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[1] Relation de ce qui s'eft paffé en la Mission

des Peres de la Compagnie de IESVS, aux
païs de la Nouuelle France, depuis

l'Esté de l'année 1656. iufqu'à
l'Esté de l'année 1657.

CHAPITRE I.

AMBASSADE DES IROQUOIS SONNONTOERONNONS TRAUERSÉE PAR L'IROQUOIS AGNIERONNON.

NOV

OVS auons fouuent remarqué dans nos Relations des années paffées, qu'il y a cinq Nations Iroquoifes, dont les trois principales [2] font les Sonnontoeronnons, qui font les plus nombreux & les plus éloignés des François. Les Onnontoeronnons, où nous auons depuis peu commencé vne bonne Miffion. Et les Agnieronnons qui ont commerce auęc les Hollandois voifins de la nouuelle Angleterre. Le 19. de Septembre de l'année 1655. le P. Iofeph Chaumont, & le P. Claude d'Ablon partirent de Quebec pour aller recognoiftre le païs des Sonnontoeronnons, qui nous preffoient de les aller inftruire, & d'aller establir en leur païs vne habitation Françoise. Leur voiage eft amplement décrit dans la Relation de l'année derniere. Peu de temps apres leur depart de Quebec trois perfonnes confiderables arriuerent de Sonnontoan païs des Sonnõtoeronnons, qui nous donnerent aduis que les efprits de leur nation estoient

[1] Relation of what occurred in the Mission of

the Fathers of the Society of JESUS in the
countries of New France, from the

EMBASSY

Summer of the year 1656, to the
Summer of the year 1657.

CHAPTER I.

OF THE SONNONTOERONNON IROQUOIS THWARTED BY THE AGNIERONNON IROQUOIS.

WE

E have frequently stated in our Relations of the past years that there are five Iroquois Nations, of whom the three principal ones [2] are the Sonnontoeronnons, who are the most numerous, and the most distant from the French; the Onnontoeronnons, among whom we have lately commenced a good Mission; and the Agnieronnons, who trade with the Dutch, neighbors to new England. On the 19th of September of the year 1655, Father Joseph Chaumont and Father Claude d'Ablon started from Quebec, to reconnoiter the country of the Sonnontoeronnons, who urged us to go and teach them, and to establish a French settlement in their country. Their journey was fully described in last year's Relation. Shortly after their departure from Quebec, three personages of importance arrived from Sonnontoan, the country of the Sonnontoeronnons; they informed us that the minds of their nation were inclined to peace, and that next winter they would

difpofés à la paix, & que l'hyuer prochain ils deuoient venir en bon nombre, contracter auec nous & auec les Hurons & les Algonquins vne alliance inuiolable. On ne manqua pas aux prefens reciproques de part & d'autre, fuiuant la couftume de [3] ces peuples. Apres quoy, vn des trois fe refolut de paffer l'hyuer auec nous, comme voulant feruir d'oftage de leur fidelité. Les deux autres fe mirent en chemin au commencement de Nouembre de la mefme année 1655. pour porter plus promptement en leur pays les heureuses nouuelles de l'accueil qu'on leur auoit fait.

Ces deux Ambaffadeurs furent tuez à leur retour, ainfi que nous l'aprifmes par la rencontre qui fe fit d'vn des cadavres que l'on trouua à trois ou quatre lieües au deffus de Montreal, tout couuert de playes & de fang. Le foupçon de ce meurtre ne pût tomber que fur les Iroquois Agnieronnons, qui jaloux de l'amitié dont les autres nations Iroquoifes nous recherchent, la veulent empefcher par toutes fortes de moiens.

Cela n'empefcha pas que dés le commencement du mois de Ianuier 1656. nous ne vifmes icy l'Ambaffade dont nous auions parole.

Ils eftoient dix de compagnie, dont le chef eftoit vn des premiers Capitaines de tout leur pays, âgé de cinquante [4] à foixante ans, homme fage & adroit dans les affaires, eloquent au delà de ce qu'on en peut croire, dont le cœur eftoit tout François, & defia gagné à la foy.

De vingt & vn prefens qu'il fit, le plus riche & le plus éclatant, fut celuy par lequel il nous tefmoigna hautement que toute fa nation vouloit fe faire inftruire; qu'elle demandoit pour cét effet des Peres

come in good number to contract an inviolable alliance with us, and with the Hurons and Algonquins. A mutual interchange of presents took place, according to the custom of [3] these peoples, after which one of the three resolved to spend the winter with us, to serve as a hostage for their fidelity. The two others set out at the beginning of November of the same year, 1655, in order to carry more promptly to their own country the happy news of the welcome that they had received.

These two Ambassadors were killed on their return journey, as we learned when, three or four leagues above Montreal, one of the dead bodies was found, all covered with wounds and blood. Suspicion of this murder could fall on none but the Agnieronnon Iroquois, who are jealous of the friendship which the other Iroquois nations seek to form with us, and endeavor to thwart it by every possible means.

This did not prevent us from seeing here, at the beginning of the month of January, 1656, the Embassy of which word had been sent us.

It consisted, altogether, of ten men, the chief of whom was one of the leading Captains of their entire country, from fifty [4] to sixty years of age,—a wise man, and one skilled in such matters, eloquent beyond expectation, whose heart was entirely French, and who was already won over to the faith.

Of the twenty-one presents that he gave, the richest and most striking was the one by which he loudly proclaimed that his entire nation wished to be instructed; that, for that reason, they asked for some of the Fathers of our Society, and desired those blessings which are enjoyed only after death, and of which the many Christian Hurons who were living

de noftre Compagnie, & qu'elle fouhaitoit les biens qui ne fe voient qu'apres la mort, dont les Chreftiens Hurons captifs en grand nombre chez eux, leur parloient auec tant d'eftime, que plufieurs d'entre eux auoient defia le cœur Chreftien, auant que de l'eftre. Les deffeins du Ciel ne nous font pas moins adorables que cachez. Ce Capitaine qui apres Dieu appuyoit le plus nos esperances, nous fut rauy en vn moment. Ces Ambaffadeurs pour fe diuertir, estoient allez à la chaffe du Caftor entre les trois Riuieres & Quebec, en attendant la fin de l'hyuer pour leur retour. Vne troupe d'Iroquois Agnieronnons, [5] qui venoient en mefme temps à la chaffe des hommes, rencontrerent leurs piftes, & ayant furpris à l'efcart ce Capitaine, fans l'auoir reconnu de plus pres, ils le tuerent d'vn coup de fuzil, qui luy perça le cœur.

Apres ce coup, capable de mettre la guerre entre ces deux Nations Iroquoifes, ils continuerent les vns & les autres dans la confiance qu'ils auoient en nous, n'ignorants pas que nous auons le cœur ouuert pour tous les peuples de ces contrées, & nous confiderans comme vne Nation neutre, & comme vn lieu de feureté. En effet vne bande de guerriers Algonquins, s'eftant trouuée en mefme temps dans les trois Riuieres, auec l'Agnieronnon leur ennemy mortel, ils s'y parlerent auec douceur, ils s'y regalerent auec ioye, & à les voir, on eust creu qu'ils eftoient amys. Ce n'eft pas vn mauuais prefage, quand le Loup & l'Agneau habitent fous le mefme toict. Quand le Lion & la Brebis paiffent enfemble, c'eft vne marque que IESVS-CHRIST veut eftre leur Pasteur.

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