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à toy que i'adreffe ma parolle: Il y a quatre ans que tu m'as prié que ie te priffe par le bras pour te leuer & t'emmener en mon pays, tu l'as retiré quelquesfois quand ie l'ay voulu faire, c'eft pour cela que ie t'ay frapé de ma hache fur la tefte. Ne le retire plus, c'eft tout de bon que ie te dis leue toy. Il est temps. que tu vienne, tien prends ce collier pour t'ayder à te leuer, (c'eftoit vn present de porcelaine qu'il luy faifoit.) Ne crains point, ie ne te regarde plus comme ennemi, mais comme mon parent, tu feras cheri de mon pays, qui fera auffi le tien: Et afin que tu n'en doutes pas, prend cét autre collier de porcelaine pour affeurance de ma parolle.

Puis retournant les yeux & la parolle vers Monfieur le Gouuerneur les prefens à la main, il luy dit: Onontio ouure tes bras & laiffe aller tes enfans de ton fein, fi tu les tiens plus long-temps fi ferrez, il eft à craindre qu'on ne te bleffe, quand nous les voudrons frapper lors qu'ils l'auront merité. Reçoy cette porcelaine [71] pour élargir tes bras. Ie fçay que le Huron ayme la priere, qu'il inuoque celuy qui a tout fait, qu'il ioint les mains quand il luy demande quelque chofe; ie veux faire comme luy, agreé que le Pere Ondefonк vienne auec nous pour nous inftruire en la Foy: Et puis que nous n'auons pas affez de Canots pour emmener tant de monde, preste nous tes chalouppes. Voilà pour attirer la robe noire, & pour mettre les canots à l'eau: c'eftoit des beaux colliers dont il fit present à Monfieur le Gouuerneur. Le confeil fini, chacun fe retira chez foy pour penfer à ce qu'il deuoit refpondre. Le Huron euft fans doute bien voulu fe dédire, mais il n'y auoit plus de moyen, il auoit fait la faute, il la luy falloit

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Hurons. He harangued them in these terms: My brother, it is to thee that my words are addressed. Four years ago, thou didst beg me to take thee by the arm, to raise thee and bring thee to my country; thou didst sometimes withdraw it when I wished to comply with thy request; that is why I struck thee on the head with my hatchet. Withdraw it no more; for I tell thee in earnest to get up. It is time for thee to come. Here, take this collar to assist thee to arise" (this was a present of porcelain beads that he gave him). "Fear not; I no longer look upon thee as an enemy, but as my relative; thou shalt be cherished in my country, which shall also be thine. And, that thou mayst not doubt it, take this other collar of porcelain beads as a pledge of my word.”

Then, turning his eyes and addressing himself to Monsieur the Governor, with presents in his hand, he said: "Onontio, open thine arms and allow thy children to leave thy bosom; if thou shalt hold them so closely any longer, it is to be feared that thou mayst be wounded when we wish to strike them when they deserve it. Receive these porcelain beads [71] to open thine arms. I know that the Huron loves prayer, that he invokes him who has made all, that he clasps his hands when he asks anything of him. I wish to do as he does. Permit Father Ondesonk to come with us and instruct us in the Faith. And, since we have not enough Canoes to carry so many people, lend us thy shallops. Here is something with which to attract the black gown, and to put the canoes in the water." These were fine collars which he presented to Monsieur the Governor. When the council was over, each withdrew to his own quarters to think over the answer that

boire. Il n'eftoit plus temps d'vfer de remise, il falloit marcher ou mourir de la main de l'Iroquois. Toute la nuict fe paffa à confulter: les aduis estant partagez, la Nation de la Corde qui eftoit l'vne des trois dont la Colonie Huronne eftoit compofée, refufa de quitter Quebec, & les François: la Nation du Rocher iettoit fa penfée vers Onontaghé: [72] & la Nation de l'Ours, fe refolut de fe mettre entre les mains de l'Agnieronon. La conclufion donc en estant prise, & le Capitaine de cette Nation appellé le Plat l'ayant dit à fes gens, le matin, on affembla derechef le Confeil, & le Pere le Moyne en fit l'ouuerture au nom de Monfieur le Gouuerneur à peu prés en ces termes. Onontio ayme les Hurons, ce font des enfans qui ne font plus au maillot, ils font affez grands pour eftre hors de tutelle. Ils peuuent aller où ils voudrot fans qu'Onontio y mette aucun empefchement. Il ouure fes bras pour les laiffer aller. Pour moy ie fuis tout preft d'accompagner mon troupeau, quand celuy qui me gouuerne, me l'aura permis: le te monftreray auffi à toy mon frere Agnieronon comme il faut obeïr à Dieu, & comme il le faut prier: mais eftant de l'humeur dont ie te connois, tu ne feras pas eftat de la priere. Pour nos chalouppes on ne t'en peut pas prefter, tu voys bien qu'il n'y en a pas vne dans nos ports, chacun en a befoin pour la traite, & pour aller au deuant d'vn nouueau Gouuerneur que nous attendons. [73] Ce difcours fut receu par les Iroquois auec des acclamations de ioye & mille remercimens.

