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Le quatrième, compofé de fix grands coliers, pour les fix Nations, [142] auec lefquelles ces Ambassadeurs renouuelloient leurs alliances, representoit les robes, dont elles fe deuoient reueftir. Comme nous n'auons plus qu'vn cœur, il ne faut plus qu'vne façon d'habits, ou de robes: afin que tous ceux qui nous verrõt, croyent que nous fommes tous freres, veftus de mefme parure; & que celuy qui en offenfera l'vn, offenfera l'autre.

Cela fait: ce bon homme s'affit au milieu de la place. Il prend deux grands petunoirs, faits d'vne pierre verte, belle, & fort polie, longs d'vne coudée, c'eftoit le cinquiéme present. Il en remplit vn de tabac, il y met le feu, & en fucce, ou en tire la fumée fort grauement. Toute l'affemblée le regardoit, ne fçachant pas ce qu'il vouloit dire. Enfin apres auoir [143] bien petuné à son aise. Mes freres, dit-il, ces deux pipes, ou ces deux petunoirs, font à vous. I1 faut dorefnauant, que nous n'ayons plus qu'vn souffle, & qu'vne feule respiration, puis que nous n'auons plus qu'vne mefme ame.

Et venant au fixiéme present, qui consistoit en des liens de porcelaine, enfilez en braffes, & en quelques coliers. Ah! mes freres, s'écria-t'il, que les liens de ces pauures prifonniers, nous ont mis en grand danger de tous coftez! mais enfin les voila bas; le danger eft paffé. Vos Peres, ont autrefois contracté alliance, auec nos Anceftres: cela s'eftoit mis en oubly: vn mauuais rencontre, a fait du mal à nos gens, & du bien à toutes nos Nations: car nous ne nous connoiffions plus: nous estions égarez, & nous voila reünis. Ouy, [144] mais nos pauures gens, ont les doigts coupez? on les a baftonnez? on les a tourmen

The fourth, comprising six large collars, for the six Nations [142] with whom these Ambassadors were renewing their alliances, represented the robes with which these nations ought to reclothe themselves. “ As we have henceforth only one heart, we need only one kind of coat or robe, in order that all who shall see us may understand that we are all brothers, clothed in the same costume, and that he who shall offend one of us will offend the others.”

That done, this good man seated himself in the middle of the room and took two large tobacco-pipes, a cubit in length and made of a beautiful, highlypolished green stone; these constituted the fifth present. He filled one of them with tobacco, applied fire to it, and sucked or drew the smoke from it with great gravity. All the assembly looked at him, not knowing what he meant. At length, after he had [143] smoked very much at his ease, “ My brothers," said he,“ these two tobacco-pipes are yours. We must in the future have only one breath and a single respiration, since we have only one and the same soul."

And coming to the sixth present, which consisted of porcelain strung in brasse-lengths, and in a number of collars, “ Ah, my brothers," he cried, “ in what great dangers on all sides have we been placed by the bonds of those poor prisoners! But at length they are loosed, and the danger is past. Your Fathers formerly contracted an alliance with our Ancestors. That had been forgotten, and an unlucky event caused harm to our people and good to all our Nations; for we had ceased to know one another, we had gone astray, and lo! we are reunited. Yes, [144] but have not our poor people had their fingers cut off? have

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tez? ce n'est pas vous, mes freres, qui auez fait ce coup. Ce font ces mefchans Iroquois, qui vous ont tant fait de mal. Vostre veuë bleffée par ces malheureux, nous a pris pour des ennemis: vous nous auez frapez, croyans frapper des Iroquois. C'est vne méprise: nous n'en difons mot.

