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auec ma fœur, qui m'auoit donné la vie, pour me mener en la plus grande des Bourgades Iroquoifes: afin d'affifter aux confeils, & aux affemblées, où on deuoit parler de la paix. Ie remarquay qu'on amaffoit par tout des prefens, pour me reconduire à Quebec. Ce n'eftoient plus que feftins, dans lefquels, on me faifoit tout le bon accueil poffible. Enfin le iour de S. Michel, [78] il fut arrefté, qu'on iroit demander, & conclurre la paix auec les François, & auec leurs Alliez. Cette conclufion fut prise, en la Bourgade, où le premier François, le bon René Goupil, compagnon du Pere Ifaac Iogues, auoit esté tué par les Iroquois, le mefme iour de S. Michel. Ie m'eftois toufiours attendu, que cette feste, ne se pafferoit pas, fans quelque chofe de remarquable.

Trois iours apres cette refolution, on me dit, que le Capitaine qui m'auoit conduit au quartier des Hollandois, me conduiroit au païs des François; non par eau, à caufe des tempeftes, qui font ordinairement en cette faifon, fur le lac de Champlain, par où il eut fallu paffer: mais par vn autre chemin, tres-fascheux pour moy; dautant qu'il falloit marcher sept [79] ou huit iours à pied, dans ces grandes forefts, & ie n'auois ny force, ny jambes pour vn si grand trauail. Au bout de ces huit iournées, on trouue vne riuiere, fur laquelle on vogue enuiron deux iours, & puis on rencontre le grand fleuue de faint Laurens, dans lequel fe defcharge cette riuiere, à foixante lieuës, ou enuiron, au deffus de l'Ile de Montreal, affez proche du lac nommé l'Ontario.

Ie me fouuins pour lors de S. Iofeph, qui porta Noftre Seigneur en Egypte, par les deferts d'Arabie, comme on croit, ie le priay de me feruir de guide, &

I observed that presents were being everywhere collected, to accompany my escort back to Quebec. There was nothing but feasting, and I was given the best possible reception at these gatherings. At length, on St. Michael's day, [78] it was decreed that they should solicit and conclude a treaty of peace with the French and their Allies. This conclusion was reached in the Village where the first Frenchman, the good René Goupil, companion to Father Isaac Jogues, had been killed by the Iroquois on that very day of St. Michael. I had always expected that this festival would not pass without some important occurrence.

“ Three days after this resolution, I was told that the Captain who had escorted me to the Dutch settlement would be my conductor to the country of the French,- not by water, because of the storms which ordinarily prevail at this season upon lake Champlain, over which we must have passed; but by another route, which was very fatiguing to me, as we had to proceed [79] on foot through those great forests for seven or eight days, and I had neither strength nor legs for so great an undertaking. At the end of these eight days is found a river upon which we proceed by boat for about two days, and then we come to the great river saint Lawrence, into which the first empties its waters, sixty leagues or thereabout above the Island of Montreal, and not far from the lake called Ontario.

I at that time recalled to mind St. Joseph, who bore Our Lord to Egypt through the deserts of Arabia, as is believed; and I prayed him to serve me as guide and support in the fatigues of this journey. I had always had frequent recourse to his protection in

I'auois

de support, dans les fatigues de ce voyage. toûjours eu grand recours à sa protection, dans tous mes trauaux; comme auffi à S. Michel, protecteur de l'Eglife, & de la France. Et il arriua, comme i'ay [80] apris depuis, que le quatriéme de Septembre, iour auquel i’entray pour la premiere fois, en vne Bourgade Iroquoife, qu'on chanta à Kebec le Te Deum, dãs vne petite Eglise dediée à S. Ioseph, en actio de grace de ma deliurance, & de mon retour aux Trois Riuieres; vn bruit s'eftant éleué, fans qu'on en ait iamais pû découurir le premier autheur, que ie m'estois échappé des mains de l'Ennemy. Et ce mefme iour, on alla presenter le Sacrifice de la Meffe pour le mefme fujet, en l'Ance de S. Iofeph, dans vne Eglife dediée à Dieu, fous le nom de S. Michel; que nous pouuons appeller l'Ange de nostre paix, puis qu'elle a esté concluë le iour de sa feste, au païs des Iroquois.