Le Capitaine de la Nation de l'Ours fe voyant obligé de parler, & de dire la conclufion qu'il auoit prise la nuict auec ceux de fa Nation, commença fa

he should give. The Huron, doubtless, would have liked to retract his word; but it was no longer possible to do so, the fault had been his, and he had to bear the consequences. It was no longer time to delay; he must go, or die by the hand of the Iroquois. The whole night was passed in consultation. Opinions were divided; the Nation of the Cord, one of the three who composed the Huron Colony, refused to leave Quebec and the French; the Nation of the Rock turned its thoughts toward Onontaghé; [72] and the Nation of the Bear resolved to place itself in the hands of the Agnieronon. When this decision had been reached, and when the Captain of that Nation, called le Plat ["the Dish"], had informed his people of it in the morning, the Council once more assembled, and Father le Moyne opened it in the name of Monsieur the Governor, somewhat in the following terms: "Onontio loves the Hurons. They are no longer children in swaddling-clothes, but are old enough to be out of tutelage. They can go where they wish, without being hindered in any way by Onontio. He opens his arms to let them go. For my part, I am quite ready to follow my flock, when he who governs me permits me to do so. I shall teach thee also, my Agnieronon brother, how to obey God and how to pray to him; but, knowing what thy nature is, I know also that thou wilt not care for prayer. As for our shallops, we cannot lend thee any; thou seest very well that there is not one in our ports; they are all needed for the trade, and for proceeding to meet a new Governor whom we expect." [73] This discourse was received by the Iroquois with joyful acclamations and a thousand thanks.

When the Captain of the Nation of the Bear found

petite harangue d'vn ton fort, & d'vne voix robufte. Mon frere, dit-il, à l'Agnieronon, c'en est fait, ie fuis à toy. Ie me jette à yeux clos dans ton Canot, fans fçauoir ce que ie fais: mais quoy qu'il en puiffe arriuer, ie fuis refolu de mourir. Que tu me caffe la tefte lors que nous ferons à la portée du canon d'icy, il n'importe, i'y fuis tout refolu, ie ne veux pas que mes coufins des deux autres Nations s'embarquent à cette fois auec moy, afin qu'ils voyent auparauant comme tu te comporteras à mon égard.

Vn autre Capitaine grand amy de celuy qui acheuoit de parler, ietta incontinent trois prefens au milieu de la place pour prier l'Iroquois de bien traiter fon ami en chemin: prend garde, luy dit-il, que mon frere Atfena qui fe donne à toy, ne tombe pas dans la Vase en [74] débarquant, voilà vn collier pour affermir la terre où il mettra le pied: Et quand il fera débarqué, ne permets pas qu'il foit affis à platte-terre: voilà dequoy luy faire vne Natte où il fe reposera: Et afin que tu ne te mocques pas des femmes & des enfans quand ils pleurerõt fe voiant en vn pays estranger, voilà vn mouchoir que ie te donne pour effuyer leurs larmes, & la fueur de leur front.

Vn troifiéme Capitaine qui n'auoit pas enuie de s'embarquer, & qui ne s'offroit pas à l'Iroquois, ne luy cacha pas fa pensée. Ie voy toute la Riuiere, dit-il, bordée de grandes & groffes dents, ie me mettrois en danger de me faire mordre, fi ie m'embarquois à prefent. Ce fera pour vne autre fois.

L'Iroquois fe voyant fruftré de l'efperance d'auoir des Chalouppes, fe refolut de faire des Canots, & hafta fi fort fon trauail, qu'en moins de cinq ou fix

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