Son difcours finit. Noel Tekouerimat, Capitaine de Sillery, prit la parole, au nom de tous les autres Capitaines. Il remercia fort humainement ces Ambaffadeurs, les loüant de ce qu'ils auoient de l'amour pour la paix, & pour la bonne intelligence, auec les Alliez de leurs Ancestres. Et poursuiuant fon difcours, il fit voir à toute l'affemblée, & notamment [145] aux Hurons, qui s'estoient monstrez fort contraires aux pensées de la paix, prenans ces prifonniers pour de vrais ennemis, combien il eftoit important, de ne fe point precipiter, en des affaires de telle confequence: combien il eftoit à propos, de renoüer l'ancienne amitié, qu'ils auoient euë auec ces peuples.

Pour conclufion: les Ambaffadeurs, voyans qu'ils auoient esté écoutez fauorablement, qu'on auoit agrée leurs prefens, & relasché leurs prifonniers, fe mirent à danfer, & à entonner vne chanfon, de toute l'estenduë de leur voix, & de toute la force de leur poulmon: leur chanfon ne portoit que ces trois mots: C'est maintenant qu'il fe faut réjouyr, puifque nos prefens sõt acceptez. La ieuneffe, par le cõmandement [146] des Capitaines, fe mit de la partie, pour rendre la ioye publique: les ieunes homes dançans à part, & les filles à part, fe fuiuans neantmoins les vns les autres, à la mode du pays. Ainfi fe termina toute cette ceremonie.

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they not been beaten and tortured?

It is not you, my brothers, who dealt this blow; it is those wicked Iroquois, who have done you so much harm. Your eyes, injured by those wretches, took us for enemies, and you struck us, thinking you were striking Iroquois. It was a mistake; we will say nothing about it.”

His speech ended, Noel Tekouerimat, Captain of Sillery, took the word, in the name of all the other Captains. He thanked these Ambassadors very kindly, praising them for entertaining a love for peace and a good understanding with their Ancestors' Allies. And, continuing his speech, he made it manifest to all the assembly, and especially [145] to the Hurons, who had shown themselves much

opposed to thoughts of peace, taking these prisoners for real enemies,- how important it was not to act with precipitation in affairs of such consequence; and how fitting it was to reëstablish the old-time friendship they had had with these peoples.

In conclusion, the Ambassadors, seeing that they had been heard with favor, that their presents had been accepted, and their prisoners set free, began to dance, and to sing a song with the full volume of their voices and all the strength of their lungs. Their song contained only these few words: “Now is the time to rejoice, since our presents are accepted.” By order of the Captains, the young people [146] joined them, in order to render the joy public, - the young men dancing by themselves and the girls by themselves, following one another, however, after the manner of the country. Thus ended that whole ceremony.

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CHAPITRE VII.

LA PAUVRETÉ & LES RICHESSES DU PAYS.

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AMAIS il n'y eut plus de Castors dans nos lacs, &

dans nos riuieres: mais iamais il ne s'en eft

moins veu dans les magasins du pays. Auant la desolation des Hurons, les cent canots venoient en traite, tous chargez de Caftor. Les Algonquins en apportoient de tous costez, & chaque année, on en auoit pour deux cens & pour [147] trois cens mil liures. C'estoit-là vn beau reuenu, dequoy contenter tout le monde, & dequoy supporter les grandes charges du pays.

La guerre des Iroquois a fait tarir toutes ces sources. Les Castors demeurans en paix, & dans le lieu de leur repos.

Les flottes de Hurons ne defcendent plus à la traite. Les Algonquins sont depeuplez: & les Nations plus esloignées, se retirent encore plus loin, craignans le feu des Iroquois. Le magasin de Montreal, n'a pas achepté des Sauuages vn seul Castor, depuis vn an.

Aux Trois Riuieres, le peu qui s'y est veu, a esté employé pour fortifier la place, où on attendoit l'ennemy. Dans le magasin de Quebec, ce n'est que pauureté; & ainsi tout le monde a sujet d'estre mécontent, n'y [148] ayant pas de quoy fournir, au payement de ceux, à qui il est deu: & mesme n'y ayant pas de quoy supporter vne partie des charges du pays, les plus indispensables.

Les riuieres les plus profondes, & les plus riches

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