatives, by weighty arguments, pressed him with unusual persistence to take this step, he went in quest of one of the Fathers who have charge of that Church, and thus briefly addressed him: ‘My Father, I am told every day to marry; what is thy opinion? Decide for me.'

The Father answered him that it was not forbidden to marry, and that he could do so. • Yes,' returned the young man; 'but which of the two is more pleasing to God, to marry or not to marry?' The Father replied that those who renounced the pleasures of earth, for the sake of serving JESUS CHRIST better, were more acceptable to him. • That is enough,' rejoined this good Neophyte; 'there must be no more talk of marriage to me. [162] Good-bye, Father; that is all I had to say to thee.'

“The Father who communicated this conversation to us adds that, meeting one day a widow, still quite young, on her way from work, and seeing that she was very poorly clad,- she was walking barefoot because of her poverty,- he said to her: ‘Jeanne' (that is the name which she received at Baptism), the trouble thou takest to feed thy poor children

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fecourût. La pauure femme répondit par les yeux, verfant beaucoup de larmes. Helas, fit-elle, où trouueray-ie vn mary, semblable à celuy que i'ay perdu? Il faut confeffer, luy dit le Pere, que c'estoit vn grand homme de bien: mais il n'eft pas impoffible d'en trouuer vn femblable, qui te [163] fecoure autant que celuy que Dieu t'auoit donné. Il n'importe, répond-elle, ie ne veux pas me remarier. Il y a long-temps, que i'aurois vefcu comme fœur, auec mon mary, fi on m'eut permis de faire ma volonté. Le defir que i'ay de me fauuer, m'éloigne du mariage. Oüy, mais tu ne laifferas pas de te fauuer estant mariée? Il eft vray: mais ie ne ferois pas fi agreable à IESVS-CHRIST. Luy as-tu promis, de ne te plus remarier? non pas: mais i'ay deffein la premiere fois que ie me communieray, de luy dire ces paroles. Mon Dieu, ie renonce aux plaisirs du mariage. Ie prefere ton plaifir au mien. Les plaifirs d'icy bas font courts, ceux du Ciel font eternels. Ceux qui ne gouftent pas, les bons fentimens des Sauuages, [164] diront que celuy-cy, vient plutoft de l'efprit de Dieu, que de l'efprit d'vn Sauuage.

Comme les bons arbres, produifent de bons fruicts: cette genereufe Chreftienne a vne fille, qui fuit les faintes inclinations de fa bonne mere. Cette enfant demeure auec les Religieufes hofpitalieres, feruant d'Interprete aux pauures Hurons malades; dont il y en a eu bon nombre toute l'année, dans cette maison de mifericorde. Elle a l'efprit fi bon, qu'elle a appris en moins de deux ans, la langue Françoise, & en fuitte, à lire & à écrire: en forte, qu'elle deuance les petites Françoifes. Elle est d'vn fi bon naturel,

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makes me think that thy lot would be much lighter if thou wouldst take some good husband to help thee.' The poor woman made answer with her eyes, shedding many tears. Alas!' said she; 'where shall I find a husband like the one I have lost?' 'It must be admitted,' replied the Father, ‘that he was a very excellent man; but it is not impossible to find one like him, to [163] aid thee as much as did he whom God had given thee.' 'It makes no difference,' she answered; “I am determined not to marry again. If I had been permitted to do as I wished, I would, long ago, have lived with my husband as a sister. Regard for my salvation estranges me from the thought of marriage.' 'Yes, but wilt thou not be saved just the same, even if thou art married?' ' It is true, but I would not be so acceptable to JESUS CHRIST.' Hast thou promised him not to marry again?' 'No; but I intend, the first time I receive communion, to say these words to him: “My God, I renounce the pleasures of marriage. I prefer thy pleasure to my own. The pleasures here below are short; those of Heaven are eternal." Those who take no delight in the Savages' good impulses, [164] will say that this one was rather inspired by the spirit of God than that it originated in the mind of a Savage.

As good trees bring forth good fruit, this noble Christian woman has a daughter who inherits the holy inclinations of her good mother. This child lives with the hospital Nuns, acting as Interpreter for the poor Huron patients, of whom there has been a goodly number all the year in that house of mercy. She is so intelligent that she mastered the French language in less than two years; and then

que iamais elle ne s'excufe, dans la correction de fes petits deffauts: & fi on accufe quelqu'vne [165] de fes compagnes, elle dit, pour l'ordinaire, que c'est elle qui a fait la faute: & qu'elle n'a point d'esprit. Il n'y a pas long-temps, qu'elle a fait fa premiere Communion; & pour preuue, qu'elle connoiffoit celuy qui la venoit vifiter, elle s'offrit d'elle-mefme à luy, le fuppliant de la retenir en fa maison, & de luy faire la grace d'eftre Religieufe. Elle a vne fi forte creance, qu'il luy accordera cette faueur, qu'elle ne veut iamais fortir du Monaftere, où elle eft: pour aller voir fa bonne mere, & fes parens, qui ne font qu'à deux lieues de Quebec. Et s'ils la viennent voir, elle a fi peur, qu'ils ne luy parlent, de mettre le pied hors de cét Hofpital, qu'elle les expedie en quatre paroles. Ce qui eft peu ordinaire à des enfans: mais [166] celuy qui dõne le poids aux vens, & qui fe plaift dans l'innocence, rend leurs cœurs folides, & leurs langues difertes, quand il luy plaist.

Difons en paffant, puis que nous parlons de l'Hofpital, ce que i'ay leu dans vn bout de lettre, qu'vn Sauuage fort opiniaftre, & fort éloigné de la Foy, ayant esté porté en cette maison de Dieu, pour y estre pensé, fut si surpris, & si estonné, voyant la douceur, la bonté, la modeftie, & la charité de ces bonnes Meres, qu'il ne faifoit autre chofe, que de reïterer ces paroles; Mais, que pretendent ces filles, qu'attendent-elles de ces malades qui n'ont rien? elles dõnent leurs viures, leurs moyes, leur trauail, auec tant de bonté, & on ne leur donne rien! Il faut [167] bien, qu'elles efperent d'autres biens, apres cette vie? ces pensées liquefierent ce cœur de fer, qui fe

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