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MICHEL-ANGE BUONAROTI

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HISTORIQUE ET CRITIQUE

SUR

MICHEL-ANGE BUONARROTI.

Si le nom de Michel-Ange n'est pas

aussi répandu que celui de Raphaël, on ne doit pas croire cependant que cet artiste ait moins de mérite que le prince de la peinture; on doit dire au contraire qu'il est un de ces esprits élevés à qui on a donné le nom de génie. On peut le comparer à Milton et au Dante : ainsi qu'eux il avait une âme forte, comme eux il fit des études profondes, ses inventions furent terribles, gigantesques, inimitables.

Michel-Ange Buonarroti naquit en 1474, au château de Caprèse', près d'Arezzo; son père en était Podestà, et descendait de l'illustre maison des comtes de Canosse. Il reçut l'éducation convenable à sa naissance, mais il montra des dispositions si extraordinaires pour l'étude des beaux-arts, que bientôt il obtint la permission de s'y livrer entièrement. A peine MichelAnge fut-il dans l'atelier de Dominique Ghirlandaïo, que par sa supériorité il excita la jalousie. On pense même qu'afin de ne pas avoir un semblable rival à redouter, Ghirlandaïo dirigea son élève vers l'étude de la sculpture, contre le gré de Louis Buonarroti, père de Michel - Ange, qui croyait cet art moins digne de sa noblesse. Cependant il n'eut rien à regretter, puisque bientôt après son fils fut présenté à Laurent le Magnifique, comme pouvant devenir un bon statuaire. Le gran d

II

NOTICE HISTORIQUE ET CRITIQUE

duc l'accueillit et l'admit à sa table avec Poliziano et les autres savans qui ornaient sa cour.

Il est facile de concevoir combien Michel-Ange dut trouver à orner son esprit à la cour de Florence. Il étudia la poésie dans les ouvrages du Dante, la peinture d'après Masaccio dans la chapelle del Carmine, la sculpture en voyant les statues antiques dont les jardins de Médicis étaient abondamment pourvues, et enfin l'anatomie avec l'aide du prieur du Saint-Esprit, qui lui donna toute facilité pour avoir des sujets à disséquer. Il attacha tant d'importance à cette étude, qu'il y consacra douze années. Les connaissances qu'il acquit dans cette partie déterminèrent le caractère de son style. Il projetait d'écrire un traité sur les mouvemens humains, et sur les effets extérieurs des os. Pour bien faire connaître le caractère distinctif de son dessin, on peut dire qu'il est nerveux, musculeux et robuste; ses raccourcis sont toujours des plus difficiles; ses expressions pleines de noblesse et de vigueur, ses poses naturelles et faciles.

De semblables études ont été faites par beaucoup d'artistes, qui ensuite se sont livrés exclusivement à l'exercice de l'un des beaux-arts, et s'y sont élevés à un degré plus ou moins remarquable. Michel-Ange les exerça tous, et dans chacun d'eux on le trouve sublime, dans chacun d'eux il fit un chef-d'œuvre. Son Jugement dernier peint dans la chapelle Sixtine à Rome; sa statue de Moïse pour le tombeau du pape Jules II; et la coupole de Saint-Pierre de Rome. Il fit aussi des poésies, conservées dans la Bibliothèque du Vatican; il eût acquis sans doute de la célébrité dans ce genre s'il eût voulu en faire autre chose qu'un simple délassement.

La mort du grand-duc Laurent de Médecis enleva aux arts leur Mécène; Pierre son fils en lui succédant n'hérita pas de ses goûts, et on sera sans doute étonné de voir Michel-Ange occupé tout un hiver à faire des statues de neige. Une révolu

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