Enfin, le troifiéme d'Octobre, ie quittay le dernier Bourg des [81] Iroquois pour retourner à Quebec. Ie rencontray fur vne petite coline, vn peu éloignée du Bourg, les Capitaines, & les Anciens du païs, qui m'attendoient: auec les prefens qu'ils enuoyoient, comme les contracts de la paix. Ils me firent leur derniere harangue, m'excitant à lier fortement nostre nouuelle alliance. Mon conducteur s'eftant chargé des presens, nous pourfuiuifmes noftre chemin, & fifmes feulement quatre lieuës cette premiere iournée. Tous ceux que nous auions à la rencontre, me faifoient quelque careffe à leur mode, & me prioient de moyenner vne bonne paix auec les François.

Ie commençay, & acheuay ce chemin par terre, auec des peines inconceuables. Nous partismes vn

all my labors, as also to that of St. Michael, protector of the Church and of France; and it happened, as I have [80] since learned, that on the fourth of September, the day on which I entered an Iroquois Village for the first time, the Te Deum was sung at Kebec in a little Church dedicated to St. Joseph. This was in thanksgiving at my deliverance and my return to Three Rivers,- a report having arisen, though the first author of it could never be discovered, that I had escaped from the hands of the Enemy. On that same day, too, the Sacrifice of the Mass was offered for the same reason at the Cove of St. Joseph [Sillery], in a Church dedicated to God under the name of St. Michael,— whom we may call the Angel of our peace, since that was concluded in the country of the Iroquois on the day of his festival.

At length, on the third of October, I left behind me the last Village of the [81] Iroquois, to return to Quebec. On a little hill at a short distance from the Village, I met the Captains and Elders of the country, who were waiting for me with the presents which they sent in ratification of the peace. They made me their last harangue, urging me to bind our new alliance firmly. My conductor having taken charge of the presents, we pursued our journey, accomplishing only four leagues on that first day. All those whom we met bestowed some endearment on me, according to their custom, and begged me to use my influence in concluding a satisfactory peace with the French.

I began and completed this journey by land, with inconceivable fatigues. We started upon a Friday, the third of October; [82] and we arrived at the first river that I mentioned above on Saturday, the elevPour mon pauure compagnon, il fut mené le Dimanche en vne autre Bourgade, & brusé le Lundy, (71) iour de la Natiuité de la sainte Vierge, qui m'auoit deliuré dés la premiere entrée de la feste.

A trois iours de là, on apporta dans la Bourgade où i'estois, des nouuelles de l'armée, qui estoit allée au Trois Riuieres. le fus vn assez long-temps dans les alarmes de la mort, ne sçachant pas, si elles estoient bonnes ou mauuaises: eftant bien affeuré, que ie ferois l'objet de leurs vengeances, au cas qu'elles fuffen[t] mauuaises.

Mais enfin, il vint vn Capitaine, qui auoit charge de me faire donner la vie, & de me reconduire aux Trois Riuieres. Il écheut par vne prouidence toute particuliere, que cét homme estoit de la famille, où i'auois esté donné, & frere de celle qui m'auoit adopté pour son frere. Il demeuroit dans [72] vne autre Bourgade, d'où il m'enuoya deux Hurons, pour m'inuiter de l'aller voir. Ces bõnes gens dirent des merueilles de moy, aux Iroquois; les assurans, que iettois [sc. i'estois] regretté de tous les François, & que de ma vie, & de mon retour, dependoit la vie de leurs compatriotes, qu'on auoit laissés pour oftages aux Trois Riuieres. Ces discours me firent autant confi.

. derer que i'auois esté méprisé. Le Capitaine dont ie viens de parler, fut rauy me voyant encor en vie, il me donna vn vieux chapeau, qui me fit plaisir, pource qu'il y auoit douze iours que i'al[l]ois nuë teste. Il me promis de me mener aux Hollandois, pour me faire habiller: & en suitte, de me ramener aux pays des François.

On commança, sur le rapport de ce Capitaine, à faire des assemblées: [73] & à tenir des conseils pour

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