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CHAPITRE II.

DE CE QUI S'EST PASSÉ A MONTREAL.

E fecours extraordinaire, qu'on a enuoyé en cette habitation, au dernier embarquement; [11] a donné de la ioye, non feulement aux François, qui y font leur demeure: mais encor à tout le païs. Quelques perfonnes de merite, & de vertu, qui ayment mieux eftre connues de Dieu, que des hommes: ayans donné dequoy leuer vne bonne efcouade d'ouuriers, femblables a ceux qui rebatiffoient ladis le Temple de Ierufalem, manians la truelle d'vne main, & l'épée de l'autre: on a fait paffer a Montreal, plus d'vne centaine de braues Artifans; tous fçauans dans les métiers qu'ils profeffent, & tous gens de cœur pour la guerre. Dieu beniffe au centuple, ceux qui ont commancé cet ouurage, & leur donne la gloire d'vne fainte perseuerance, pour la mettre à chef.

Les Peres de noftre Compagnie, [12] qui font en cette habitation, voyans que les Iroquois la muguetoient inceffamment, faifans des courfes dedans l'Ifle: dreffans à toute heure des embufcades: tenans nos François fi étroitement affiegés, qu'on n'osoit tant foit peu s'ecarter, fans vn danger euident de perdre la vie; comme il arriua a vn pauure miserable, qui pour n'auoir pas fuiuy les ordres, qu'on luy auoit donnés: tomba malheureufement dans les armes de ces chaffeurs d'hommes. Nos Peres dy-ie voyans

CHAPTER II.

OF WHAT OCCURRED AT MONTREAL.

TH

HE extraordinary assistance that was sent to

this settlement by the last shipment [11] gave

joy not only to the French who live there, but also to the whole country. Certain persons of merit and virtue, who choose to be known of God rather than of men, having given the means to raise a suitable company of workmen,- like those who, in days of Yore, rebuilt the Temple of Jerusalem, wielding the trowel with one hand and the sword with the other, there were sent over to Montreal more than a hundred worthy Artisans, all well versed in the trades that they professed, and all men of courage for war. May God bless a hundredfold those who began this work, and give them the glory of a holy perseverance in pushing it to completion.

The Fathers of our Society (12] who are at this settlement observed that the Iroquois were incessantly striving to obtain it, making sallies into the Island, continually laying ambuscades, and holding our French so closely besieged that no one ventured upon a ramble, to even the least distance, without manifest danger of losing his life,-as was shown by what happened to one poor wretch, who, because he did not obey the orders that were given him, unhappily fell into the hands of these hunters of men. Our Fathers, I say, seeing the imminence of these dangers, induced our French to have recourse

ces dangers fi preffans, porterent nos François à auoir recours à la fainte Vierge par quelque deuotion extraordinaire. On fit des ieufnes, des aumofnes, on inftitua les oraifons de quarante heures, on offrit plufieurs communions en fon honneur, bref on [13] fit vn vœu folemnel de celebrer publiquement la feste de fa presentation, demandant à Dieu par l'entremise de cette Mere des bontés, ou qu'il arrêtast la fureur de ces ennemis, ou qu'il les exterminast, s'il preuoyoit, qu'ils ne fe vouluffent pas conuertir, ny rendre à la raison; Chose étrange, & tres-remarquable, les Iroquois depuis ce temps-là, non feulement n'ont eu aucun auantage deffus nous, mais ils ont perdu beaucoup de leur monde, dans leurs attaques, & Dieu à la parfin, les a fi fortement touchés, qu'ils ont demandé la paix.

La protection de cette Reyne des hommes & des Anges parut dans vn certain rencontre, d'vne façon toute particuliere. Vingt fix François, fe trouuans renfermés au milieu de deux cent Iroquois, [14] deuoyent perdre la vie, fans le fecours de cette Princeffe. Ces Barbares, firent vne decharge fur eux, d'vn lieu fort proche; Ils tirerent deux cent coups fans tuer ny bleffer pas vn des noftres. Ce n'est pas qu'ils ne manient tres-bien leurs armes; mais c'est que Dieu vouloit, en cét attaque, verifier le prouerbe, qui dit que ce que Dieu garde est bien gardé. Le Fils de Marie ne refuse rien à fa fainte Mere. Il écarta les bales des ennemis, & dirigea si bien celles des François, qu'ils renuerferent quantité des Affiegeans, & myrent en fuitte ceux qui rechapperent de la mort, ou des bleffures notables. I'ay leu dans vne lettre, que les chemins par ou ils pafferent en

to the blessed Virgin in a special devotional service. Fasts were observed, alms were given, forty hours of prayer were entered upon, and several communions were offered in her honor. In short, [13] a solemn vow was made to celebrate publicly the festival of her presentation,— with petitions to God, through the mediation of this Mother of goodness, either to stay the fury of these enemies, or to exterminate them, if he foresaw that they were unwilling to be converted or yield to reason. Strange and very remarkable Circumstance! From that time not only did the Iroquois not gain any advantage over us, but they even lost many of their own number in their attacks; and God's hand was finally so heavy upon them that they sued for peace.

The protection of this Queen of men and of Angels was, on a certain occasion, made evident in an altogether peculiar way. Twenty-six Frenchmen were surrounded by two hundred Iroquois [14] and, without the aid of that Princess, would have surely lost their lives. The Barbarians discharged their pieces at them from a position of close proximity; and two hundred shots were fired by them, without killing or wounding one of our men. It was not that they did not handle their weapons well.

But it was God's will, in this attack, to verify the proverb which says that “what God guards is well guarded.” Mary's Son refuses his holy Mother nothing. He turned aside the enemy's bullets, and directed those of the French so well that they caused many of their Assailants to fall, and put to flight those who escaped death or serious wounds. I have read in a letter that the routes taken by them in their flight were found all covered with their blood; and that, a

s'enfuyans, furent trouués, tous couuers de leur fang: & qu'affés long-temps apres leur depart, [15] les chiens rapportoient des lambeaux de corps humains en l'habitation des François.

Il ne s'eft paffé aucun mois de l'année, disent les memoires qui font venus iufques a nous, que ces Chaffeurs ne nous ayent visités a la fourdine, tachans de nous furprendre; mais enfin le vingt fixiesme de Iuin, il en parut foyxante, de ceux qui font nommés par les Hurons, Onnontaeronnons, demandans de loing vn sauf conduit pour quelques vns d'entre eux: crians qu'ils estoient enuoyés de la part de toute leur Nation, pour fçauoir fi les François auroient le cœur difpofé à la paix.

C'est chose estrange, combien ces Infideles, se fient en nos paroles, quoy qu'ils n'ignorent pas, qu'ils nous ayent trahis, [16] quasi autant de fois, qu'ils ont traité auec nous: & qu'ils meritent en fuitte, le reciproque. Nos François auoient bien deffein de leur rendre le change faisans main baffe de ces deloyaux, & de ces perfides: mais quand ils les virent auancer fans armes, & fans deffence, cette franchise amolit leur cœur, & leur fit croire, que Dieu auoit exaucé les prieres qu'ils luy auoient prefentées, par les mains de la faincte Vierge, a laquelle ils auoyent demandé du fecours, contre vn ennemy si traistre & si puissant.

Quand ils furent entrés dans le Fort de nos François, & qu'ils eurent expofé les penfées, & les defirs de leur Nation: on ne parla plus que de confiance, de paix, & de bien veillance, vous euffiés dit que iamais on ne s'eftoit fait la [17] guerre, & qu'on n'eftoit pas en disposition, de iamais la recommancer. Nos François neantmoins estoient toujours fous leurs

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