Imágenes de páginas
PDF
EPUB
[ocr errors]

Lettre du P. Hierofme Lallemant au R. P. Claude
de Lingendes, Prouincial de la Compagnie de
IESVS en la Prouince de France.
Lettre de la R. M. Superieure de L'Hospital de la
Mifericorde de Kebec en la Nouuelle France, à
Monfieur N. Bourgeois de Paris.

172

178

Letter of Father Hierosme Lallemant to Reverend Father Claude de Lingendes, Provincial of the Society of JESUS in the Province of France. 172 Letter of the Reverend Mother Superior of the Hospital of Mercy at Kebec, in New France, to Monsieur N., a Citizen of Paris.

[ocr errors]

178

[1] Relation de ce qvi s'eft paffé en la Miffion des Peres de la Compagnie de IESVS, aux Hurons, païs de la Nouuelle France, depuis l'Esté de l'année 1649. iufqu'à l'Esté de l'année 1650.

Au R. P. CLAVde de Lingendes, Prouincial de la Compagnie de IESVS en la Prouince de France.

ON R. PERE,

MON

PAX CHRISTI.

Ce n'eft plus du païs des Hurons, que j'addreffe à voftre Reuerence la Relation de ce qui s'y eft passé. Cette pauure Eglife naiffante [2] qui parut il y a vn an, toute couuerte de fon fang, opprimée fous la cruauté des Iroquois, ennemis du nom de Dieu & de la Foy; a du depuis continué plus que iamais dans fes fouffrances: La plus grande part de nos bons Neophytes, & quelques-uns de leurs Pafteurs ont fuiuy le chemin des premiers, au milieu des feux & des flammes, & maintenant font dans le Ciel de compagnie. Vne famine efpouuentable qui a regné partout, y a mis la defolation. Nous comptons plus de trois mille baptizez cette derniere année: mais le nombre des morts eft plus grand que de ceux qui ont furuescu à la ruine de leur Patrie. Les chofes eftant reduites à l'extremité, nous nous fommes veus obligez de quitter enfin vne place qui n'eftoit plus tenable, pour en fauuer au moins les reftes. Ce fut le dixiefme iour du mois de Iuin dernier, que nous fortifmes de ces terres de Promifsion, qui estoient noftre Paradis, & où la mort nous eust esté mille fois plus

[1] Relation of what occurred in the Mission of the Fathers of the Society of JESUS among the Hurons, inhabitants of a country of New France, from the Summer of the year 1649 to the Summer of the year 1650.

To Reverend Father CLAUDE DE LINGENDES, Provincial of the Society of JESUS in the Province of France.

Y REVEREND FATHER,

MY

PAX CHRISTI.

It is no longer from the country of the Hurons that I send to your Reverence the Relation of what has happened therein. The poor infant Church-[2] which was seen, a year ago, bathed in its own blood, trodden down by the cruelty of the Iroquois, the enemies of God's name and of the Faith-has since then undergone yet greater sufferings. The larger number of our good Neophytes, with some of their Pastors, have followed through fire and flame the steps of their predecessors, and now bear them company in Heaven. A terrible famine, prevalent everywhere, has wrought desolation. We count over three thousand baptized during the last year; but the dead outnumber those who survive the ruin of their native Land. Reduced thus to extremity, we found ourselves at last compelled to relinquish a position that was no longer tenable, that we might, at least, save those who remained. It was on the tenth day of last June that we took our departure from this land of Promise, which was to us a Paradise, and in which death would have been to us a thousand times more

douce, que ne fera la vie en quelque lieu que nous puissions eftre. Mais il faut fuiure Dieu, & il faut aimer fes conduites, quelques oppofées qu'elles paroiffent à nos defirs, à nos plus faintes esperances, & aux plus tendres amours de noftre cœur. En vn mot, nous sommes defcendus à Kebec, auec [3] quelques familles Chreftiennes de ces pauures Sauuages, qui ont fuiuy noftre retraite; auec lefquels nous tascherons de former, à l'abry du fort de nos François, vne Colonie Huronne, s'il plaift à Noftre Seigneur de benir leurs deffeins & les noftres. Voftre Reuerence verra le tout en detail, dans cette Relation, que ie luy addreffe, la fuppliant de nous procurer les prieres de tous ceux qui ont quelque amour pour ces peuples. Nous en auons vn plus grand befoin que iamais.

Mon Reuerend Pere,

De Kebec, ce premier

de Septembre 1650.

Voftre tres-humble & obeïffant

Seruiteur & fujet en N. S.
PAVL RAGVENEAV.

« AnteriorContinuar »